Barbieet la Porte secrÚte (Barbie and the Secret Door) est le 28 e film d'animation mettant en scÚne la poupée Barbie, sorti en 2014 . Barbie et la Porte secrÚte. Sommaire. 1 Synopsis; 2 Fiche technique; 3 Distribution. 3.1 Voix originales; 3.2 Voix françaises; 4 Chansons du film; 5 Autour du film; 6 Notes et références; 7 Voir aussi. 7.1 Articles connexes; 7.2 Liens externes;
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BarbieEt Le Secret Des FĂ©es (2011) Film VF Complet â Streaming avec sous-titres en Français. Dans sa nouvelle aventure, Barbie dĂ©couvre un secret bien gardĂ© : toutes ses amies sont des fĂ©es ! Un beau jour, Ken est enlevĂ© par un groupe de fĂ©es malveillantes et est retenu prisonnier dans leur monde. Câest alors que les amies de
Barbieet Chelsea : L'Anniversaire perdu (Barbie & Chelsea: The Lost Birthday) est le 38 e long-mĂ©trage d'animation qui met en scĂšne le personnage de Barbie et sa petite sĆur Chelsea pour la premiĂšre fois, il est le troisiĂšme film de la sĂ©rie Dreamhouse Adventures.Le film est sorti le 16 avril 2021 sur Netflix [1] aux Ătats-Unis et a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© par Cassi Simonds.
. 21mNouveauReplay - Jeudi 18/08/22 - 080521mReplay - Mercredi 17/08/22 - 07502m13Extrait - Lundi 04/07/22 - 15102m03Extrait - Lundi 04/07/22 - 15042m35Extrait - Lundi 04/07/22 - 14562m36Extrait - Lundi 04/07/22 - 14372m57Extrait - Lundi 04/07/22 - 14322m34Extrait - Lundi 04/07/22 - 141811mReplay - Vendredi 01/07/22 - 104711mReplay - Vendredi 01/07/22 - 104611mReplay - Vendredi 01/07/22 - 102811mReplay - Vendredi 01/07/22 - 102711mReplay - Vendredi 01/07/22 - 101011mReplay - Vendredi 01/07/22 - 100911mReplay - Vendredi 01/07/22 - 094311mReplay - Vendredi 01/07/22 - 094211mReplay - Vendredi 01/07/22 - 092011mReplay - Vendredi 01/07/22 - 091911mReplay - Vendredi 01/07/22 - 085311mReplay - Vendredi 01/07/22 - 085211mReplay - Vendredi 01/07/22 - 083311mReplay - Vendredi 01/07/22 - 083212mReplay - Vendredi 01/07/22 - 080912mReplay - Vendredi 01/07/22 - 080812mReplay - Vendredi 01/07/22 - 075012mReplay - Vendredi 01/07/22 - 074912mReplay - Vendredi 01/07/22 - 074012mReplay - Vendredi 01/07/22 - 073912mReplay - Vendredi 01/07/22 - 065612mReplay - Vendredi 01/07/22 - 06552m46Extrait - Lundi 13/06/22 - 11002m34Extrait - Lundi 13/06/22 - 11002m27Extrait - Vendredi 27/05/22 - 14112m38Extrait - Vendredi 27/05/22 - 14052m42Extrait - Lundi 16/05/22 - 14593m02Extrait - Lundi 16/05/22 - 12063m00Extrait - Lundi 16/05/22 - 12032m57Extrait - Lundi 16/05/22 - 11272m07Extrait - Jeudi 05/05/22 - 10442m53Extrait - Jeudi 05/05/22 - 10312m37Extrait - Jeudi 28/04/22 - 09002m37Extrait - Jeudi 28/04/22 - 09002m44Extrait - Mardi 26/04/22 - 11502m36Extrait - Vendredi 15/04/22 - 10282m41Extrait - Jeudi 14/04/22 - 09451m51Extrait - Mardi 29/03/22 - 12001m44Extrait - Mardi 29/03/22 - 12002m46Extrait - Lundi 24/01/22 - 11002m09Extrait - Mercredi 25/08/21 - 15253m01Extrait - Lundi 17/05/21 - 08002m50Extrait - Mercredi 14/04/21 - 12001m53Extrait - Mercredi 14/04/21 - 11002m22Extrait - Mercredi 14/04/21 - 10003m07Extrait - Jeudi 01/04/21 - 12003m08Extrait - Mardi 30/03/21 - 11003m06Extrait - Mardi 16/03/21 - 11163m07Extrait - Lundi 15/03/21 - 17003m02Extrait - Lundi 15/03/21 - 14563m06Extrait - Lundi 15/03/21 - 14543m09Extrait - Jeudi 04/03/21 - 14013m12Extrait - Jeudi 04/03/21 - 13253m03Extrait - Jeudi 04/03/21 - 12193m00Extrait - Lundi 01/03/21 - 15053m05Extrait - Lundi 01/03/21 - 14573m00Extrait - Mardi 02/02/21 - 13572m58Extrait - Lundi 01/02/21 - 11053m02Extrait - Mercredi 04/11/20 - 08102m56Extrait - Mercredi 04/11/20 - 08003m04Extrait - Jeudi 15/10/20 - 14303m12Extrait - Jeudi 15/10/20 - 11553m11Extrait - Lundi 12/10/20 - 12053m04Extrait - Mardi 06/10/20 - 14203m08Extrait - Mardi 06/10/20 - 10003m07Extrait - Lundi 05/10/20 - 16003m09Extrait - Lundi 05/10/20 - 14313m00Extrait - Vendredi 02/10/20 - 10053m08Extrait - Vendredi 02/10/20 - 08303m06Extrait - Jeudi 01/10/20 - 15473m05Extrait - Jeudi 01/10/20 - 14343m00Extrait - Jeudi 01/10/20 - 14252m58Extrait - Mardi 08/09/20 - 17432m56Extrait - Mardi 08/09/20 - 17312m59Extrait - Vendredi 04/09/20 - 08103m01Extrait - Jeudi 03/09/20 - 08103m14Extrait - Mercredi 26/02/20 - 17133m14Extrait - Mercredi 26/02/20 - 16563m04Extrait - Mercredi 19/02/20 - 14213m01Extrait - Mercredi 19/02/20 - 08253m02Extrait - Mardi 26/11/19 - 07553m05Extrait - Lundi 25/11/19 - 10003m04Extrait - Vendredi 22/11/19 - 11413m06Extrait - Jeudi 21/11/19 - 11203m05Extrait - Mardi 19/11/19 - 12363m11Extrait - Mardi 19/11/19 - 12343m08Extrait - Lundi 18/11/19 - 18063m09Extrait - Lundi 18/11/19 - 18023m05Extrait - Lundi 18/11/19 - 10473m07Extrait - Lundi 18/11/19 - 10463m02Extrait - Lundi 18/11/19 - 10463m08Extrait - Lundi 18/11/19 - 1044
Barbie, Princesse de l'Ăle Merveilleuse News Bandes-annonces Casting Critiques spectateurs Critiques presse VOD Blu-Ray, DVD Photos Musique Secrets de tournage RĂ©compenses Films similaires 20 films similaires pour le film Barbie, Princesse de l'Ăle Merveilleuse Kristyn dĂ©couvre une paire de chaussons roses magiques qui vont l'emporter, elle et son amie Hailey, dans le monde fantastique du ballet. noter de voir Woody le cowboy, Buzz l'Eclair et les autres jouets se retrouvent confrontĂ©s Ă ce qui devait bien arriver un jour le dĂ©part d'Andy pour l'universitĂ©... noter de voir Quand Andy quitte sa chambre, ses jouets se mettent Ă mener leur propre vie sous la houlette du cowboy Woody. DĂ©barque alors Buzz l'Ă©clair, intrĂ©pide aventurier de l'espace venu d'une lointaine galaxie, qui va semer la zizanie dans ce petit monde. noter de voir KidnappĂ© par un collectionneur sans scrupules, Woody va dĂ©couvrir qu'il fut jadis une vraie star. Il va alors ĂȘtre confrontĂ© Ă la dĂ©cision la plus importante de sa vie rentrer chez lui pour retrouver Andy ou rester et devenir une piĂšce de musĂ©e. noter de voir Lumina est une sirĂšne qui veut devenir princesse. Elle possĂšde le pouvoir de faire danser et briller les perles. Ainsi, avec sa meilleure amie Kuda, l'hippocampe rose, elle va utiliser son don pour organiser le bal royal. noter de voir Une jeune princesse timide franchie une porte secrĂšte dans le jardin royal. Elle se retrouve alors projetĂ©e dans un monde fĂ©erique peuplĂ© de crĂ©atures mystiques... noter de voir Afin de rĂ©conforter son amie Kelly qui a peur de monter sur scĂšne pour un spectacle de danse, Barbie lui raconte une histoire une petite fille nommĂ©e Clara reçoit pour NoĂ«l un casse-noisette en forme de petit soldat qui prend vie et combat les armĂ©es du Roi des rats. Ce dernier fait alors rĂ©trĂ©cir Clara. 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Tous attendent l'heureux Ă©vĂ©nement qu'est l'Ă©closion des "Fleurs Ă BĂ©bĂ©s". Malheureusement, leurs voisins les humains dĂ©truisent leur royaume lorsqu'ils dĂ©cident de construire une usine. Au cours ... noter de voir Une nouvelle aventure musicale de Barbie. noter de voir Odette suit une licorne dans une forĂȘt enchantĂ©e, mais elle y est transformĂ©e en cygne par un puissant et mĂ©chant sorcier nommĂ© Rothbart assoiffĂ© de pouvoirs magiques... noter de voir La Team Hot Wheels est sur le point de faire face Ă un nouveau bolide qui a le pouvoir de crĂ©er d'infinies pistes oranges ainsi que d'horribles monstres qui dĂ©vastent tout sur leur passage. Parviendront-ils Ă arrĂȘter le massacre avant que la ville entiĂšre ne soit dĂ©truite ? noter de voir Clawdeen Wolf saisit sa chance de devenir l'apprentie crĂ©atrice de mode de madame Ghostier. 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Le 21 juin 1943, le chef du Conseil National de la RĂ©sistance est arrĂȘtĂ© par Klaus Barbie, chef de la gestapo Ă Lyon. Depuis soixante-quinze ans, l'ombre de la trahison pĂšse sur le seul homme ayant Ă©chappĂ© Ă la rafle, RenĂ© Hardy, lui-mĂȘme rĂ©sistant. Pour l'Express, Daniel Cordier secrĂ©taire de Jean Moulin, et François-Yves Guillin, secrĂ©taire du chef de l'ArmĂ©e secrĂšte, expliquent comment le piĂšge s'est refermĂ© sur "Max". Ces derniers grands tĂ©moins de l'Ă©poque balaient tous les doutes possibles. Ăpisode 1 OĂč l'on rencontre le rĂ©sistant François-Yves Guillin, 97 ans, dont le tĂ©moignage, capital, permet de reconstituer les Ă©vĂ©nements qui, au printemps 1943, ont prĂ©cĂ©dĂ© l'arrestation de Jean MoulinIl fait dĂ©jĂ chaud sur Lyon, en cette matinĂ©e du lundi 21 juin 1943. Jean Moulin, alias "Rex", alias "Max", quitte la petite chambre qu'il occupe sous une fausse identitĂ©, au n° 2 de la place Raspail, Ă deux pas des berges du RhĂŽne. Il sait que cette journĂ©e va ĂȘtre longue et ÂmouvementĂ©e. Le 27 mai prĂ©cĂ©dent, Ă Paris, il a prĂ©sidĂ© la rĂ©union fondatrice du Conseil national de la RĂ©sistance CNR. Au terme de prĂšs d'une annĂ©e de nĂ©gociations, cette organisation concrĂ©tise enfin l'unification des diffĂ©rents mouvements rĂ©sistants en France. Le CNR rassemble tous les groupes armĂ©s, toutes les sensibilitĂ©s politiques et syndicales, en vue de prĂ©parer la France d'aprĂšs guerre, sous l'autoritĂ© du gĂ©nĂ©ral de Gaulle. Mais, derriĂšre l'unitĂ© de façade, les rivalitĂ©s et les jalousies perdurent. Ainsi, les chefs du mouvement Combat n'acceptent pas le fait que le commandement de l'ArmĂ©e secrĂšte AS - la branche militaire de la RĂ©sistance - leur ait Ă©chappĂ©, alors qu'ils en sont Ă l'origine. D'ailleurs, Henri Aubry, un des dirigeants de Combat, est en conflit permanent avec le gĂ©nĂ©ral Charles Delestraint, alias "Vidal", le chef de l'AS, son propre supĂ©rieur. Au sein de l'"armĂ©e des ombres", l'atmosphĂšre est irrespirable. Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1⏠sans engagement D'autant plus que la RĂ©sistance subit des revers trĂšs durs face Ă l'occupant. Au printemps de 1943, la Gestapo traque sans relĂąche ceux qu'elle nomme des "terroristes", en particulier dans la rĂ©gion lyonnaise, plaque tournante entre les zones Nord et Sud. Moulin sait qu'il est recherchĂ© Ă la fois par la police de Vichy et par les ÂAllemands, sans toutefois avoir Ă©tĂ© formellement identifiĂ©. Pire encore le 9 juin prĂ©cĂ©dent, Delestraint a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă Paris. ArrivĂ© en train depuis Lyon, le chef de l'AS devait rencontrer plusieurs contacts dans la capitale. Mais, Ă la sortie du mĂ©tro la Muette, dans le XVIe arrondissement, il est abordĂ© par deux hommes, puis embarquĂ© dans une voiture. Les deux individus sont des agents allemands. Delestraint sera dĂ©portĂ© au camp de concentration de Dachau, en BaviĂšre. Il y sera assassinĂ© le 19 avril 1945, quelques jours avant l'arrivĂ©e des AlliĂ©s. Francois-Yves Guillin Ă©tait en 1943 le secrĂ©taire du gĂ©nĂ©ral Charles Delestraint, le chef de l'ArmĂ©e secrĂšte, arrĂȘtĂ© douze jours avant Jean ATGER pour l'ExpressEn attendant, durant les jours qui suivent ce 9 juin 1943, personne au sein de la RĂ©sistance ne sait comment le piĂšge nazi s'est refermĂ© sur le chef de l'ArmĂ©e secrĂšte. A Lyon, Jean Moulin n'est averti de l'arrestation que trois jours plus tard, le samedi 12 juin. Ce jour-lĂ , François-Yves Guillin, alias "Mercure", 21 ans, secrĂ©taire personnel du gĂ©nĂ©ral Delestraint, accourt vers 9 heures du matin au bureau clandestin de "Max", dans le quartier de la Croix-Rousse. "Quand je lui ai annoncĂ© la catastrophe, il s'est appuyĂ© contre le chambranle de la porte. Il Ă©tait atterrĂ©", raconte Ă L'Express François-Yves Guillin, comme s'il revivait la scĂšne, soixante-quinze ans aprĂšs les faits. Moulin se reprend aussitĂŽt et intime au jeune homme l'ordre de "disparaĂźtre". "Sinon, vous allez vous faire arrĂȘter", lui assĂšne-t-il alors. "Hardy Ă©tait un agent double. Il a travaillĂ© pour les Allemands"Nous sommes Ă la fin du mois de septembre 2018. L'Ă©tĂ© joue les prolongations sur la plaine rhodanienne. AprĂšs un premier rendez-vous, François-Yves Guillin, 97 ans, accepte de revenir plus longuement sur les Ă©vĂ©nements tragiques de juin 1943. C'est la premiĂšre fois Âdepuis bien longtemps qu'il Ă©voque publiquement cette pĂ©riode douloureuse. Chemise blanche, pull bleu et pantalon gris, M. Guillin est calĂ© dans un fauteuil, dans le joli salon ornĂ© de gravures anciennes et de souvenirs bien prĂ©sents. Du balcon de l'appartement, la vue embrasse tout l'ouest de Lyon. En contrebas de l'immeuble perchĂ© Ă flanc de Âcolline, les eaux de la SaĂŽne et du RhĂŽne s'unissent Ă la pointe de la presqu'Ăźle du quartier Confluence. Mme Guillin assiste Ă l'entretien, lĂ©gĂšrement en retrait. Cette histoire, elle vit avec depuis des dĂ©cennies. Ă trois ou quatre reprises, durant la conversation, elle intervient doucement pour rappeler un ÂdĂ©tail, souligner une prĂ©cision d'importance. Lorsqu'il n'est pas sĂ»r de son fait, ou qu'il a oubliĂ© tel ou tel point, l'ancien secrĂ©taire de Charles Delestraint ne se prononce pas. AprĂšs un moment de rĂ©flexion, il reprend "Il faut un certain temps pour essayer de saisir l'entiĂšre vĂ©ritĂ©, avec du recul, de la clartĂ©. Au dĂ©but de juin 1943, le gĂ©nĂ©ral Delestraint a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă cause d'une trahison interne Ă la RĂ©sistance. Ensuite, le scĂ©nario Ă©tait Ă©crit. Jean Moulin a Ă©tĂ© "livrĂ©" par RenĂ© Hardy, qui Ă©tait un agent double, il n'y a aucun doute lĂ -dessus. Hardy a travaillĂ© pour les Allemands. Et personne n'a agi pour sauver Jean Moulin..." ĂgĂ© de 31 ans Ă l'Ă©poque, Hardy, alias "Didot", officier de rĂ©serve, technicien Ă la SNCF, est un rĂ©sistant de la premiĂšre heure. Un homme d'action, courageux. A la tĂȘte du rĂ©seau Fer, qui couvre une centaine de gares en France, Hardy planifie des attentats et des opĂ©rations de sabotage destinĂ©s Ă entraver le transport de matĂ©riel et de troupes allemandes. Combattant de l'ombre, Hardy a pourtant Ă©tĂ© jugĂ© Ă deux reprises pour "non-dĂ©nonciation de projet ou acte de trahison", en 1947 et en 1950. Par deux fois, il a Ă©tĂ© innocentĂ©. François Yves Guillin, jeune. Selon lui, "Personne n'a agi pour sauver Jean Moulin".DRRetour au samedi 12 juin 1943. Quand il apprend l'arrestation de Delestraint de la bouche du jeune Guillin, "Max" sait que l'heure est grave. Le 15 juin, cinq jours avant son 44e anniversaire, Jean Moulin adresse son dernier courrier Ă Charles de Gaulle. Voici ce qu'il Ă©crit "Mon GĂ©nĂ©ral, notre guerre, Ă nous aussi, est rude. J'ai le triste devoir de vous annoncer l'arrestation par la Gestapo, Ă Paris, de notre cher Vidal." Il aborde ensuite "les causes" de l'Ă©vĂ©nement "Tout d'abord la campagne violente menĂ©e contre lui et contre moi par Charvet [pseudonyme d'Henri Frenay, le chef du mouvement Combat] qui a, Ă la lettre, portĂ© le conflit sur la place publique et qui a, de ce fait, singuliĂšrement attirĂ© l'attention sur nous. Tous les papiers de Charvet sont, vous ne l'ignorez pas, rĂ©guliĂšrement pris par la Gestapo." En clair, Jean Moulin se plaint du manque de discrĂ©tion des chefs de Combat, alors que les services allemands sont aux trousses des rĂ©sistants. Le 19 juin, il dĂ©cide d'organiser une rĂ©union avec les principaux Âdirigeants de l'ArmĂ©e secrĂšte, pour dĂ©signer le successeur officiel du ÂgĂ©nĂ©ral Delestraint. Pour l'heure, c'est le colonel Schwartzfeld, un ÂfidĂšle, qui doit assurer l'intĂ©rim. Ce rendez-vous capital est programmĂ© deux jours plus tard, le 21 juin, Ă 14 heures 30, dans la maison du Dr Dugoujon, Ă Caluire, petite ville surplombant l'agglomĂ©ration lyonnaise. Outre Jean Moulin, sept chefs de la RĂ©sistance sont invitĂ©s. Trois d'entre eux seulement en connaissent l'adresse. En ce qui concerne le futur commandement de l'AS, le rapport de forces pĂšse en faveur de Moulin et des gaullistes fervents. Et cela, au dĂ©triment du mouvement Combat, qui veut garder une marge de manoeuvre son seul reprĂ©sentant invitĂ© Ă la rĂ©union est Henri Aubry, jusqu'alors adjoint du gĂ©nĂ©ral Delestraint. Au matin du lundi 21 juin, Jean Moulin multiplie les rendez-vous. A midi, il dĂ©jeune avec un Ă©missaire fraĂźchement arrivĂ© de Londres. A 14 heures, il est sur la place Carnot, trĂšs frĂ©quentĂ©e, en face de la gare de Lyon-ÂPerrache. LĂ , au pied de la statue de la RĂ©publique - lieu de rendez-vous apprĂ©ciĂ© des rĂ©sistants lyonnais -, il retrouve Raymond Aubrac, membre historique du mouvement LibĂ©ration-Sud. Pendant ce temps, par petits groupes sĂ©parĂ©s, les autres invitĂ©s Ă la rĂ©union prennent le chemin de la maison du Dr Dugoujon. Le premier d'entre eux y pĂ©nĂštre Ă 14 h 15, aprĂšs avoir prudemment observĂ© les alentours. La gouvernante du mĂ©decin le conduit au premier Ă©tage, oĂč doit se tenir le rendez-vous clandestin. La maison du Docteur Dugoujon Ă Caluire, prĂšs de Lyon, oĂč Klaus Barbie arrĂȘte Moulin et six autres rĂ©sistants, le 21 juin 1943. Fred Dufour / AFPĂpisode 2 OĂč l'on se penche sur deux faits inattendus qui ont marquĂ© le 21 juin 1943, jour de l'arrestation de Jean Moulin par la Gestapo Ă CaluireDeux Ă©vĂ©nements imprĂ©vus vont modifier le scĂ©nario initial pour le transformer en une mĂ©canique infernale qui mĂšnera Ă l'arrestation de Jean Moulin. A 13 h 40, AndrĂ© Lassagne, proche du gĂ©nĂ©ral Delestraint, attend au dĂ©part du funiculaire qui mĂšne au sommet de la colline de la Croix-Rousse, en direction de Caluire. Il a rendez-vous avec Henri Aubry Combat, qu'il doit conduire Ă la rĂ©union. Et lĂ , surprise Aubry n'arrive pas seul. Il est accompagnĂ© d'un autre cadre de son mouvement RenĂ© Hardy, le chef du rĂ©seau de sabotage Fer, qu'il a fait venir pour mieux ÂdĂ©fendre les intĂ©rĂȘts de Combat lors de la rĂ©union. ProblĂšme de taille RenĂ© Hardy n'a pas Ă©tĂ© invitĂ© par Jean Moulin, et sa prĂ©sence contreviendrait aux rĂšgles Ă©lĂ©mentaires de sĂ©curitĂ© et de cloisonnement des informations. D'ailleurs, Hardy-"Didot" semble particuliĂšrement nerveux. Mais le temps presse. AndrĂ© Lassagne emprunte un premier funiculaire, que les Lyonnais surnomment familiĂšrement la "ficelle". Aubry et Hardy prennent le suivant. Parvenu au sommet de la Croix-Rousse, le trio monte dans le tramway n° 33 et en redescend quelques minutes plus tard, Ă Caluire, Ă proximitĂ© de la maison du Dr Dugoujon. Les trois hommes se prĂ©sentent Ă la porte vers 14 h 25. Ils sont conduits au premier Ă©tage. Aucun d'entre eux n'a, semble-t-il, remarquĂ© qu'une jeune femme, arborant un corsage rouge, les suit Ă distance depuis le dĂ©part du funiculaire... Le deuxiĂšme souci, maintenant. ArrivĂ©s par la "ficelle" Ă la station Croix-Rousse, Jean Moulin et Raymond Aubrac constatent que le colonel Schwartzfeld n'est pas Ă l'heure. Ce dernier finit par arriver avec une demi-heure de retard. Finalement, ils ne parviennent tous les trois Ă Caluire qu'Ă 15 heures. Or, rappelons-le, la rĂ©union devait dĂ©buter Ă 14 h 30. La gouvernante du Dr Dugoujon prend les trois nouveaux arrivants pour des patients ordinaires. Elle les dirige vers la salle d'attente, au rez-de-chaussĂ©e. Les cinq autres rĂ©sistants patientent toujours Ă l'Ă©tage. TorturĂ©, un compagnon d'infortune dĂ©signe "Max" Ă BarbieLa suite, dramatique, est connue. A 15 h 10, trois tractions avant noires arrivent en trombe devant la maison. Une dizaine d'hommes, menĂ©s par Klaus Barbie, lieutenant SS et chef de la Gestapo de Lyon, s'y engouffrent aussitĂŽt. Arrestations, contrĂŽle des identitĂ©s, coups de matraque... Tandis que "Max" et six autres chefs de la RĂ©sistance sont jetĂ©s dans les voitures, RenĂ© Hardy - le seul dont les mains ne sont entravĂ©es que par une corde - parvient Ă se dĂ©gager et se met Ă courir. Les Allemands tirent, semblent blesser le fuyard, mais ce dernier rĂ©ussit Ă disparaĂźtre dans un fourrĂ©... Les sept rĂ©sistants arrĂȘtĂ©s Ă Caluire vont connaĂźtre des destins trĂšs diffĂ©rents. Tous tragiques. Deux d'entre eux mourront en dĂ©portation, en Allemagne. L'un, AndrĂ© Lassagne, reviendra du camp de Dora, en mai 1945. Deux autres seront remis en libertĂ© quelques mois aprĂšs leur arrestation. Raymond Aubrac, lui, parviendra Ă s'Ă©vader en octobre 1943. Dans les locaux de la Gestapo de Lyon, Jean Moulin est atrocement torturĂ© pendant trois jours par Barbie et ses sbires. L'un de ses compagnons d'infortune, lui aussi torturĂ©, a fini par le dĂ©signer comme Ă©tant "Max", le grand chef. Moulin, dans le coma, est par la suite transfĂ©rĂ© au siĂšge de la Gestapo, Ă Paris. Puis il est placĂ© dans un train Ă destination de Berlin. Il succombe Ă ses blessures, le 8 juillet 1943, en gare de Metz, selon l'acte de dĂ©cĂšs. Le reprĂ©sentant du gĂ©nĂ©ral de Gaulle dans la France occupĂ©e est mort sans parler. Un personnage prĂ©sent Ă Caluire manque Ă ce terrible cortĂšge RenĂ© Hardy, qui a Ă©chappĂ© Ă l'arrestation. De nouveau arrĂȘtĂ© par les Allemands au mois d'aoĂ»t 1943, il parviendra une seconde fois Ă s'enfuir par la fenĂȘtre d'une chambre d'hĂŽpital dont la porte Ă©tait gardĂ©e par un homme armĂ©. Ăvasion d'autant plus rocambolesque qu'Hardy, blessĂ©, a un bras en Ă©charpe. TrĂšs rapidement soupçonnĂ© d'avoir "donnĂ©" la rĂ©union de Caluire aux Allemands, il sera donc jugĂ© Ă deux reprises aprĂšs la guerre, en 1947 et en 1950. Blanchi les deux fois, au bĂ©nĂ©fice du doute, il est dĂ©cĂ©dĂ© en 1987, dans sa 76e annĂ©e. Daniel Cordier ici en 2014, Ă Cannes, Ă©tait le secrĂ©taire de Jean Moulin. "Je continue Ă penser qu'il a Ă©tĂ© trahi", affirme-t-il aujourd'hui. JPGuilloteau/L'ExpressĂpisode 3 OĂč un autre grand tĂ©moin, Daniel Cordier, 98 ans, ancien secrĂ©taire de Jean Moulin, confirme que "le patron" a Ă©tĂ© victime d'une trahison au sein de la RĂ©sistanceIl n'empĂȘche l'affaire de Caluire hante encore et toujours la mĂ©moire collective. Les circonstances de l'arrestation de Jean Moulin et de ses compagnons ont fait l'objet de multiples Ă©crits - articles, livres - et de polĂ©miques, parfois mal intentionnĂ©es. Le sujet s'apparente Ă un "trou noir" de l'histoire, complexe, de la RĂ©sistance. Il est pourtant aujourd'hui possible d'en Ă©clairer les derniĂšres zones d'ombre. Et de prĂ©ciser le rĂŽle jouĂ© par plusieurs protagonistes du drame. Cela, pour deux raisons. Tout d'abord, grĂące Ă un livre majeur, publiĂ© dans une relative discrĂ©tion, en avril dernier Jean Moulin. Ăcrits et documents de BĂ©ziers Ă Caluire L'Harmattan. Un pavĂ© de 1 400 pages, qui dĂ©voile de nombreux textes inĂ©dits, rassemblĂ©s par l'universitaire François Berriot. Mais aussi grĂące Ă la mĂ©moire et au regard distanciĂ© de deux tĂ©moins essentiels, parmi les derniers encore en vie. Deux figures de la RĂ©sistance qui sont aussi historiens, et qui ont d'ailleurs ouvert leurs archives Ă François Berriot. Ces deux autoritĂ©s morales ont eu des vies trĂšs diffĂ©rentes aprĂšs la guerre. Mais elles ont aussi ÂaffrontĂ© une expĂ©rience Ă©tonnement similaire Ă propos des Ă©vĂ©nements qu'elles ont vĂ©cus au plus prĂšs. Le premier est bien sĂ»r François-Yves Guillin, qui nous a reçu Ă deux reprises. AprĂšs la guerre, il avait prĂ©fĂ©rĂ© "refermer le tiroir" sur son parcours dans la RĂ©sistance. Pourtant, dans les annĂ©es 1980, alors qu'il se consacre Ă sa carriĂšre de mĂ©decin, il se trouve contraint d'ouvrir Ă nouveau ses dossiers. Cela aprĂšs qu'Henri Frenay, grand rĂ©sistant, n° 1 de Combat, a flĂ©tri la mĂ©moire de son ancien chef Charles Delestraint. François-Yves Guillin se lance alors dans des Ă©tudes d'histoire, Ă©pluche les montagnes d'archives disponibles. Il finit par soutenir une thĂšse, publiĂ©e en 1995 sous forme de livre Le GĂ©nĂ©ral Delestraint, premier chef de l'ArmĂ©e secrĂšte Plon. Daniel Cordier a dĂ©fendu la mĂ©moire du "Patron"Le deuxiĂšme tĂ©moin qui a acceptĂ© de revenir pour L'Express sur ces semaines terribles de mai-juin 1943 est plus connu. Il s'agit de Daniel Cordier, engagĂ© aux cĂŽtĂ©s des Français libres et du gĂ©nĂ©ral de Gaulle dĂšs juin 1940. ParachutĂ© en France en juillet 1942, Cordier, alias "Caracalla", devient, Ă Lyon, le secrĂ©taire particulier de Jean Moulin. Le jeune homme crypte et dĂ©code les messages que "Max" Ă©change avec Londres et les chefs de la RĂ©sisÂtance intĂ©rieure. Il franchit une trentaine de fois clandestinement la ligne de dĂ©marcation, il remet aux cadres des mouvements les sommes d'argent qui sont rĂ©parties par Moulin. Onze mois de clandestinitĂ© durant lesquels, confie-t-il sans dĂ©tour, il avait "tout le temps peur". Ă la fin de la guerre, Daniel Cordier passe Ă autre chose, lui aussi. Le jeune bourgeois bordelais, monarchiste et adepte des idĂ©es d'extrĂȘme droite de l'Action française est devenu, au contact du "Patron" disparu - son vĂ©riÂtable mentor -, un esthĂšte fĂ©ru d'art, un humaniste de gauche. Peintre, il est avant tout un collectionneur avisĂ© et un galeriste rĂ©putĂ©. Il fuit les retrouvailles annuelles qu'organisent nombre d'anciens compagnons de lutte. Dans la nuit du 19 dĂ©cembre 1964, Daniel Cordier participe bien Ă la veillĂ©e funĂšbre prĂ©cĂ©dant la cĂ©rĂ©monie du Âtransfert des cendres de Jean Moulin au PanthĂ©on. Mais il n'assiste pas au fameux Ă©loge, prononcĂ© d'une voix sĂ©pulcrale par AndrĂ© Malraux. D'ailleurs, on a oubliĂ© de l'y convier. Mais, en 1977, Henri Frenay jette un nouveau pavĂ© dans la mare. L'ancien chef de Combat accuse Jean Moulin d'avoir Ă©tĂ© un agent "communiste" cherchant Ă mettre la RĂ©sistance en coupe rĂ©glĂ©e. Daniel Cordier sort de son silence pour dĂ©fendre la mĂ©moire du "Patron". Il se replonge durant vingt annĂ©es dans les archives et publie, Ă partir de 1989, une somme biographique monumentale sur Jean Moulin. Un travail qui, depuis lors, fait autoritĂ©. Daniel Cordier, jeune. "Il y avait quelqu'un qui n'avait pas Ă©tĂ© invitĂ© Ă Caluire et qui a Ă©tĂ© imposĂ© RenĂ© Hardy", souligne-t-il. MusĂ©e de l'ordre de la LibĂ©rationQuand il nous reçoit pour la seconde fois dans son appartement cannois, au dĂ©but du mois de juin dernier, Daniel Cordier, 98 ans, est, comme Ă son habitude, tirĂ© Ă quatre Ă©pingles. Veste de tweed, pantalon de velours, chemise mauve et pull assorti. So British. La piĂšce principale donne sur la MĂ©diterranĂ©e. BaignĂ©e de lumiĂšre, elle est encombrĂ©e de tableaux, de statuettes d'art premier et de piles de documents qui nourrissent le Âsecond tome de ses MĂ©moires, en voie d'achĂšvement. Face Ă la table de travail, sur une Ă©tagĂšre, le portrait serrĂ©, en noir et blanc, d'un homme arborant chapeau et Ă©charpe. Un visage Ă l'expression Ă©nigmatique, et pourtant familier. La photo, reproduite dans les manuels d'histoire, est la plus cĂ©lĂšbre de Jean Moulin. Ă soixante-quinze annĂ©es de distance, Daniel Cordier semble par moments parler sous son contrĂŽle. Regard pĂ©tillant, dotĂ© d'une modestie et d'une capacitĂ© d'autodĂ©rision Ă toute Ă©preuve, il se fait soudain grave quand on aborde les arrestations de Caluire. "Hardy a Ă©tĂ© blanchi deux fois. Cela ne change rien..."Il l'a dĂ©jĂ dit. Il l'a Ă©crit, notamment dans la prĂ©face du dernier ouvrage sur Jean Moulin, publiĂ© au mois d'avril sous la direction de François Berriot "Lorsque j'ai appris la catastrophe de Caluire, en juin 1943, j'ai pensĂ© - et je continue de le faire - qu'il avait Ă©tĂ© trahi [...?]. Il y avait autour de lui un climat d'agressivitĂ©, une atmosphĂšre dĂ©testable entretenue par quelques chefs de mouvements - qui rĂ©clamaient son rappel Ă Londres - et par certains de leurs lieutenants qui rĂȘvaient ouvertement d'Ă©liminer Delestraint et Rex [Moulin], accusĂ©s de vouloir "confisquer" la RĂ©sistance au profit de Londres..." Lors de cet aprĂšs-midi de juin 2018, ÂDaniel Cordier, qui se mĂ©fie des tĂ©moignages oraux, y compris du sien, tient Ă prĂ©ciser "Dans l'histoire de la RĂ©sistance, il reste trĂšs difficile d'Ă©tablir une vĂ©ritĂ© reconnue par tous. En tant qu'historien, je n'ai pas trouvĂ© de preuves irrĂ©futables. Mais, aprĂšs toutes ces annĂ©es, mes convictions n'ont pas changĂ© je pense effectiÂvement que Jean Moulin a Ă©tĂ© trahi, qu'il a Ă©tĂ© livrĂ©." Il poursuit "La question cruciale est que, Ă la rĂ©union ÂorganisĂ©e par Moulin, il y avait quelqu'un qui n'avait pas Ă©tĂ© invitĂ©, et qui a Ă©tĂ© imposĂ© RenĂ© Hardy. Hardy a Ă©tĂ© blanchi deux fois. Mais, pour moi, cela ne change rien..." On l'a compris selon Daniel Cordier, tout comme pour François-Yves Guillin, les Âarrestations du gĂ©nĂ©ral Delestraint, le 9 juin 1943, puis du reprĂ©sentant de De Gaulle en France occupĂ©e, douze jours plus tard, sont inextricablement liĂ©es. Dans un livre de 1400 pages sur Jean Moulin sorti en avril 2018, François Berriot rĂ©vĂšle de nombreux documents inĂ©dits sur la chronologie des faits qui mĂšnent Ă la rafle de Caluire. L'HarmattanĂpisode 4 OĂč l'on remonte au mois d'avril 1943 pour dĂ©mĂȘler l'Ă©cheveau de rivalitĂ©s, de rĂšglements de comptes et de piĂšges qui mĂšneront Ă la rafle de genĂšse du guet-apens de Caluire peut ĂȘtre datĂ©e du mois d'avril 1943. A cette pĂ©riode, "intoxiquĂ©es" par les services de renseignement britannique et amĂ©ricain, les autoritĂ©s allemandes sont persuadĂ©es qu'un dĂ©barquement alliĂ© se prĂ©pare dans le Midi. En rĂ©alitĂ©, l'opĂ©ration va se dĂ©rouler en Sicile, au mois de juillet suivant. Mais, dĂšs lors, les diffĂ©rents services de police allemande en France resserrent encore leur surveillance en zone Sud. Ils redoublent d'efforts pour infiltrer les mouvements ÂrĂ©sistants et, si possible, pousser certains de leurs membres Ă trahir leurs compagnons d'armes. La Gestapo dĂ©niche l'oiseau rare, Ă la fin du mois d'avril, en la personne de Jean M., alias "Lunel". Cet homme de 35 ans est pourtant un rĂ©sistant, oeuvrant dans la Vienne. MutĂ© Ă Marseille, il y intĂšgre les groupes clandestins. Le voici membre de Combat, et bientĂŽt homme de confiance de Maurice Chevance, le chef rĂ©gional de l'ArmĂ©e secrĂšte. "Lunel" remplit des missions Ă Marseille, mais aussi Ă Lyon. Ă ce titre, il dĂ©tient des informations cruciales il connaĂźt certains rĂ©sistants sous leur pseudonyme, ainsi que des lieux de rendez-vous, des boĂźtes aux lettres clandestines... Conjonction d'imprudences et de nĂ©gligences coupablesMais, Ă la fin d'avril 1943, Jean est arrĂȘtĂ© par la Gestapo dans une taverne marseillaise. Rapidement, il accepte, contre une somme rondelette, de travailler pour les nazis. En gage d'allĂ©geance, il leur livre son propre supĂ©rieur dans l'ArmĂ©e secrĂšte, Maurice Chevance. EnrĂŽlĂ© dans la Gestapo, le nouvel agent est envoyĂ© Ă Lyon, oĂč il se met au service de... Klaus Barbie. "Lunel" est intĂ©grĂ© au sein du Sonderkommando commando spĂ©cial chargĂ© de traquer les rĂ©sistants dans la rĂ©gion lyonnaise. On y retrouve notamment Robert Moog, un Franco-Allemand qui travaille pour l'Abwehr, le service de renseignement militaire. Au mois de mai 1943, Klaus Barbie connaĂźt la composition de l'organigramme de l'ArmĂ©e secrĂšte, sans dĂ©tenir l'identitĂ© exacte de ses responsables. Et le duo "Lunel"-Moog fait bientĂŽt des ravages dans les rangs de la RĂ©sistance... Une conjonction d'imprudences, de nĂ©gligences coupables et d'arriĂšre-pensĂ©es inavouables va leur faciliter la tĂąche. Les premiers jours de juin, Henri Aubry, le chef de cabinet du gĂ©nĂ©ral Delestraint, dĂ©pose malencontreusement, dans une boĂźte aux lettres lyonnaise "grillĂ©e", un message non codĂ©. Le courrier Ă©voque le prochain dĂ©placement Ă Paris du chef de l'AS. "Lunel" connaĂźt l'existence de cette boĂźte. La Gestapo est donc informĂ©e des rendez-vous parisiens de Delestraint. Mais Henri Aubry - semble-t-il trĂšs perturbĂ© Ă ce Âmoment-lĂ par l'Ă©tat de santĂ© de sa femme, qui vient Âd'accoucher - "oublie" d'avertir son supĂ©rieur, ou quiconque, de sa bĂ©vue et des risques encourus. VoilĂ pourquoi Charles Delestraint est cueilli prĂšs du mĂ©tro la Muette, le 9 juin suivant. Ce n'est que le dĂ©but d'une rĂ©action en chaĂźne. Car, quelques dizaines d'heures auparavant, dans la nuit du 7 au 8 juin, "Lunel" et Moog ont aussi arrĂȘtĂ© RenĂ© Hardy, le chef du rĂ©seau de sabotage Fer. Hardy-"Didot" prend le train du soir Ă la gare de Lyon-Perrache pour se rendre, lui aussi, Ă Paris. Sur le quai, "Lunel" le reconnaĂźt... ArrĂȘtĂ© Ă bord du train, RenĂ© Hardy est remis deux jours plus tard Ă Klaus Barbie. Celui-ci ne connaĂźt pas le rĂŽle exact de "Didot" au sein de la RĂ©sistance, mais il sait que c'est une prise de choix. Il le met devant le fait accompli Hardy devra informer rĂ©guliĂšrement la Gestapo des faits et gestes de ses compagnons. Faute de quoi, la SS s'en prendra Ă sa fiancĂ©e, ou aux parents de cette derniĂšre. RenĂ© Hardy est en effet tombĂ© follement amoureux d'une jeune femme rencontrĂ©e quelques mois auparavant dans un cafĂ©. ÂManifestement, il ignore que celle-ci, Lydie Bastien, 21 ans, travaille probablement dĂ©jĂ pour les Allemands... Il accepte le pacte machiavĂ©lique proposĂ© par Barbie. RenĂ© Hardy est relĂąchĂ© dĂšs le 11 juin. Il fait alors un choix irrĂ©parable ne confier Ă personne - pas mĂȘme Ă ses proches de Combat, Frenay, BĂ©nouville, Aubry... - qu'il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©, puis dĂ©tenu pendant prĂšs de deux jours par la Gestapo. Au contraire, il maquille les faits, expliquant qu'il est parvenu Ă Ă©chapper Ă une filature... Pour quelles raisons ? Est-ce pour protĂ©ger sa fiancĂ©e ? Se pense-t-il suffisamment malin pour leurrer les agents allemands qui vont bien Ă©videmment le pister ? Redoute-t-il d'ĂȘtre dĂ©mis de ses responsabilitĂ©s dans la RĂ©sistance, de devoir renoncer Ă l'action et au budget mensuel imposant 200 000 francs qui lui est ÂallouĂ© ? Cela reste un mystĂšre. Remis en libertĂ© le 11 juin, Hardy replonge, en apparence seulement, dans la clandestinitĂ©. Pour ses compagnons de lutte, il redevient "Didot". De son cĂŽtĂ©, Klaus Barbie, stratĂšge redoutable, ne dĂ©clenche pas une vague d'arrestations. Cette fois, tous les Ă©lĂ©ments du piĂšge sont en place. La chronologie des faits qui mĂšnent jusqu'aux arrestations du 21 juin 1943, Ă Caluire, est implacable. Nous la connaissons dans les moindres dĂ©tails grĂące aux Ă©crits de Jean Moulin et aux documents inĂ©dits rĂ©vĂ©lĂ©s par le livre publiĂ© au mois d'avril dernier. Klaus Barbie ici, en 1944, lieutenant SS et chef de la Gestapo de Lyon, avait "retournĂ©" au moins deux rĂ©sistants pour traquer Jean Moulin, au printemps 1943 . Gabriel Hackett/Hulton Archive/Getty ImagesĂpisode 5 OĂč François-Yves Guillin raconte sa rencontre, aprĂšs guerre, avec la jeune femme au corsage rouge, agent double, qui suivait renĂ© Hardy le 21 juin 1943, juste avant l'arrestation de Jean Moulin. Et oĂč l'on croise Klaus Barbie, assis incognito sur un bancLe samedi 19 juin, donc, Moulin dĂ©cide de convoquer pour le surlendemain une rĂ©union destinĂ©e Ă dĂ©signer le successeur du gĂ©nĂ©ral Delestraint Ă la tĂȘte de l'ArmĂ©e secrĂšte. Il fait transmettre le message aux sept invitĂ©s. Or Henri Aubry informe le jour mĂȘme RenĂ© Hardy de cette rencontre Ă venir. C'est ce qu'il affirmera lui-mĂȘme, en 1950, dans sa dĂ©position lors du second procĂšs intentĂ© contre Hardy. "J'ai indiquĂ© alors Ă Hardy que "Max" [Moulin] serait prĂ©sent Ă la rĂ©union. J'ai demandĂ© Ă Hardy de venir pour m'aider au point de vue influence, et que Combat soit plus reprĂ©sentĂ© au sein de la rĂ©union", dĂ©clare Aubry devant le tribunal. Selon plusieurs sources, RenĂ© Hardy a Ă©tĂ© contraint d'accepter deux ou trois autres contacts avec les services de Barbie, entre le 11 et le 21 juin. Qu'a-t-il dit ou consenti Ă faire lors de ces entrevues ? Nous allons y revenir. DerriĂšre son journal, Klaus Barbie observe la scĂšneLe dimanche 20 juin, Ă la veille de la rĂ©union prĂ©vue, un autre Ă©pisode troublant se produit. Il est rapportĂ©, Ă quelques dĂ©tails prĂšs, par les protagonistes prĂ©sents. Vers 11 heures du matin, Henri Aubry rejoint sa secrĂ©taire, Madeleine Raisin, Ă cĂŽtĂ© du pont Morand, qui relie le quartier de la Croix-Rousse Ă la rive gauche du RhĂŽne. LĂ , ils retrouvent RenĂ© Hardy, dĂ©jĂ prĂ©sent sur place. Voici d'ailleurs la description qu'Henri Aubry fait de ce rendez-vous, lors du procĂšs de 1950 "Le 20 juin 1943, j'ai retrouvĂ© Hardy au lieu indiquĂ©, le pont Morand. Je revois la scĂšne de ce contact. J'ai l'impression qu'Hardy Ă©tait assis sur un banc. [...] Je vis donc Hardy assis sur un banc, et un individu lisant un journal dĂ©ployĂ©. Mme Raisin est arrivĂ©e en mĂȘme temps que moi, sur ma droite, au lieu oĂč se trouvait Hardy. J'ai dit Ă Mme Raisin de [lui] remettre les 200 000 francs enveloppĂ©s dans un papier [...], je suis revenu Ă eux [...] et j'ai embarquĂ© Didot [Hardy] avec moi." Voyons maintenant comment Madeleine Raisin Ârelate la mĂȘme scĂšne, lors du procĂšs de 1950 "Enfin, je l'ai vu [RenĂ© Hardy], le 20 juin 1943, au pont Morand, vers 11 h 30. Aubry avait alors rendez-vous avec lui et avec moi. Je devais remettre des fonds je crois, 200 000 francs. [...] Hardy me dit "Allons nous asseoir." Je remarquai alors, sur le banc, un homme qui lisait un journal largement dĂ©ployĂ©. Je n'ai pas prĂȘtĂ© particuliĂšrement attention Ă cet individu. Je fis cependant remarquer Ă Hardy qu'il y avait cet individu sur le banc. [...] Je suis partie, laissant Aubry et Hardy ensemble." Qui est le mystĂ©rieux individu assis sur le banc ? ÂMadeleine Raisin apporte une rĂ©ponse stupĂ©fiante un peu plus tard, lors du procĂšs. Elle raconte alors son Âarrestation, deux jours aprĂšs cet Ă©pisode, c'est-Ă -dire au lendemain de la rafle de Caluire. En effet, sans nouvelles d'Aubry, son chef, depuis vingt-quatre heures, elle vient rĂŽder aux abords de la villa que ce dernier occupe, Ă l'ouest de Lyon. Elle est aussitĂŽt interpellĂ©e par un homme Ă l'accent allemand, qui l'entraĂźne dans un parc voisin. LĂ , elle se retrouve face Ă Klaus Barbie. Elle raconte "Il continua en me demandant ce que je faisais, le dimanche prĂ©cĂ©dent, au pont Morand ; je fis semblant de ne pas comprendre, mais je me rendis compte qu'il Ă©tait au courant du rendez-vous que j'avais eu, en cet Âendroit, avec Aubry et Hardy." Elle ajoute "Il continua d'ailleurs en prĂ©cisant "L'homme qui Ă©tait assis sur le banc, c'Ă©tait moi." Un message dĂ©couvert trop tardUne autre femme apporte une lumiĂšre encore plus crue sur le dĂ©roulement des derniĂšres heures prĂ©cĂ©dant la rĂ©union du 21 juin 1943 Ă Caluire. TĂ©moin direct des Ă©vĂ©nements, elle dĂ©pose Ă©galement Ă l'occasion des deux procĂšs de RenĂ© Hardy. En 1943, EdmĂ©e D. a 36 ans. Elle est agent de liaison au sein d'un service de renseignement britannique actif en France occupĂ©e. Or le 16 avril 1943, alors qu'elle est en mission Ă Lyon, elle est arrĂȘtĂ©e par la Gestapo. Faute de preuves, elle est relĂąchĂ©e le lendemain, Ă la condition de se prĂ©senter aux services de police allemands chaque fois qu'elle revient dans la capitale des Gaules. LibĂ©rĂ©e, elle prĂ©vient immĂ©diatement le chef de son rĂ©seau de renseignement, Georges Groussard. Ce dernier lui enjoint d'accepter le rĂŽle pĂ©rilleux d'agent double. Au premier procĂšs, EdmĂ©e D. dĂ©taille la suite des Ă©vĂ©nements "C'est ainsi que, le 21 juin 1943, me trouvant Ă Lyon, je fus convoquĂ©e par la Gestapo. Les Allemands me firent la proposition suivante "Nous allons vous prĂ©senter un Français qui a compris. Cet homme du nom de Didot [...] a acceptĂ© de travailler pour nous, tout en restant en rapport avec Londres. Vous aurez Ă suivre cet homme cet aprĂšs-midi, et vous reviendrez nous dire dans quel immeuble et dans quelle rue il se sera rendu."" Au second procĂšs Hardy, Mme D. dĂ©crit cette filature du 21 juin 1943, en dĂ©but d'aprĂšs-midi "Vers 14 heures ou Ă peu prĂšs, on m'a menĂ©e au bout du pont Morand ; on m'a fait traverser le pont Ă pied, et sĂ»rement que j'Ă©tais ÂaccompagnĂ©e [suivie par la Gestapo]." Ce lundi 21 juin, EdmĂ©e D. porte un corsage rouge, voyant et reconnaissable Ă distance... Elle poursuit "J'ai vu Didot [...]. Je l'ai trĂšs bien reconnu [...], j'ai compris qu'il prenait la ficelle [le funiculaire] c'est ce que j'ai fait, et nous sommes montĂ©s ensemble." Selon elle, RenĂ© Hardy est accompagnĂ© d'un autre homme il ne peut s'agir que d'Henri Aubry. EdmĂ©e D. relate Âensuite le trajet en tramway. Un homme Ă vĂ©lo - AndrĂ© Lassagne, l'un des invitĂ©s Ă la rĂ©union - les guide jusqu'Ă une maison. "J'ai repris le tram descendant et, en bas de la ficelle, j'ai trouvĂ© les voitures allemandes", poursuit-elle. AprĂšs avoir tentĂ© de tergiverser, elle finit par indiquer aux hommes de Barbie la maison du Dr Dugoujon... Lors de ce tĂ©moignage accablant, l'ex-agent double EdmĂ©e D. Âexplique aussi avoir tentĂ©, Ă trois reprises, le 21 juin, au moins deux heures avant l'issue fatale, d'avertir des rĂ©sistants de la trahison de "Didot" et des arrestations prĂ©vues Ă Caluire. Plusieurs sources confirmeront aprĂšs guerre qu'une "jeune femme, jolie", "qui portait un corsage rouge", "l'air affolĂ©", a dĂ©barquĂ© dans deux lieux diffĂ©rents pour donner l'alerte. Elle a mĂȘme laissĂ© un message Ă©crit en ce sens. Le destinataire le dĂ©couvrira trop tard... A l'occasion de ses recherches pour sa thĂšse d'histoire, au tournant des annĂ©es 1980-1990, François-Yves Guillin avait longuement rencontrĂ© EdmĂ©e D. "Toute sa vie, elle a regrettĂ© d'avoir endossĂ© ce rĂŽle d'agent double. Elle avait Ă©tĂ© totalement dĂ©passĂ©e par les Ă©vĂ©nements. Mais son ÂtĂ©moignage Ă©tait extrĂȘmement prĂ©cis, relĂšve-t-il. Elle a rĂ©ellement tentĂ© de donner l'alerte peu avant la rĂ©union de Caluire. C'est un fait avĂ©rĂ©. Et elle a fourni beaucoup de dĂ©tails sur des faits qui se sont effectivement dĂ©roulĂ©s." Comment alors expliquer que RenĂ© Hardy ait Ă©tĂ© blanchi Ă deux reprises ? "S'il avait Ă©tĂ© jugĂ© Ă la LibĂ©ration, je ne pense pas qu'il aurait Ă©tĂ© innocentĂ©. Mais, en 1947, et plus encore en 1950, on avait tournĂ© la page de la guerre, Âsouligne François-Yves Guillin. Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle avait appelĂ© Ă la rĂ©conciliation nationale. L'histoire de la RĂ©sistance Ă©tait racontĂ©e comme une Ă©popĂ©e extraordinaire, unique. Il Ă©tait impossible de laisser place Ă la moindre critique. Affirmer publiquement que, parmi les rĂ©sistants les plus Ă©minents, il y avait eu trahison, c'Ă©tait impenÂsable. C'Ă©tait inaudible, politiquement parlant." Pourtant, en fĂ©vrier 1947, un illustre personnage s'Ă©tait laissĂ© aller Ă une confidence auprĂšs de son aide de camp "Les camarades de rĂ©sistance se sont livrĂ©s Ă cette infamie, cette extrĂ©mitĂ© d'infamie de livrer leurs frĂšres. Pourquoi ? Pour arriver... pour arriver premiers Ă la LibĂ©ration." L'homme qui prononce ces mots terribles, c'est Charles de Gaulle. Certes, ces propos n'ont pas Ă©tĂ© retenus par l'histoire officielle. Mais ils ont Ă©tĂ© prononcĂ©s juste aprĂšs le premier acquittement de RenĂ© Hardy. Boris Thiolay Les plus lus OpinionsEditoAnne RosencherChroniquePar GĂ©rald BronnerLa chronique d'AurĂ©lien SaussayPar AurĂ©lien Saussay, chercheur Ă la London School of Economics, Ă©conomiste de l'environnement spĂ©cialiste des questions de transition Ă©nergĂ©tiqueChroniqueAbnousse Shalmani
18 mai 2011 3 18 /05 /mai /2011 0437 Les armĂ©es secrĂštes de lâOTAN IX La guerre secrĂšte au Portugal par Daniele Ganser* Le Gladio disposait dâune base efficace dans le Portugal de Salazar. Bien quâon nâen connaisse quâindirectement le fonctionnement, via les enquĂȘtes italiennes, lâhistorien Daniele Ganser a pu Ă©tablir son rĂŽle au Portugal mĂȘme et dans ses colonies africaines. GrĂące Ă ce dispositif, lâOTAN ne sâest pas contentĂ© dâassassiner des opposants Ă Salazar, mais aussi des leaders rĂ©volutionnaires africains de premier plan comme AmĂlcar Cabral. Cet article fait suite Ă 1. Quand le juge Felice Casson a dĂ©voilĂ© le Gladio⊠» 2. Quand le Gladio fut dĂ©couvert dans les Ătats europĂ©ens⊠» 3. Gladio Pourquoi lâOTAN, la CIA et le MI6 continuent de nier » 4. Les Ă©gouts de Sa MajestĂ© » 5. La guerre secrĂšte, activitĂ© centrale de la politique Ă©trangĂšre de Washington » 6. La guerre secrĂšte en Italie » 7. La guerre secrĂšte en France » 8. La guerre secrĂšte en Espagne » AntĂłnio de Oliveira Salazar 1889-1970 et le gĂ©nĂ©ralissime Francisco Franco 1892-1975 deux supporters du Reich nazi, repĂȘchĂ©s par lâOTAN pour lutter contre le communisme. En mai 1926, le gĂ©nĂ©ral Gomes da Costa prit le pouvoir au Portugal par un coup dâĂtat, abolit la Constitution et le Parlement et instaura la dictature. Quelques annĂ©es plus tard, le dictateur Salazar prit les rĂȘnes du pays. Pendant la guerre civile espagnole, il soutint le gĂ©nĂ©ral Franco Ă qui il fournit des troupes et du matĂ©riel. Les deux hommes sâalliĂšrent pour garantir Ă Hitler et Ă Mussolini la neutralitĂ© de toute la pĂ©ninsule IbĂ©rique, facilitant ainsi considĂ©rablement leur tĂąche sur le front ouest. Les quatre dictateurs sâaccordaient sur la nĂ©cessitĂ© de combattre et dâanĂ©antir le communisme en Union soviĂ©tique et dans leurs pays respectifs. Mais lâURSS Ă©tant sortie victorieuse de la seconde guerre mondiale et Hitler et Mussolini ayant Ă©tĂ© dĂ©faits, Salazar et Franco se trouvĂšrent dans une position dĂ©licate en 1945. Cependant, les Ătats-Unis du PrĂ©sident Truman Ă©tant engagĂ©s dans une guerre mondiale contre le communisme, les deux dictateurs de la pĂ©ninsule purent bĂ©nĂ©ficier de lâappui silencieux de Washington et de Londres. MalgrĂ© le soutien de Salazar au putsch de Franco et son alliance avec les puissances de lâAxe, le Portugal fut autorisĂ© Ă figurer, Ă la surprise de beaucoup, au nombre des membres fondateurs de lâOTAN en 1949. Sâen suivit un rĂšgne quasiment sans partage de prĂšs de 40 ans jusquâĂ ce que la mort de Salazar en 1970 permette enfin au Portugal dâamorcer une transition dĂ©mocratique et dâintĂ©grer lâUnion EuropĂ©enne. Ă lâimage de ce que lâon a pu observer dans les dictatures dâextrĂȘme droite dâAmĂ©rique Latine et sous le rĂ©gime autoritaire de Franco, le peuple portugais Ă©tait lui aussi surveillĂ© en permanence par un appareil sĂ©curitaire opĂ©rant dans lâombre et en dehors de tout cadre lĂ©gal dĂ©fini par le Parlement. Les coups tordus visant lâopposition politique et les communistes se multipliĂšrent sous le rĂ©gime de Salazar. Ces opĂ©rations Ă©taient menĂ©es par des services et organes divers dont la tristement cĂ©lĂšbre Policia Internacional e de Defensa do Estado ou PIDE, les services secrets militaire portugais. Aucune enquĂȘte approfondie nâayant Ă©tĂ© menĂ©e sur les organisations dâextrĂȘme droite et les opĂ©rations spĂ©ciales qui eurent cours sous la dictature de Salazar, les liens avec le rĂ©seau stay-behind anticommuniste de lâOTAN demeurent incertains. Lâexistence au Portugal dâarmĂ©es secrĂštes proches de la CIA et de lâOTAN fut rĂ©vĂ©lĂ©e pour la premiĂšre fois en 1990, suite Ă la dĂ©couverte du Gladio italien. Au Portugal, une radio lisbonnaise a rapportĂ© que des cellules dâun rĂ©seau associĂ© Ă lâOpĂ©ration Gladio avaient Ă©tĂ© employĂ©es durant les annĂ©es cinquante pour soutenir la dictature dâextrĂȘme droite du Dr Salazar », put-on lire dans la presse internationale. [1] Cinq ans plus tard, lâauteur amĂ©ricain Michael Parenti Ă©crivit, sans toutefois nommer ses sources, que des agents de Gladio avaient aidĂ© Ă consolider le rĂ©gime fasciste du Portugal ». [2] Plus prĂ©cisĂ©ment, la presse locale rĂ©vĂ©la en 1990 que lâarmĂ©e secrĂšte du Portugal existait sous le nom de code Aginter Press ». Sous le titre "Gladio" opĂ©rait au Portugal », le quotidien portugais O Jornal annonça Ă une population abasourdie que Le rĂ©seau secret, conçu au sein mĂȘme de lâOTAN et financĂ© par la CIA dont lâexistence vient dâĂȘtre rĂ©vĂ©lĂ©e par Giulio Andreotti, disposait dâune branche au Portugal, active dans les annĂ©es soixante et soixante-dix. Elle portait le nom dâ"Aginter Press" » et fut vraisemblablement impliquĂ©e dans des assassinats sur le territoire national ainsi que dans les colonies portugaises en Afrique. [3] Aginter Press nâavait strictement rien Ă voir avec la presse. Cette agence nâimprimait ni livres ni brochures de propagande anticommuniste, mais entraĂźnait des terroristes dâextrĂȘme droite et donnait dans les coups tordus et les opĂ©rations clandestines Ă lâintĂ©rieur et Ă lâextĂ©rieur des frontiĂšres du Portugal. Cette organisation, aussi mystĂ©rieuse que violente, Ă©tait soutenue par la CIA et commandĂ©e par des cadres de lâextrĂȘme droite europĂ©enne qui, avec lâaide de la PIDE, enrĂŽlaient des militants fascistes. LâenquĂȘte menĂ©e par le SĂ©nat italien sur Gladio et le terrorisme permit dâĂ©tablir que certains extrĂ©mistes italiens avaient Ă©tĂ© formĂ©s par Aginter Press. Alors que lâon apprenait au Portugal quâune sous-division dâAginter Press baptisĂ©e Organisation ArmĂ©e contre le Communisme International » avait Ă©galement opĂ©rĂ© en Italie, les sĂ©nateurs italiens dĂ©couvrirent que lâorganisation Aginter Press avait reçu lâappui de la CIA et quâelle Ă©tait dirigĂ©e par le capitaine Yves Guillon, plus connu sous le pseudonyme dâYves GuĂ©rain-SĂ©rac, un spĂ©cialiste des opĂ©rations de guerre clandestine Ă qui les Ătats-Unis avaient dĂ©cernĂ© plusieurs mĂ©dailles militaires dont lâAmerican Bronze Star pour sâĂȘtre distinguĂ© lors de la guerre de CorĂ©e. DâaprĂšs ce quâindiquent les rĂ©sultats de lâenquĂȘte criminelle », concluait le rapport dâenquĂȘte italien, Aginter Press Ă©tait une centrale de renseignement proche de la CIA et des services secrets portugais et spĂ©cialisĂ©e dans les opĂ©rations de provocation. » [4] Tandis que le gouvernement portugais rĂ©pugnait Ă ouvrir une enquĂȘte sur lâhistoire sombre dâAginter Press et de la guerre secrĂšte, la Commission sĂ©natoriale italienne poursuivait, elle, ses recherches et, en 1997, elle entendit le juge Guido Salvini. VĂ©ritable expert en matiĂšre de terrorisme dâextrĂȘme droite, le magistrat avait examinĂ© en dĂ©tail les documents disponibles sur Aginter Press. Le sĂ©nateur Manca lâinterrogea La CIA amĂ©ricaine est-elle, selon vous, directement responsable des opĂ©rations menĂ©es par Aginter Press ? », ce Ă quoi le juge rĂ©pondit SĂ©nateur Manca, vous posez lĂ une question trĂšs importante », et demanda, compte tenu de la nature dĂ©licate de sa rĂ©ponse, Ă pouvoir y rĂ©pondre en privĂ©. On le lui accorda et tous les documents furent dĂšs lors classĂ©s confidentiels. [5] En public, le juge Salvini expliqua quâil est difficile de donner une dĂ©finition exacte de ce quâest Aginter Press », mais se livra tout de mĂȘme Ă une tentative de description Câest une organisation qui, dans de nombreux pays, en Italie notamment, inspire et soutient les plans de groupes soigneusement choisis qui agissent selon des protocoles dĂ©finis contre une situation quâils ont dĂ©cidĂ©e de combattre. » LâarmĂ©e anticommuniste secrĂšte de la CIA Aginter Press opĂšre, poursuivit-il, en fonction de ses buts et de ses valeurs, qui sont essentiellement la dĂ©fense de lâOccident contre une probable et imminente invasion de lâEurope par les troupes de lâURSS et des pays communistes ». [6] Toujours selon le juge italien, lâarmĂ©e secrĂšte portugaise assurait, comme la plupart des autres rĂ©seaux dâEurope de lâOuest, une double fonction. Le rĂ©seau stay-behind sâentraĂźnait secrĂštement pour une Ă©ventuelle invasion soviĂ©tique et, dans lâattente de cette invasion, sâen prenait aux mouvements politiques de gauche, suivant des stratĂ©gies de guerre clandestine pratiquĂ©es dans plusieurs pays dâEurope occidentale. Si bon nombre de ses membres avaient dĂ©jĂ servi dans diffĂ©rents groupuscules anticommunistes au cours des annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, Aginter Press ne fut officiellement fondĂ©e Ă Lisbonne quâen septembre 1966. Il semble que ses fondateurs et la CIA aient Ă©tĂ© guidĂ©s moins par la crainte dâune invasion soviĂ©tique que par les possibilitĂ©s dâaction interne. En effet, cette pĂ©riode Ă©tait marquĂ©e par les manifestations de la gauche dĂ©nonçant la guerre au Vietnam et le soutien apportĂ© par les Ătats-Unis aux dictatures dâextrĂȘme droite en AmĂ©rique Latine et en Europe, au Portugal notamment. Le dictateur Salazar et sa police, la PIDE, redoutaient particuliĂšrement les consĂ©quences dâun tel mouvement social susceptible de dĂ©stabiliser le rĂ©gime, ils firent donc appel Ă Aginter Press afin de lâenrayer. La plupart des soldats de lâombre qui furent recrutĂ©s par la CIA pour aller grossir les rangs de cette armĂ©e secrĂšte avaient dĂ©jĂ combattu en Afrique et en Asie du Sud-Est oĂč ils avaient en vain tentĂ© dâempĂȘcher lâaccession Ă lâindĂ©pendance des anciennes colonies europĂ©ennes. Le directeur dâAginter Press, le capitaine Yves GuĂ©rain-SĂ©rac lui-mĂȘme, catholique fervent et ardent anticommuniste recrutĂ© par la CIA, Ă©tait un ancien officier de lâarmĂ©e française qui avait assistĂ© Ă la dĂ©faite de la France face au Reich au cours de la seconde guerre mondiale. Il avait Ă©galement combattu pendant la guerre dâIndochine 1946-1954, la guerre de CorĂ©e 1950-1953 et la Guerre dâAlgĂ©rie 1954-1962. Il avait servi dans la fameuse 11e Demi-Brigade Parachutiste de Choc, lâunitĂ© chargĂ©e des coups tordus placĂ©e sous les ordres du SDECE, le service de renseignement extĂ©rieur français, lui-mĂȘme proche du rĂ©seau stay-behind Rose des Vents. En 1961, GuĂ©rain-SĂ©rac avait fondĂ©, avec dâautres officiers aguerris du 11e Choc, lâOrganisation de lâArmĂ©e SecrĂšte, ou OAS, qui lutta pour lâAlgĂ©rie française et tenta de renverser le gouvernement du gĂ©nĂ©ral de Gaulle pour instaurer un rĂ©gime autoritaire anticommuniste. AprĂšs que lâAlgĂ©rie eut accĂ©dĂ© Ă lâindĂ©pendance en 1962 et que de Gaulle eut dissous lâOAS, les anciens officiers de lâarmĂ©e secrĂšte, dont GuĂ©rain-SĂ©rac, couraient toujours un grand danger. Ils fuirent lâAlgĂ©rie et offrirent aux dictateurs dâAmĂ©rique Latine et dâEurope leur grande expĂ©rience de la guerre secrĂšte, des opĂ©rations clandestines, du terrorisme et du contre-terrorisme en Ă©change du droit dâasile. [7] Cette diaspora de lâOAS vint renforcer les organisations dâactivistes dâextrĂȘme droite de nombreux pays. En juin 1962, Franco fit appel aux talents dâYves GuĂ©rain-SĂ©rac afin quâil rejoigne le combat de lâarmĂ©e secrĂšte espagnole contre lâopposition. DâEspagne, GuĂ©rain-SĂ©rac gagna ensuite le Portugal, qui Ă©tait Ă ses yeux le dernier empire colonial et surtout le dernier rempart contre le communisme et lâathĂ©isme. En parfait soldat de la guerre froide, il offrit ses services Ă Salazar Les autres ont dĂ©posĂ© les armes, moi non. AprĂšs lâOAS, jâai fui au Portugal pour continuer le combat et le mener Ă sa vĂ©ritable Ă©chelle - câest-Ă -dire Ă lâĂ©chelle planĂ©taire ». [8] Au Portugal, GuĂ©rain-SĂ©rac sâassocia Ă des extrĂ©mistes français et Ă des renĂ©gats de lâOAS. Lâancien pĂ©tainiste Jacques Ploncard dâAssac le prĂ©senta aux milieux fascistes et aux membres de la PIDE. En raison de sa grande expĂ©rience, GuĂ©rain-SĂ©rac fut recrutĂ© comme instructeur au sein de la Legiao Portuguesa et des unitĂ©s de contre-guĂ©rilla de lâarmĂ©e portugaise. Câest dans ce contexte quâil crĂ©a, avec lâaide de la PIDE et de la CIA, Aginter Press, une armĂ©e anticommuniste ultra-secrĂšte. Lâorganisation mit en place ses propres camps dâentraĂźnement dans lesquels mercenaires et terroristes suivaient un programme de trois semaines de formation aux opĂ©rations secrĂštes comprenant notamment les techniques dâattentat Ă la bombe, dâassassinat silencieux, les mĂ©thodes de subversion, de communication clandestine, dâinfiltration et de guerre coloniale. Aux cĂŽtĂ©s de GuĂ©rain-SĂ©rac, le terroriste dâextrĂȘme droite Stefano Delle Chiaie participa lui aussi Ă la fondation dâAginter Press. Nous agissions contre les communistes, contre la bourgeoisie Ă©tablie et contre la dĂ©mocratie qui nous avait privĂ© de notre libertĂ©. Nous Ă©tions donc forcĂ©s de recourir Ă la violence », expliqua plus tard Delle Chiaie. On nous considĂ©rait comme des criminels mais en rĂ©alitĂ© nous Ă©tions les victimes dâun mouvement libĂ©ral antifasciste. Nous voulions rĂ©pandre nos idĂ©es, nous voulions ĂȘtre entendus dans le monde entier. » Vers le milieu des annĂ©es soixante, Delle Chiaie, alors ĂągĂ© de 30 ans, fonda avec GuĂ©rain-SĂ©rac, et avec le soutien de la CIA, lâarmĂ©e secrĂšte Aginter. Avec un de mes amis français [GuĂ©rain-SĂ©rac], jâai alors dĂ©cidĂ© [en 1965] de fonder lâagence de presse Aginter Press afin de nous donner les moyens de dĂ©fendre nos opinions politiques. » [9] Au cours des annĂ©es qui suivirent, Delle Chiaie devint peut-ĂȘtre le combattant le plus sanguinaire de la guerre secrĂšte. En Italie, il prit part Ă des coups dâĂtat et Ă des attentats, dont celui de la Piazza Fontana en 1969, et, avec le nazi Klaus Barbie, dit le Boucher de Lyon », il contribua Ă consolider le pouvoir de dictateurs sud-amĂ©ricains. [10] Nos effectifs se composent de deux types dâhommes 1 des officiers qui nous ont rejoints aprĂšs avoir combattu en Indochine et en AlgĂ©rie et mĂȘme certains qui se sont engagĂ©s aprĂšs la bataille de CorĂ©e », expliqua le directeur dâAginter GuĂ©rain-SĂ©rac en personne, 2 des intellectuels qui pendant cette mĂȘme pĂ©riode se sont intĂ©ressĂ©s Ă lâĂ©tude des techniques de subversion marxiste ». Ces intellectuels, comme il le fit observer, avaient formĂ© des groupes dâĂ©tude et partageaient leurs expĂ©riences pour tenter de dissĂ©quer les techniques de subversion marxiste et de jeter les bases dâune contre-technique ». La bataille, cela ne faisait aucun doute pour lui, devait ĂȘtre menĂ©e dans de nombreux pays Au cours de cette pĂ©riode, nous avons Ă©tabli des contacts systĂ©matiques avec des groupes aux idĂ©es proches des nĂŽtres qui ont Ă©mergĂ© en Italie, en Belgique, en Allemagne, en Espagne et au Portugal, dans lâoptique de constituer le noyau dâune vĂ©ritable Ligue Occidentale de Lutte contre le Marxisme ». [11] DĂ©barquant directement de théùtres dâopĂ©rations, de nombreux combattants de lâombre, et surtout leurs instructeurs, dont GuĂ©rain-SĂ©rac, nâavaient que peu dâestime ou de connaissance des mĂ©thodes de rĂ©solution pacifique de conflits. Le directeur dâAginter lui-mĂȘme Ă©tait convaincu, comme beaucoup dâautres, que la lutte contre le communisme en Europe de lâOuest impliquait nĂ©cessairement le recours au terrorisme Dans la premiĂšre phase de notre activitĂ© politique, nous devons instaurer le chaos dans toutes les structures du rĂ©gime », dĂ©clara-t-il sans prĂ©ciser Ă quel pays il faisait allusion. Deux formes de terrorisme permettent dâobtenir un tel rĂ©sultat le terrorisme aveugle par des attentats visant un grand nombre de civils et le terrorisme sĂ©lectif par lâĂ©limination de personnalitĂ©s ciblĂ©es. » Dans un cas comme dans lâautre, lâattentat secrĂštement perpĂ©trĂ© par lâextrĂȘme droite devait ĂȘtre imputĂ© Ă la gauche, comme le souligna le champion et idĂ©ologue du terrorisme anticommuniste Ces attaques contre lâĂtat doivent autant que possible passer pour des âactivitĂ©s communistesâ ». Les attentats terroristes des armĂ©es secrĂštes Ă©taient conçus comme un moyen de discrĂ©diter le rĂ©gime en place et de le contraindre Ă basculer Ă droite Ensuite, nous devons intervenir au cĆur de lâappareil militaire, du pouvoir judiciaire et de lâĂglise, afin dâinfluencer lâopinion publique, de proposer une solution et de dĂ©montrer clairement la faiblesse de lâarsenal juridique actuel ... Lâopinion publique doit ĂȘtre polarisĂ©e de telle maniĂšre que nous apparaissions comme le seul instrument capable de sauver la nation. Il semble Ă©vident que nous aurons besoin de moyens financiers considĂ©rables pour mener Ă bien de telles opĂ©rations. » [12] Humberto Delgado, le gĂ©nĂ©ral sans peur », se prĂ©sente Ă lâĂ©lection prĂ©sidentielle portugaise de 1958. Il est battu grĂące Ă une gigantesque fraude Ă©lectorale et doit sâenfuir en AlgĂ©rie. Il est assassinĂ© en 1965 par un commando de la PIDE prĂ©parĂ© par le Gladio, sous le commandement de Rosa Casaco. La CIA et la PIDE, les services secrets militaires de Salazar, se chargĂšrent de fournir les fonds nĂ©cessaires Ă lâentreprise terroriste du capitaine GuĂ©rain-SĂ©rac. Câest dans un document interne dâAginter intitulĂ© Notre ActivitĂ© Politique » et datĂ© de novembre 1969 et qui fut dĂ©couvert fin 1974 que celui-ci dĂ©crit comment un pays peut ĂȘtre la cible dâune guerre secrĂšte Notre conviction est que la premiĂšre phase de lâactivitĂ© politique doit consister Ă crĂ©er les conditions favorables Ă lâinstauration du chaos dans toutes les structures du rĂ©gime ». ĂlĂ©ment essentiel de cette stratĂ©gie, les violences perpĂ©trĂ©es devaient ĂȘtre mises Ă lâactif des communistes et chaque indice devait, bien entendu, mener Ă cette conclusion. Nous pensons quâil faut, dans un premier temps, dĂ©truire la structure mĂȘme de lâĂtat dĂ©mocratique sous couvert dâactivitĂ©s communistes ou pro-chinoises. » Le document insistait ensuite sur la nĂ©cessitĂ© dâinfiltrer les groupes de militants de gauche afin de mieux les manipuler En outre, nous disposons dâhommes infiltrĂ©s dans ces groupes et qui nous permettront dâagir sur lâidĂ©ologie mĂȘme du milieu - par des actions de propagande et autres, menĂ©es de telle maniĂšre quâelles sembleront ĂȘtre lâĆuvre de nos adversaires communistes ». De telles opĂ©rations menĂ©es sous fausse banniĂšre, concluait ce plan dâaction, crĂ©eront un sentiment dâhostilitĂ© Ă lâĂ©gard de ceux qui menacent la paix de chacune de nos nations », comprenez les communistes. [13] Au cours de la premiĂšre phase de leur plan, les officiers, mercenaires et terroristes dâAginter Press sâemployĂšrent Ă affaiblir et Ă anĂ©antir les factions de guĂ©rilleros luttant pour lâindĂ©pendance des colonies portugaises. Vers le milieu des annĂ©es soixante, le premier théùtre dâopĂ©rations de lâorganisation ne fut donc pas lâEurope mais lâAfrique oĂč lâarmĂ©e portugaise Ă©tait aux prises avec des mouvements indĂ©pendantistes. Aginter dĂ©ploya ses responsables dâopĂ©rations dans les pays limitrophes de lâAfrique portugaise. Leurs objectifs comportaient lâĂ©limination des leaders des mouvements de libĂ©ration, lâinfiltration, lâĂ©tablissement de rĂ©seaux dâinformateurs et dâagents provocateurs et lâutilisation de faux mouvements de libĂ©ration. » [14] Ces guerres secrĂštes Ă©taient menĂ©es en coordination avec la PIDE et dâautres services du gouvernement portugais. Aginter correspondait par Ă©crit avec la PIDE dans le cadre de ses opĂ©rations spĂ©ciales et de ses missions dâespionnage. ». [15] AmĂlcar Cabral, le leader du Partido Africano da IndependĂȘncia da GuinĂ© e Cabo Verde PAIGC, rĂȘvait de libĂ©rer la GuinĂ©e et le Cap Vert du colonialisme portugais, et de les fusionner au sein dâun seul Etat souverain et socialiste. Il a Ă©tĂ© assassinĂ© en 1973 par le Gladio. Parmi les plus importantes personnalitĂ©s qui furent victimes des assassinats orchestrĂ©s par Aginter au Portugal et dans les colonies figurent vraisemblablement Humberto Delgado, leader de lâopposition portugaise, Amilcar Cabral, lâune des figures emblĂ©matiques de la rĂ©volution africaine, et Eduardo Mondlane, leader et prĂ©sident du parti de libĂ©ration du Mozambique, le FRELIMO Frente de Liberaçao de Moçambique, qui fut tuĂ© en fĂ©vrier 1969. [16] MalgrĂ© la violence des mĂ©thodes employĂ©es, le Portugal ne parvint Ă empĂȘcher ses colonies dâaccĂ©der Ă lâindĂ©pendance. Goa fut rattachĂ©e Ă lâInde en 1961. La GuinĂ©e-Bissau devint indĂ©pendante en 1974, lâAngola et le Mozambique en 1975 tandis que, la mĂȘme annĂ©e, le Timor Oriental Ă©tait envahi par lâIndonĂ©sie. ParallĂšlement Ă ces guerres coloniales, Aginter Press joua Ă©galement un rĂŽle majeur dans les guerres secrĂštes menĂ©es contre les communistes dâEurope occidentale. Les documents disponibles sur les armĂ©es stay-behind de lâOTAN et la guerre clandestine semblent indiquer que lâorganisation lisbonnaise fut responsable de plus de violences et de meurtres quâaucune autre armĂ©e secrĂšte du vieux continent. Ses soldats de lâombre agissaient avec une mentalitĂ© Ă part. Contrairement Ă leurs homologues du P26 suisse ou du ROC norvĂ©gien, ils prenaient part Ă de vĂ©ritables guerres ouvertes dans les colonies et tuaient Ă la chaĂźne, sous le commandement dâun capitaine qui, fort dâune expĂ©rience acquise en Indochine, en CorĂ©e et en AlgĂ©rie, ne concevait aucun autre moyen dâaction que la violence. Lâexaction commise par les combattants de lâombre au nom de la lutte contre le communisme sur laquelle nous sommes le mieux renseignĂ©s est probablement lâattentat de la Piazza Fontana qui frappa les capitales politiques et industrielles de lâItalie, Rome et Milan, peu avant NoĂ«l, le 12 dĂ©cembre 1969. Ce jour-lĂ , 4 bombes explosĂšrent dans les deux villes, tuant aveuglĂ©ment 16 civils, pour la plupart des paysans qui se rendaient Ă la Banca Nazionale DellâAgricultura de Milan pour y dĂ©poser les modestes revenus dâune journĂ©e de marchĂ©. Quatre-vingts autres personnes furent blessĂ©es et mutilĂ©es. Lâune des bombes posĂ©es sur la Piazza Fontana nâexplosa pas Ă cause dâun dysfonctionnement de la minuterie, mais quand les agents du SID et la police arrivĂšrent sur les lieux, ils sâempressĂšrent de dĂ©truire les indices compromettants en faisant exploser la bombe. LâexĂ©cution de cet attentat obĂ©issait strictement aux stratĂ©gies de guerre secrĂšte dĂ©finies par GuĂ©rain-SĂ©rac. Les services secrets militaires italiens attribuĂšrent cet acte Ă lâextrĂȘme gauche, allant pour ce faire jusquâĂ placer les composants dâun engin explosif dans la villa de lâĂ©diteur Giangiacomo Feltrinelli, connu pour ses idĂ©es de gauche, et raflĂšrent dans la foulĂ©e de nombreux communistes. [17] Un rapport interne du SID classĂ© confidentiel et datĂ© du 16 dĂ©cembre 1969 soupçonnait dĂ©jĂ que les attentats de Rome et Milan aient pu ĂȘtre le fait de lâextrĂȘme droite avec lâappui de la CIA. [18] Toutefois lâopinion publique italienne fut confortĂ©e dans lâidĂ©e que les communistes italiens, alors trĂšs influents, avaient dĂ©cidĂ© de recourir Ă la violence pour conquĂ©rir le pouvoir. En rĂ©alitĂ©, la paternitĂ© de ces actes revenait vraisemblablement aux organisations fascistes Ordine Nuovo et Avanguardia Nazionale qui agissaient en Ă©troite collaboration avec les armĂ©es stay-behind. Le militant dâextrĂȘme droite Guido Giannettini, qui fut directement impliquĂ© dans les attentats, Ă©tait un proche collaborateur de lâorganisation portugaise Aginter Press. LâenquĂȘte a confirmĂ© que des liens ont bien existĂ© entre Aginter Press, Ordine Nuovo et Avanguardia Nazionale », annonça le juge Salvini aux membres de la commission dâenquĂȘte sĂ©natoriale. Il ressort clairement que Guido Giannettini Ă©tait en contact avec GuĂ©rain-SĂ©rac au Portugal depuis 1964. Il est Ă©tabli que des instructeurs dâAginter Press ... se sont rendus Ă Rome entre 1967 et 1968 et y ont entraĂźnĂ© les membres dâAvanguardia Nazionale au maniement des explosifs. » Le juge Salvini conclut, sur la base des documents disponibles et des tĂ©moignages recueillis, quâAginter Press, une façade de la CIA, avait jouĂ© un rĂŽle dĂ©cisif dans les opĂ©rations de guerre clandestines menĂ©es en Europe de lâOuest et avait entrepris une sĂ©rie dâattentats trĂšs meurtriers en vue de discrĂ©diter les communistes italiens. [19] Ces faits furent confirmĂ©s en mars 2001 par le gĂ©nĂ©ral Giandelio Maletti, ancien patron du contre-espionnage italien, qui tĂ©moigna dans le cadre du procĂšs de militants dâextrĂȘme droite accusĂ©s dâavoir provoquĂ© la mort de 16 personnes lors des attentats de la Piazza Fontana. Devant le tribunal de Milan, Maletti dĂ©clara que La CIA, suivant les directives de son gouvernement, voulait faire naĂźtre un nationalisme italien capable dâenrayer le basculement Ă gauche du pays et, dans cette optique, il nâest pas impossible quâelle ait fait appel Ă des terroristes dâextrĂȘme droite ». Ce tĂ©moignage capital assimilait la CIA Ă une organisation terroriste. Nâoubliez pas que câest Nixon qui Ă©tait alors aux affaires », rappela le gĂ©nĂ©ral, et Nixon nâĂ©tait pas un type ordinaire, un trĂšs fin politicien mais un homme aux mĂ©thodes peu orthodoxes ». [20] Le juge italien Guido Salvini confirma que tous les pistes conduisaient Ă un service de renseignement Ă©tranger ». Par âservice de renseignement Ă©trangerâ, vous entendez la CIA ? », insistĂšrent les journalistes italiens Ă qui Salvini fit cette rĂ©ponse prudente Nous sommes en mesure dâaffirmer que nous savons pertinemment qui a participĂ© Ă la prĂ©paration des attentats et qui Ă©tait assis Ă la table lorsque les ordres ont Ă©tĂ© donnĂ©s. Câest incontestable. » [21] Non content de lutter contre le communisme en Italie, le capitaine GuĂ©rain-SĂ©rac Ă©tait fermement rĂ©solu Ă mener le combat Ă lâĂ©chelle mondiale. Dans ce but, des agents dâAginter, dont lâAmĂ©ricain Jay Sablonsky, participĂšrent aux cĂŽtĂ©s de la CIA et des BĂ©rets Verts Ă la tristement cĂ©lĂšbre contre-guĂ©rilla au Guatemala qui fit, entre 1968 et 1971, environ 50000 morts, des civils pour la plupart. Les hommes dâAginter Ă©taient Ă©galement prĂ©sents au Chili en 1973 oĂč ils participĂšrent au coup dâĂtat par lequel la CIA remplaça le PrĂ©sident socialiste dĂ©mocratiquement Ă©lu Salvador Allende par le dictateur Augusto Pinochet. [22] Depuis le refuge que constituait la dictature dâextrĂȘme droite de Salazar, Aginter Press pouvait ainsi envoyer ses soldats de lâombre combattre dans de nombreux pays du monde entier. Cette situation perdura jusquâĂ la RĂ©volution des Ćillets » de mai 1974 qui mit un terme Ă la dictature et ouvrit la voie au rĂ©tablissement de la dĂ©mocratie au Portugal. Les combattants de lâombre savaient que la survie de leur organisation Ă©tait Ă©troitement liĂ©e Ă celle du rĂ©gime totalitaire. En apprenant que des officiers de gauche de lâarmĂ©e portugaise prĂ©paraient un putsch qui devait initier la RĂ©volution des Ćillets, les agents dâAginter complotĂšrent avec le gĂ©nĂ©ral Spinola en vue dâĂ©liminer les centristes portugais. Ils prĂ©voyaient dâenvahir lâarchipel des Açores afin dâen faire un territoire indĂ©pendant et de lâutiliser comme une base arriĂšre pour lancer leurs opĂ©rations sur le continent. Le projet ayant Ă©chouĂ©, Aginter fut balayĂ©e en mĂȘme temps que la dictature quand le 1er mai 1974 les officiers gauchisants prirent le pouvoir mettant ainsi un terme Ă prĂšs de 50 ans de totalitarisme. Trois semaines plus tard, le 22 mai, sur ordre des nouveaux dirigeants du pays, des unitĂ©s spĂ©ciales de la police portugaise investirent le quartier gĂ©nĂ©ral dâAginter Press de la Rua das Pracas Ă Lisbonne afin de fermer la sinistre agence et de saisir tout le matĂ©riel. Mais quand elles arrivĂšrent sur place, les locaux avaient dĂ©jĂ Ă©tĂ© vidĂ©s. GrĂące Ă leurs contacts au sein des services de renseignement, les agents de lâorganisation avaient pu ĂȘtre prĂ©venus Ă temps et disparaĂźtre dans la nature, aucun dâentre eux ne fut arrĂȘtĂ©. Dans leur prĂ©cipitation, ils oubliĂšrent cependant quelques documents. Les forces de police parvinrent Ă recueillir un grand nombre de preuves Ă©tablissant la responsabilitĂ© de la filiale de la CIA Aginter Press dans de nombreux actes de terrorisme. Comme la jeune dĂ©mocratie tentait dâen finir avec lâancien appareil sĂ©curitaire hĂ©ritĂ© de la dictature, la PIDE, les services secrets militaires et la Legiao Portuguesa furent dissous. La Commission pour le dĂ©mantĂšlement de la PIDE et de la LĂ©gion Portugaise » Comissao de Extinçao da PIDE e da Legiao dĂ©couvrit bientĂŽt que la PIDE avait, avec le concours de la CIA, dirigĂ© une armĂ©e secrĂšte baptisĂ©e Aginter Press ; elle demanda Ă consulter les dossiers rĂ©unis sur lâAgence suite Ă la perquisition de ses locaux et qui renfermaient toutes les preuves nĂ©cessaires. Pour la premiĂšre fois, lâhistoire de lâarmĂ©e secrĂšte portugaise allait faire lâobjet dâune enquĂȘte. Mais soudain tous les dossiers se volatilisĂšrent. Le dossier âAginter Pressâ fut dĂ©robĂ© Ă la Commission pour le dĂ©mantĂšlement de la PIDE et de la LĂ©gion Portugaise et disparut dĂ©finitivement », dĂ©plora le quotidien portugais O Jornal quelques annĂ©es plus tard dans un article consacrĂ© au rĂ©seau Gladio. [23] Comment cela a-t-il pu se produire ? Pourquoi la commission sâest-elle montrĂ©e aussi nĂ©gligente face Ă des informations aussi essentielles ? LâItalien Barbachetto qui travaille pour le magazine politique milanais LâEuropeo Ă©crivit par la suite Trois de mes collĂšgues Ă©taient prĂ©sents lors de la saisie des archives dâAginter. Ils nâont pu photographier que quelques fragments de la quantitĂ© considĂ©rable de donnĂ©es recueillies ce jour-lĂ . » Sous les titres Mafia » ou Contributeurs financiers allemands », les documents saisis rĂ©vĂ©laient les noms de codes des partenaires dâAginter. Les documents ont Ă©tĂ© dĂ©truits par lâarmĂ©e portugaise », indiquait Barbachetto, elle cherchait visiblement Ă Ă©viter des incidents diplomatiques avec les gouvernements italien, français et allemand, incidents qui nâauraient pas manquĂ© de survenir si les activitĂ©s dâAginter dans ces pays avaient Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©es ». [24] La PIDE fut remplacĂ©e par un nouveau service de renseignement portugais, le SDCI, qui enquĂȘta sur Aginter et conclut que la sinistre organisation avait eu 4 missions. Tout dâabord, elle avait servi de bureau dâespionnage dirigĂ© par la police portugaise et, Ă travers elle, par la CIA, le BND ouest-allemand ou âOrganisation Gehlenâ, la Direccion General de Seguridad espagnole, le BOSS sud-africain et, plus tard, le KYP grec ». ParallĂšlement Ă cette fonction de collecte de renseignement, Aginter Press avait Ă©galement fait office de centre de recrutement et dâentraĂźnement de mercenaires et de terroristes spĂ©cialisĂ©s dans le sabotage et lâassassinat ». Selon le rapport du SDCI, lâAgence avait aussi Ă©tĂ© un centre stratĂ©gique pour des opĂ©rations dâendoctrinement dâextrĂȘme droite et nĂ©o-fasciste en Afrique sub-saharienne, en AmĂ©rique du Sud et en Europe menĂ©es en collaboration avec des rĂ©gimes fascistes ou assimilĂ©s, des figures bien connues de lâextrĂȘme droite et des groupes nĂ©o-fascistes actifs au niveau international ». Enfin, Aginter Ă©tait la couverture dâune armĂ©e secrĂšte anticommuniste, une organisation fasciste internationale baptisĂ©e âOrdre et Traditionâ avec son aile paramilitaire, lâOACI, âOrganisation ArmĂ©e contre le Communisme Internationalâ ». [25] AprĂšs la chute de la dictature, GuĂ©rain-SĂ©rac et ses activistes anticommunistes fuirent le Portugal pour lâEspagne voisine oĂč, sous la protection de Franco, ils Ă©tablirent leur nouveau quartier gĂ©nĂ©ral Ă Madrid. En Ă©change de lâasile politique, les combattants dâAginter, fidĂšles Ă leur engagement, se mirent Ă la disposition des services secrets espagnols pour traquer et Ă©liminer les dirigeants du mouvement sĂ©paratiste basque ETA. Ils poursuivirent leurs opĂ©rations clandestines Ă lâĂ©tranger et ĆuvrĂšrent notamment Ă discrĂ©diter le Front de LibĂ©ration National algĂ©rien. Je peux vous citer un autre exemple particuliĂšrement intĂ©ressant », dĂ©clara le juge Salvini aux sĂ©nateurs italiens et il leur rĂ©vĂ©la comment en 1975, depuis leur base espagnole, les hommes de GuĂ©rain-SĂ©rac assistĂ©s de lâAmĂ©ricain Salby et dâextrĂ©mistes français, italiens et espagnols, avaient organisĂ© une sĂ©rie dâattentats quâils signaient SOA afin de compromettre les Soldats de lâOpposition AlgĂ©rienne. Les bombes furent placĂ©es dans les ambassades algĂ©riennes en France, en Allemagne, en Italie et en Grande-Bretagne » et dĂ©tĂ©riorĂšrent lâimage de lâopposition algĂ©rienne alors quâen rĂ©alitĂ© les attentats Ă©taient lâĆuvre du groupe de GuĂ©rain-SĂ©rac, ce qui donne une idĂ©e de ses capacitĂ©s de dissimulation et dâinfiltration ». La bombe posĂ©e devant lâambassade algĂ©rienne Ă Francfort nâexplosa pas et fut soigneusement examinĂ©e par la police allemande. Pour comprendre les liens unissant GuĂ©rain-SĂ©rac et Aginter Press, il suffit dâobserver la complexitĂ© de lâengin explosif », souligna le juge Salvini. Il contenait du C4, un explosif utilisĂ© exclusivement par lâarmĂ©e amĂ©ricaine dont on ne retrouve la trace dans aucun attentat commis par des anarchistes. Je le rĂ©pĂšte, câĂ©tait une bombe trĂšs sophistiquĂ©e. Or Aginter disposait de C4, on peut donc aisĂ©ment en dĂ©duire les appuis dont elle a pu bĂ©nĂ©ficier. ». [26] Quand le rĂ©gime dictatorial sâeffondra Ă la mort de Franco le 20 novembre 1975, GuĂ©rain-SĂ©rac et son armĂ©e secrĂšte furent une fois de plus contraints de prendre la fuite. La police espagnole prit tout son temps pour enquĂȘter sur les traces quâAginter laissa derriĂšre elle et ce nâest quâen fĂ©vrier 1977 quâelle perquisitionna au 39 de la rue Pelayo, le quartier gĂ©nĂ©ral de lâorganisation, et dĂ©couvrit un vĂ©ritable arsenal composĂ© de fusils et dâexplosifs. Mais Delle Chiaie, GuĂ©rain-SĂ©rac et leurs soldats avaient depuis longtemps fui lâEspagne pour lâAmĂ©rique latine oĂč beaucoup dâentre eux choisirent le Chili comme nouvelle base pour leurs opĂ©rations. GuĂ©rain-SĂ©rac fut aperçu pour la derniĂšre fois en Espagne en 1997. [27] LâarmĂ©e secrĂšte anticommuniste portugaise fit une nouvelle fois parler dâelle en 1990, quand le Premier ministre Giulio Andreotti rĂ©vĂ©la que des armĂ©es stay-behind bĂąties par lâOTAN existaient en Italie et dans dâautres pays. Le 17 novembre 1990, la vague atteignit Lisbonne oĂč le quotidien Expresso rapporta sous le titre Gladio. Les Soldats de la guerre froide » que le scandale a franchi les frontiĂšres de lâItalie puisque lâexistence de rĂ©seaux secrets Gladio a Ă©tĂ© confirmĂ©e officiellement en Belgique, en France, aux Pays-Bas, au Luxembourg, en Allemagne et semi-officiellement en SuĂšde, en NorvĂšge, au Danemark, en Autriche, en Suisse, en GrĂšce, en Turquie, en Espagne, au Royaume-Uni et au Portugal ». [28] TrĂšs prĂ©occupĂ©, le ministre de la DĂ©fense portugais Fernando Nogueira dĂ©clara publiquement le 16 novembre 1990 quâil nâavait pas connaissance de lâexistence dâune branche du rĂ©seau stay-behind au Portugal et prĂ©tendit que ni son ministĂšre ni lâĂtat-major des armĂ©es portugaises ne disposaient dâinformations quelles quâelles soient concernant lâexistence ou lâactivitĂ© dâun âstructure Gladioâ au Portugal ». [29] Le journal portugais Diario De Noticias regretta que Les dĂ©clarations laconiques de Fernando Nogueira soient corroborĂ©es, dâune maniĂšre ou dâune autre, par dâanciens ministres de la DĂ©fense, tels que Eurico de Melo et Rui Machete, ainsi que par [lâancien ministre des Affaires Ă©trangĂšres] Franco Nogueira et le marĂ©chal Costa Gomes, qui nous ont confirmĂ© quâils ne savaient absolument rien de cette affaire. La mĂȘme position a Ă©tĂ© adoptĂ©e par des parlementaires de lâopposition membres de la Commission parlementaire de la DĂ©fense. » [30]. Costa Gomes, qui avait Ă©tĂ© officier de liaison auprĂšs de lâOTAN, soutint quâil nâavait jamais eu connaissance dâun rĂ©seau clandestin bien quâil eĂ»t assistĂ© entre 1953 et 1959 Ă toutes les rĂ©unions de lâAlliance ». Dans le mĂȘme temps, il reconnut quâil nâĂ©tait pas impossible quâun Gladio portugais ait existĂ© avec le soutien de la PIDE et de certaines personnes Ă©trangĂšres au gouvernement. De telles connexions », expliqua Costa Gomes, si elles ont vraiment existĂ©, nâauraient pu fonctionner que parallĂšlement aux structures officielles » et lui auraient donc Ă©tĂ© totalement inconnues. Sur le mĂȘme mode, Franco Nogueira, qui avait Ă©tĂ© ministre des Affaires Ă©trangĂšres sous Salazar, dĂ©clara Je nâai jamais soupçonnĂ© lâexistence de cette organisation. Ni lorsque jâĂ©tais aux Affaires Ă©trangĂšres et que je cĂŽtoyais des responsables de lâOTAN ni plus tard. » Il prĂ©cisa que si Gladio avait opĂ©rĂ© au Portugal, cette activitĂ© aurait certainement Ă©tĂ© connue du Dr Salazar ». Comme le sous-entendait Nogueira, Salazar aurait certainement communiquĂ© cette information au chef de sa diplomatie Jâai beaucoup de mal Ă imaginer que ce rĂ©seau ait entretenu des liens avec la PIDE ou la Legiao Portuguesa. Câest pourquoi je suis convaincu que ce Gladio nâa jamais existĂ© dans notre pays mĂȘme si, bien sĂ»r, dans la vie, rien nâest impossible. » [31]. Tandis que les reprĂ©sentants du gouvernement se refusaient Ă divulguer toute information sur la guerre secrĂšte, la presse portugaise ne pouvait que constater lâĂ©vidence et dĂ©plorer que visiblement, plusieurs gouvernements europĂ©ens [avaient] perdu le contrĂŽle de leurs services secrets » tout en dĂ©nonçant la doctrine de confiance limitĂ©e » adoptĂ©e par lâOTAN. Une telle doctrine implique que certains gouvernements nâen auraient pas suffisamment fait pour combattre le communisme et quâil nâĂ©tait donc pas nĂ©cessaire de les tenir informĂ©s des activitĂ©s de lâarmĂ©e secrĂšte de lâOTAN. » [32] Seul un haut gradĂ© de lâarmĂ©e portugaise consentit Ă rĂ©vĂ©ler certains pans du secret sous couvert de lâanonymat. Un gĂ©nĂ©ral, qui avait commandĂ© lâĂtat-major portugais, confirma Ă un journaliste dâO Jornal quâun service dâinformation parallĂšle avait bel et bien existĂ© au Portugal et dans les colonies, dont le financement et le contrĂŽle nâĂ©taient pas du ressort des forces armĂ©es mais dĂ©pendaient du ministĂšre de la DĂ©fense, du ministĂšre de lâIntĂ©rieur et du ministĂšre des Affaires coloniales. En outre, ce service parallĂšle Ă©tait directement liĂ© Ă la PIDE et Ă la Legiao Portuguesa. » [33] Il nây eut aucune enquĂȘte officielle sur le sujet, Ă peine un simple rapport parlementaire. Le mystĂšre soulevĂ© par ces vagues confirmations demeure par consĂ©quent entier.
L'Organisation de l'armĂ©e secrĂšte, ou Organisation armĂ©e secrĂšte, surtout connue par le sigle OAS, est une organisation politico-militaire clandestine française proche de l'extrĂȘme droite créée le 11 fĂ©vrier 1961 pour la dĂ©fense de la prĂ©sence française en AlgĂ©rie par tous les moyens, y compris le terrorisme Ă grande Ă©chelle. Un an aprĂšs l'Ă©chec de la semaine des barricades, alors que le gouvernement français souhaite manifestement se dĂ©sengager en AlgĂ©rie, elle est créée Ă Madrid, lors d'une rencontre entre deux activistes importants, Jean-Jacques Susini et Pierre Lagaillarde, ralliant par la suite des militaires de haut rang, notamment le gĂ©nĂ©ral Raoul Salan. Le sigle OAS » fait volontairement rĂ©fĂ©rence Ă lâArmĂ©e secrĂšte AS de la RĂ©sistance. Il apparaĂźt sur les murs d'Alger le 16 mars 1961, et se rĂ©pand ensuite en AlgĂ©rie et en mĂ©tropole, liĂ© Ă divers slogans L'AlgĂ©rie est française et le restera », OAS vaincra », l'OAS frappe oĂč elle veut et quand elle veut », etc. Sur le plan pratique, il ne s'agit pas d'une organisation centralisĂ©e unifiĂ©e ; d'une façon trĂšs gĂ©nĂ©rale, elle est divisĂ©e en trois branches plus ou moins indĂ©pendantes, parfois rivales l' OAS Madrid », l' OAS Alger » et l' OAS MĂ©tro ». CrĂ©ation L'histoire de l'OAS se prĂ©sente comme la manifestation la plus radicale d'une partie de l'armĂ©e et de civils de la volontĂ© de conserver l'AlgĂ©rie française, oĂč vivaient un million d'habitants ayant le statut de citoyens français, et huit millions d'AlgĂ©riens ayant un statut juridique diffĂ©rent. L'AlgĂ©rie ayant alors le statut de dĂ©partement français, l'OAS voulait s'opposer par tous les moyens Ă la politique d'autodĂ©termination mise en place par Charles de Gaulle Ă partir de la fin de l'annĂ©e 1959. Le gĂ©nĂ©ral de Gaulle est arrivĂ© au pouvoir en 1958, Ă la suite du coup d'Ătat du 13 mai 1958, et ses premiĂšres dĂ©clarations Je vous ai compris » le 4 juin 1958 Ă Alger et Vive l'AlgĂ©rie française » le 6 juin Ă Mostaganem semblent porter les valeurs de l'AlgĂ©rie française. NĂ©anmoins, il ne manque pas d'annoncer Ă plusieurs occasions Ă Alger, Oran, Constantine, BĂŽne qu'il n'y a en AlgĂ©rie que des Français Ă part entiĂšre avec les mĂȘmes droits et les mĂȘmes devoirs », signifiant de fait que le systĂšme colonial tel qu'il existait en AlgĂ©rie ne pouvait plus ĂȘtre maintenu en l'Ă©tat, et, aprĂšs Mostaganem, il ne prononcera plus les mots d' AlgĂ©rie française ». La mise en place du plan de Constantine Ă©conomique en octobre 1958 et du plan Challe militaire en fĂ©vrier 1959 indique la volontĂ© du gouvernement de conserver une AlgĂ©rie oĂč la France joue un rĂŽle actif et rassure provisoirement les Français d'AlgĂ©rie. Ă plusieurs occasions au cours de l'annĂ©e 1959, de Gaulle souligne le caractĂšre propre de l'AlgĂ©rie et que son avenir dĂ©pendra du vote de ses habitants mais la plupart de ces dĂ©clarations ne suscitent guĂšre de rĂ©actions. C'est le discours de De Gaulle du 16 septembre 1959 proposant l'autodĂ©termination sur l'avenir de l'AlgĂ©rie qui suscite la surprise dans tous les milieux, et la stupĂ©faction dans la population europĂ©enne d'AlgĂ©rie. Ce discours ouvre trois possibilitĂ©s la francisation un seul pays rĂ©unissant la France et l'AlgĂ©rie et dont tous les citoyens ont les mĂȘmes droits, l'autonomie une fĂ©dĂ©ration entre la France et l'AlgĂ©rie, la sĂ©cession conduisant Ă l'indĂ©pendance. Pour la premiĂšre fois, il ouvre la possibilitĂ© de l'indĂ©pendance de l'AlgĂ©rie. Le 15 octobre 1959, l'AssemblĂ©e nationale valide la politique d'autodĂ©termination par 441 pour et 23 contre. Mais pour ceux qui refusent cette politique, regroupant certains membres de la classe politique Jacques Soustelle, Georges Bidault, ainsi qu'une partie de l'armĂ©e et des Français d'AlgĂ©rie, c'est une trahison. Le premier fait marquant de la rĂ©volte de la population française d'AlgĂ©rie contre ce discours est la semaine des barricades du 24 janvier au 1er fĂ©vrier 1960, mais l'armĂ©e ne bascule pas du cĂŽtĂ© des insurgĂ©s. Le 8 janvier 1961, le rĂ©fĂ©rendum sur l'autodĂ©termination en AlgĂ©rie est approuvĂ© par 75 % des votants8. Pour les partisans de l'AlgĂ©rie française, ce rĂ©fĂ©rendum annonce l'abandon de celle-ci. En fĂ©vrier 1961, un groupe, exilĂ© Ă Madrid Ă la fin de l'annĂ©e 1960 pour Ă©chapper au procĂšs de la semaine des barricades, se forme autour du gĂ©nĂ©ral Salan, de Pierre Lagaillarde et de Jean-Jacques Susini et crĂ©e l'OAS. Le 22 avril 1961, se dĂ©roule le putsch des gĂ©nĂ©raux Ă Alger, suivi par environ deux cents officiers. NĂ©anmoins, la plupart des officiers supĂ©rieurs adopte une attitude attentiste et la majoritĂ© de l'armĂ©e reste loyale au pouvoir mĂ©tropolitain, entraĂźnant l'Ă©chec du putsch en quelques jours. Ă la suite de cet Ă©chec, une bonne partie des insurgĂ©s ainsi que de nombreux civils dĂ©sertent et rejoignent la lutte clandestine dans les rangs de l'OAS, La cassure est totale avec de Gaulle et il s'ensuit une vĂ©ritable guerre entre les membres de l'OAS et l'Ătat. De Gaulle utilisera contre l'OAS aussi bien la police que des groupes illĂ©gaux les barbouzes, mais laissera l'armĂ©e en retrait car elle compte dans ses rangs de nombreux sympathisants Ă la cause AlgĂ©rie française » qui sont tentĂ©s de rejoindre l'Organisation. Elle ne sera utilisĂ©e contre l'OAS qu'aprĂšs la signature des accords d'Ăvian, au moment du siĂšge de Bab El Oued, de l'Ă©pisode de la fusillade de la rue d'Isly et du maquis de l'Ouarsenis. Les attentats de l'OAS viseront des personnalitĂ©s politiques et administratives du gouvernement lĂ©gal français, des intellectuels ou des organes de presse favorables Ă une nĂ©gociation avec le FLN, en AlgĂ©rie comme en mĂ©tropole, ainsi que la population musulmane, soupçonnĂ©e de soutenir le FLN. Ses commandos prendront Ă©galement pour cible les policiers, les enseignants, les fonctionnaires de l'administration fiscale, les commerçants musulmans. Les membres de l'OAS sont eux-mĂȘmes pourchassĂ©s sans rĂ©pit par les forces gaullistes. L'OAS sera largement soutenue par la population française d'AlgĂ©rie, mais ses nombreux attentats aveugles la feront rejeter par l'opinion publique mĂ©tropolitaine. RĂ©pression DĂšs le printemps 1961, le commissaire Grassien, sous-directeur de la Police judiciaire PJ, arrive en AlgĂ©rie Ă la tĂȘte de quinze officiers. Mais les rĂ©sultats sont limitĂ©s, et le groupe regagne la mĂ©tropole le 9 novembre 1961. Quelques semaines plus tard, le directeur de la PJ, Michel Hacq, les relaie, avec pas moins de deux cents inspecteurs, qui forment la Mission C ». Ces policiers sont renforcĂ©s par un peloton de quinze gendarmes, dirigĂ© par le capitaine Lacoste, et qui avait dĂ©jĂ combattu le Front de libĂ©ration nationale FLN. Ce sont ces gendarmes qui arrĂȘtent le gĂ©nĂ©ral Raoul Salan, le 20 avril 1962, grĂące aux renseignements fournis par la Police judiciaire parisienne. De son cĂŽtĂ©, le gĂ©nĂ©ral Charles Feuvrier, chef de la SĂ©curitĂ© militaire SM, fonde une structure spĂ©cifiquement chargĂ©e de la lutte anti-OAS en AlgĂ©rie, la Division des missions et recherches. La SĂ©curitĂ© militaire Ă©tait jugĂ©e peu sĂ»re voire favorable aux idĂ©es OAS. Ces forces officielles sont aidĂ©es par des agents de police parallĂšle, les cĂ©lĂšbres barbouzes » dont le rĂŽle secret et mĂ©connu pourrait avoir Ă©tĂ© d'attirer l'attention de l'OAS afin que la Mission C » puisse travailler sereinement et en profondeur, ainsi appelĂ©s en raison des postiches quâils Ă©taient censĂ©s porter le terme sâest ensuite appliquĂ© Ă tous les agents secrets, rĂ©guliers ou non. Sans mandat officiel, les barbouzes sont recrutĂ©s dans divers milieux des champions dâarts martiaux Jim Alcheik, Raymond Buy TrĂ©...etc, des Vietnamiens ayant choisi la France pendant la guerre dâIndochine, des marginaux, et des truands, comme Jean AugĂ© et le proxĂ©nĂšte Georges Boucheseiche, ancien de la Gestapo française et par intermittence, des musulmans sous la houlette du cheikh Zeknini et de ses fils. Ce recrutement, ainsi que l'acheminement vers l'AlgĂ©rie, sont assurĂ©s par deux ardents partisans du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, Lucien Bitterlin, chef du Mouvement pour la communautĂ©, et par Pierre Lemarchand. Les barbouzes sont chargĂ©s de faire du contre-terrorisme, câest-Ă -dire des plasticages Ă la place de la SĂ©curitĂ© militaire, qui ne pouvait elle-mĂȘme commettre des attentats, de rĂ©aliser des interrogatoires, en collaboration Ă©troite avec les forces de gendarmerie du colonel Debrosse au cours desquels la torture est utilisĂ©e, selon les membres de l'OAS qui les ont subis, Mme GeneviĂšve Salasc, capitaine NoĂ«lle Lucchetti, Mme BonadĂ©, Jean Hourdeaux, Charles Daudet, Albert Garcin, Rodenas, Ziano, etc.. La branche de la mission C » chargĂ©e du renseignement, le CRC Centre de recherches et de coordination, parvient trĂšs rapidement Ă Ă©tablir des listes de personnes susceptibles d'appartenir Ă l'OAS, et manipulant adroitement les barbouzes, remet dĂšs janvier 1962 Ă Lucien Bitterlin, qui la fait transmettre au FLN par l'intermĂ©diaire de SmaĂŻl Madani, une premiĂšre liste de membres de l'OAS noms et pseudonymes, Ăąges et adresses. Avec les accords d'Ăvian, le rapprochement s'opĂšre directement entre mission C » et FLN Ă Alger et Ă Oran, et quelques jours plus tard, une seconde liste de membres de l'OAS est remise Ă Si Azzedine, chef de la Zone autonome d'Alger. AprĂšs avoir dĂ©mantelĂ© en quelques mois l'OAS par l'arrestation de ses chefs, la mission C » pense ainsi transmettre la basse besogne au FLN. Mais d'aprĂšs l'historien Jean-Jacques Jordi rapidement on s'est rendu compte que le FLN ne s'attaquait pas aux noms des listes des membres de l'OAS mais se servait de ces listes pour couvrir ses exactions ». Les barbouzes ont Ă©tĂ© dĂ©cimĂ©s par l'OAS, par des attaques rĂ©currentes, notamment celle du nouvel an 1962 oĂč deux des villas PC furent attaquĂ©es par plusieurs deltas Ă©quipĂ©s de lance-roquettes et surtout par l'explosion d'une machine Ă ronĂ©otype qui dĂ©cimera la premiĂšre Ă©quipe de barbouzes fin janvier 1962, livrĂ©e pourtant sous le sceau du secret mais piĂ©gĂ©e lors de son transit en douane. Puis lorsqu'une seconde Ă©quipe de barbouzes moins expĂ©rimentĂ©e est arrivĂ©e, par les attaques contre l'hĂŽtel Rajah oĂč elle se trouve et sa destruction. Le ministre de l'IntĂ©rieur Roger Frey jette alors l'Ă©ponge pour l'AlgĂ©rie et fait rapatrier les quelques survivants le 8 mai 1962. Cependant, l'activitĂ© de barbouzes et les dĂ©placements frĂ©quents de Pierre Lemarchand entre l'AlgĂ©rie et la mĂ©tropole, sous une fausse identitĂ©, sont encore relevĂ©s fin mai. Le Service d'action civique SAC a participĂ© ensuite Ă la rĂ©pression de l'OAS, mais de maniĂšre assez marginale18. En revanche, nombre de ces agents de police parallĂšle ont rejoint le SAC aprĂšs 1962, notamment AugĂ© qui devient chef du SAC pour Lyon et sa rĂ©gion, ou Georges Boucheseiche. En mĂ©tropole, la lutte contre lâorganisation armĂ©e devient efficace en dĂ©cembre 1961, avec la formation du Bureau de Liaison. Ce Bureau de Liaison regroupe tous les agents des forces de lâordre chargĂ©s dâenquĂȘter sur lâOAS et dâarrĂȘter ses membres PJ, DST, RG, Gendarmerie nationale, SĂ©curitĂ© militaire de mĂ©tropole. Les chefs du Bureau de Liaison se rĂ©unissent tous les soirs et travaillent en contact direct avec le ministre de lâIntĂ©rieur Roger Frey, le conseiller de celui-ci chargĂ© la lutte anti-OAS, Alexandre Sanguinetti, et le conseiller spĂ©cial de Michel DebrĂ© chargĂ© de coordonner lâaction des services secrets, Constantin Melnik. En avril 1962, le cĂ©lĂšbre Ă©ditorialiste Jean Grandmougin est licenciĂ© de Radio Luxembourg. En 1962, un groupe de membres de l'OAS s'Ă©tait rĂ©fugiĂ© Ă Profondeville Belgique. Tous Ă©taient partis moins d'une heure avant l'intervention de la Gendarmerie belge. De nombreuses armes avaient Ă©tĂ© retrouvĂ©es dans l'immeuble de la rue Antoine GĂ©menne. Raoul Salan - Pierre Lagaillarde Chronologie des Ă©vĂ©nements De la crĂ©ation de l'OAS au putsch des gĂ©nĂ©raux 25 janvier 1961 assassinat de Pierre Popie, avocat Ă Alger, commanditĂ© par AndrĂ© Canal, futur membre de l'OAS. 11 fĂ©vrier 1961 crĂ©ation de l'OAS. 15 fĂ©vrier 1961 tentative de crĂ©ation d'un maquis AlgĂ©rie française prĂšs de Mostaganem par le capitaine comte AndrĂ© Brousse de Montpeyroux, et par le capitaine Jean SouĂštre. Neuf membres dont les deux chefs sont capturĂ©s par les gendarmes mobiles le 23 fĂ©vrier 1961. 31 mars 1961 assassinat par l'OAS de Camille Blanc, maire d'Ăvian, qui avait acceptĂ© que sa ville reçoive des dĂ©lĂ©guĂ©s FLN en nĂ©gociation avec le gouvernement français. 22 avril 1961 putsch des gĂ©nĂ©raux Ă Alger. L'OAS et les civils sont Ă©cartĂ©s par les gĂ©nĂ©raux. Le Mouvement France RĂ©surrection est Ă la tĂȘte de l'organisation. Il agit en contact permanent avec les officiers des Commandos de l'Air qui s'assurent des points stratĂ©giques Ă Alger, arrĂȘtant les tenants du Gouvernement. Le 1er REP sous les ordres du Commandant HĂ©lie de Saint Marc assure la sĂ©curitĂ© du Gouvernement gĂ©nĂ©ral oĂč se trouvent les putschistes et quadrille la ville. Mais ni l'Oranie ni le Constantinois ne rejoignent le mouvement. 23 avril 1961 arrivĂ©e Ă Alger du gĂ©nĂ©ral Raoul Salan en provenance de Madrid lequel se joint aux gĂ©nĂ©raux Maurice Challe, AndrĂ© Zeller et Edmond Jouhaud. 26 avril 1961 Ă©chec du putsch. 28 avril 1961 en une semaine 200 officiers et 400 civils sont arrĂȘtĂ©s par le pouvoir gaulliste en France, trois rĂ©giments sont dissous. Mise en place du Haut Tribunal Militaire. Du putsch aux accords d'Ăvian C'est entre la mi-mai et la fin aoĂ»t 1961 que l'OAS d'Alger se structure, principalement sous la directive du colonel Godard pour les militaires, et Jean-Jacques Susini pour les civils. Ă Oran, l'OAS est chapeautĂ© par le gĂ©nĂ©ral Jouhaud. Le gĂ©nĂ©ral Salan accepte de prendre la tĂȘte de l'organisation dĂ©but septembre, Ă laquelle se rallie l'OAS de Madrid fin novembre. En mĂ©tropole, se fonde en juin 1961, un rĂ©seau fondĂ© par le capitaine Sergent, liĂ© Ă l'OAS d'Alger, mais Ă©galement d'autres groupes indĂ©pendants, l'un fondĂ© par Jeune Nation, l'autre par le Maquis RĂ©surrection Patrie de Marcel Bouyer. AndrĂ© Canal arrive Ă©galement en mĂ©tropole Ă la mi-dĂ©cembre 1961 et mĂšne ses propres actions indĂ©pendamment de celles de Pierre Sergent. De septembre Ă dĂ©cembre 1961, l'OAS est en phase de montĂ©e en puissance. Mais l'Ătat français est soutenu par l'opinion publique mĂ©tropolitaine et la majoritĂ© des musulmans algĂ©riens, l'armĂ©e reste lĂ©gitimiste et l'OAS ne parvient pas Ă obtenir de nouveaux ralliements. Ă partir de janvier 1962, elle se radicalise et se lance dans une insurrection armĂ©e. 11 mai 1961 attentat du FLN Ă la grenade dans un cafĂ© 1 mort, 18 blessĂ©s. 19 mai 1961 attentat du FLN Ă la grenade au boulodrome 1 enfant de 10 ans tuĂ©, 11 blessĂ©s. 22 mai 1961 dix attentats du FLN font 5 morts et 12 blessĂ©s, attaque d'un convoi Ă Miliana, 7 morts et 5 blessĂ©s, Ă Sidi AĂŻch, 8 soldats tuĂ©s. 23 mai 1961 embuscade du FLN, 11 soldats tuĂ©s, 10 blessĂ©s. 31 mai 1961 assassinat par l'OAS du commissaire Roger Gavoury, chargĂ© de la lutte anti OAS. 18 juin 1961 Blacy, entre Vitry-le-François Marne et Loisy-sur-Marne dĂ©raillement dans une courbe du Strasbourg â Paris, 27 morts et 170 blessĂ©s. La cause de l'accident serait Ă©ventuellement un attentat au plastic de l'OAS, mais, neuf mois aprĂšs les faits, le gouvernement refuse de l'attribuer Ă cette organisation. La Cour de Cassation, Chambre civile, du 10 juillet 1996, prĂ©cise "dĂ©raillement d'un train sur la cause duquel n'existe aucune certitude" et parle de catastrophe et non d'attentat. C'est l'attentat le plus meurtrier en France depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu'aux Ă©vĂ©nements de novembre 2015 Ă Paris. aoĂ»t 1961 Installation Ă Oran, du chef de lâOAS de lâOranie, le gĂ©nĂ©ral Edmond Jouhaud. 5 aoĂ»t 1961 premiĂšre Ă©mission radiophonique pirate de l'OAS. Ă©tĂ© 1961 l'OAS interdit aux Français d'AlgĂ©rie de partir en vacances. Une trentaine de plasticages punitifs frappe les rĂ©calcitrants. 7 septembre 1961 arrestation de Maurice Gingembre, intermĂ©diaire entre les trois branches de l'OAS. 8 septembre 1961 attentat de Pont-sur-Seine visant Ă faire sauter la DS du gĂ©nĂ©ral De Gaulle. 11 septembre 1961 Ă la suite d'un attentat FLN dans le quartier juif d'Oran, affrontements entre communautĂ©s juive et musulmane. 21 septembre 1961 assassinat par l'OAS du commissaire Goldenberg, successeur de Roger Gavoury. 23 septembre 1961 attentat Ă la bombe de l'OAS contre les locaux de TĂ©moignage chrĂ©tien, Ă Paris. JournĂ©e des casseroles Ă Alger. 25 septembre 1961 Ă©vasion du colonel Vaudrey et du capitaine De Saint RĂ©my de l'hĂŽpital BĂ©gin. 6 octobre 1961 arrestation par les autoritĂ©s espagnoles d'une quinzaine de membres du groupe OAS de Madrid dont Pierre Lagaillarde, Joseph Ortiz, Charles Lacheroy et Antoine Argoud. 11 octobre 1961 arrestation d'Albert Dovecar. 17 octobre 1961 manifestation organisĂ©e par le FLN Ă Paris, violemment rĂ©primĂ©e. 24 octobre 1961 arrestation Ă Nice de Claude Piegts. 31 octobre 1961 assassinat du commissaire Pellisier par l'OAS. octobre 1961 Yves le Tac, prĂ©sident du MPC chargĂ© de la lutte anti OAS, est griĂšvement blessĂ© par balle, il est Ă©vacuĂ© sur Paris. Une nouvelle tentative de l'OAS pour le tuer aura lieu le 18 fĂ©vrier 1962 au Val-de-GrĂące, causant la mort d'un gendarme. 9 novembre 1961 un amendement dĂ©posĂ© Ă l'AssemblĂ©e Nationale par le dĂ©putĂ© Jean Valentin vise Ă reproduire les unitĂ©s territoriales dissoutes Ă la suite de la semaine des barricades et est mis en discussion. QualifiĂ© d'amendement OAS par ses opposants, il est rejetĂ© par la majoritĂ© de l'AssemblĂ©e. 10 novembre 1961 assassinat de l'inspecteur RenĂ© Joubert par l'OAS. 16 novembre 1961 un meeting organisĂ© Ă la MutualitĂ© par le ComitĂ© de Vincennes créé par Jacques Soustelle et Georges Bidault rassemble Ă Paris plusieurs milliers de personnes qui acclament le gĂ©nĂ©ral Salan. Le ComitĂ© est dissous la semaine suivante. 20 novembre 1961 assassinat par l'OAS de William LĂ©vy, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la SFIO Ă Alger. DĂ©cembre 1961 fondation dans le Constantinois Ă proximitĂ© de Guelma, du maquis Bonaparte, par Roger Holeindre, intĂ©grant entre autres une douzaine d'Ă©vadĂ©s OAS des prisons françaises en AlgĂ©rie et l'ex capitaine AndrĂ© Troise. Ce maquis sera arrĂȘtĂ© par l'armĂ©e française le 6 fĂ©vrier 1962. CrĂ©ation dans l'AlgĂ©rois du commando Albert qui comptera jusqu'Ă 42 membres par l'adjudant de la lĂ©gion Giorgio Adamo Muzzati, et dont le commandant Paul Bazin prendra la tĂȘte fin mars 1962. Il sera dĂ©truit le 10 avril 1962 par l'ALN, une quinzaine de membres seront massacrĂ©s. Seul un corps sera identifiable, celui du commandant Bazin. Il y aura 14 rescapĂ©s qui ont rĂ©ussi Ă s'Ă©chapper pendant la bataille. 12 dĂ©cembre 1961 mitraillage de la Mercedes des barbouzes, quartier la Redoute, blessant Lucien Bitterlin et l'un de ses adjoints. 14 dĂ©cembre 1961 attentat contre le navire de la marine "la LaĂŻta" chargĂ© de contrer les Ă©missions pirates de l'OAS. DĂ©sertion du lieutenant Bernard Ă Lille, emportant avec lui plusieurs armes. 16 dĂ©cembre 1961 assassinat par l'OAS Ă Oran du lieutenant-colonel Rançon, chef de la sĂ©curitĂ© militaire, chargĂ© de la lutte anti OAS au sein des officiers de l'armĂ©e. 19 dĂ©cembre 1961 ; journĂ©e unitaire de la gauche syndicale et politique, contre l'OAS et pour la paix en AlgĂ©rie. 22 dĂ©cembre 1961 attentat par les barbouzes contre le restaurant "Le Grand Rocher", frĂ©quentĂ© par l'OAS 12 morts. 31 dĂ©cembre 1961 attaque de la villa occupĂ©e par les barbouzes, rue Faidherbe 14 barbouzes tuĂ©s et 2 blessĂ©s. Alger, 1er janvier 1962 Explosion d'une bombe de l'OAS dans le quartier Bab-el-Oued 1er janvier 1962 Michel Massenet, adjoint de Degueldre, est tuĂ© Ă mains nues par un barbouze vietnamien. 3 janvier 1962 assassinat Ă Alençon d'Alfred Locussol, fonctionnaire rĂ©putĂ© pro-FLN, par un commando OAS venu d'AlgĂ©rie. 4 janvier 1962 attaque Ă Paris par l'OAS du siĂšge du Parti communiste. 12 janvier 1962 Michel LiĂ©vin des commandos Delta est capturĂ© par les barbouzes. 13 janvier 1962 assassinat Ă Oran de quatre militants du FLN condamnĂ©s Ă mort, Lahouari Guerrab, Mohamed Freh, Sabri et Si Othmane ; par un commando de l'OAS de six hommes, avec la complicitĂ© des gardiens de la prison civile dâOran. Les corps seront trouvĂ©s quelques heures plus tard dans la forĂȘt de Canastel. 17 janvier 1962 nuit bleue Ă Paris. L'OAS fait sauter une vingtaine de bombes. L'une d'elles vise l'immeuble du vice-prĂ©sident du SĂ©nat Geoffroy de Montalembert. Une quinzaine d'attentats seront Ă©galement commis une semaine plus tard. 19-20 janvier 1962 sur ordre de Jean-Jacques Susini, Michel Leroy, responsable de Jeune Nation et RenĂ© Villard, chef de France RĂ©surrection, sont assassinĂ©s par Roger Degueldre et Philippe Le Pivain. Proche du Colonel RĂ©my, par le biais du Marquis de Montpeyrous et du Comte de CharbonniĂšre, et de certains rĂ©seaux de la RĂ©sistance, RenĂ© Villard Ă©tait en liaison avec Jacques Chaban-Delmas et Alain Peyrefitte. Leroy et Villard voulaient nĂ©gocier avec le gouvernement une solution permettant aux Pieds-Noirs de rester en AlgĂ©rie et de conserver des liens avec la France, basĂ©e sur un possible partage du territoire. Un troisiĂšme comparse, Jean Sarradet, est Ă©pargnĂ© par l'OAS. 23 janvier 1962 enlĂšvement par les barbouzes de JosĂ© Salord et Albert Coronal soupçonnĂ©s d'appartenir Ă l'OAS. 27 janvier 1962 enlĂšvement par les barbouzes de Henri Vinant Histoire secrĂšte de l'OAS, Grasset, 2002, page ?. 29 janvier 1962 piĂ©geage par 92 kg de plastic et explosion du colis contenant la machine d'imprimerie Ă la villa d'El Biar occupĂ©e par les barbouzes. 19 barbouzes sont tuĂ©s et 3 prisonniers OAS sont libĂ©rĂ©s, Vinant, Tislenkoff technicien radio des Ă©missions pirates de l'OAS et Gosselin. 31 janvier 1962 arrestation de Marcel Bouyer et Philippe Castille. 6 fĂ©vrier 1962 arrestation des membres du maquis Bonaparte par l'armĂ©e française. 7 fĂ©vrier 1962 plusieurs attentats Ă la bombe par l'OAS sont menĂ©s en rĂ©gion parisienne. Celui visant l'appartement d'AndrĂ© Malraux Ă Boulogne-Billancourt blesse griĂšvement une fillette, nommĂ©e Delphine Renard ĂągĂ©e de quatre ans, ce qui choque profondĂ©ment l'opinion publique. Le lendemain, une manifestation visant Ă dĂ©noncer les actions de l'OAS dĂ©bouche sur le drame de la station de mĂ©tro Charonne. 7 fĂ©vrier 1962 le capitaine Philippe Le Pivain, chef de l'OAS du secteur de Maison CarrĂ©e, banlieue d'Alger, est abattu Ă un barrage par les gendarmes mobiles. Ă la suite de sa mort, le gĂ©nĂ©ral Salan autorise le 23 fĂ©vrier l'ouverture automatique du feu contre les gendarmes mobiles et les CRS. 12 et 18 fĂ©vrier 1962 attaque de l'hĂŽtel Radjah oĂč se sont rĂ©fugiĂ©s environ 25 barbouzes par les commandos Delta. Les barbouzes sont dĂ©cimĂ©s. 4 deltas tuĂ©s. 16 fĂ©vrier 1962 4 barbouzes tuĂ©s dans leur voiture. 18 fĂ©vrier 1962 mitraillage d'un camp du FLN au Maroc par 2 chasseurs T6 "empruntĂ©s" Ă l'ArmĂ©e de l'air. 19 fĂ©vrier 1962 nomination du gĂ©nĂ©ral Katz Ă Oran. Il mĂšnera une campagne vigoureuse contre l'OAS et sera surnommĂ© Gauleiter Katz par cette derniĂšre. 22 fĂ©vrier 1962 attentat du FLN Ă Alger, 23 morts. 24 fĂ©vrier 1962 20 morts dans une ratonnade Ă Alger, Ă la suite de l'assassinat par le FLN d'un chauffeur de taxi trĂšs populaire de Bab El Oued, AngĂ©lo Victori. 25 fĂ©vrier 1962 attaque au bazooka par l'OAS d'une caserne de gendarmes mobiles35 de Maison CarrĂ©e, les stocks d'essence et de munitions explosent. CrĂ©ation par le capitaine Roger Gaston du maquis Lyautey dans la rĂ©gion de Bouira. Ils seront capturĂ©s par l'armĂ©e française le 10 mai 1962. 26 fĂ©vrier 1962 vague d'attentats de l'OAS contre les musulmans algĂ©rois. L'affrontement des communautĂ©s est engagĂ©. Les attentats OAS ne sont plus seulement sĂ©lectifs. 27 fĂ©vrier 1962 enlĂšvement par les barbouzes de l'ingĂ©nieur Petitjean, soupçonnĂ© d'appartenir Ă l'OAS. Il sera retrouvĂ© coupĂ© en morceaux. 28 fĂ©vrier 1962 explosion de deux voitures piĂ©gĂ©es par l'OAS dans le quartier musulman de MĂ©dina Jdida Ă Oran. Le bilan officiel fait Ă©tat de 78 morts et de 150 blessĂ©s. 1er mars 1962 massacre par le FLN de la famille OrtĂ©ga, gardiens du stade de la Marsa. 4 mars 1962 dans la nuit du 4 au 5, opĂ©ration Rock and Roll Ă Alger, plus de cent explosions au plastic. 5 mars 1962 attaque de la prison d'Oran35, un commando de lâOAS dâune trentaine dâhommes, revĂȘtus dâuniformes militaires sâest introduit, avec la complicitĂ© des gardiens, dans la prison civile. Deux voitures bourrĂ©es de plastic, des bidons dâessence, des bonbonnes de gaz butane explosent provoquant la mort de nombreux dĂ©tenus algĂ©riens. Des dizaines dâautres furent griĂšvement blessĂ©s. Nuit bleue Ă Alger, 130 explosions de plastic. On dĂ©couvre Ă©galement des cadavres de musulmans morts par strangulation dans des sacs marquĂ©s OAS. 8 mars 1962 Roger Frey, ministre de l'intĂ©rieur, donne l'ordre de mettre fin aux opĂ©rations des barbouzes et de rapatrier les survivants. Le bilan est d'environ 100 barbouzes tuĂ©s, soit la moitiĂ© des effectifs envoyĂ©s. 9 mars 1962 fusillade Ă Oran provoquant neuf morts35. L'hĂŽtel Radjah des barbouzes est rasĂ© par 50 kg de plastic. 15 mars 1962 assassinat de six membres des centres sociaux d'AlgĂ©rie, dont l'Ă©crivain Mouloud Feraoun, suivi par le mitraillage de musulmans pris au hasard dans une file d'attente. Dans les mois prĂ©cĂ©dant le cessez-le-feu, les attentats du FLN, comme ceux de l'OAS, se monteront Ă plusieurs centaines par mois. AprĂšs le cessez-le-feu, les attentats de l'OAS augmenteront encore en intensitĂ©. Le FLN se livrera davantage Ă l'enlĂšvement d'europĂ©ens, suivi de leur disparition. Du cessez-le-feu Ă l'indĂ©pendance La signature des accords d'Ăvian marque pour les Français d'AlgĂ©rie une pĂ©riode de dĂ©sillusion, d'abandon et de dĂ©sespoir. La rupture avec l'armĂ©e se produit lors de la Fusillade de la rue d'Isly. L'OAS va tenter d'empĂȘcher l'application des accords en multipliant les attentats et, ne parvenant pas Ă enrayer le dĂ©part de la population europĂ©enne d'AlgĂ©rie, se lance dans une entreprise de destruction. 18 mars 1962 signature des accords d'Ăvian. Ă partir de ce jour, le FLN n'est plus considĂ©rĂ© comme une organisation illĂ©gale par le gouvernement français. 19 mars 1962 cessez-le-feu entre l'armĂ©e française et l'ALN. L'OAS va multiplier les attentats entraĂźnant des reprĂ©sailles du FLN. Les forces de l'ordre françaises et l'armĂ©e coopĂšrent avec l'ALN pour lutter contre l'OAS. 20 mars 1962 l'OAS tire au mortier sur la place du Gouvernement, au bas de la casbah d'Alger, faisant 24 morts et une soixantaine de blessĂ©s. Elle lance un ultimatum aux unitĂ©s françaises pour qu'elles quittent Bab El Oued, fief de l'OAS. Sortie du livre de Soustelle en exil, L'espĂ©rance trahie. 21 mars 1962 attaque de l'Ă©metteur pirate de l'OAS Ă Oran par les forces de l'ordre. Ce mĂȘme jour, une harka de 16 hommes et une femme sont torturĂ©s et massacrĂ©s en public par le FLN Ă St Denis du Sig, sous les yeux de Jean-Pierre ChevĂšnement, jeune sous-lieutenant français. 22 mars 1962 attaque d'une patrouille de half track des gendarmes mobiles par 20 hommes des commandos Z de l'OAS Ă la sortie du tunnel des facultĂ©s, occasionnant 18 victimes parmi les forces de l'ordre. Tous les prisonniers FLN sont amnistiĂ©s. 23 mars 1962 un camion d'appelĂ©s du contingent est attaquĂ© Ă Bab El Oued. 7 d'entre eux sont tuĂ©s. L'armĂ©e boucle le quartier. Des barrages sont Ă©difiĂ©s Ă l'entrĂ©e du quartier par l'OAS. Les affrontements, connus sous le nom de Bataille de Bab El Oued, provoquent 20 morts et 60 blessĂ©s parmi les insurgĂ©s, et 15 morts et 77 blessĂ©s parmi les forces de l'ordre. Les commandos OAS, soutenus par la population et par une partie de l'armĂ©e qui tarde Ă boucler l'encerclement, s'enfuient par les Ă©gouts. Un blocus du quartier est mis en place, et un couvre-feu est instaurĂ© pendant deux semaines, avec une heure par jour de sortie autorisĂ©e. 24 mars 1962 arrestation du gĂ©nĂ©ral Jouhaud, du lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume le crabe tambour, et du commandant Camelin. 25 mars 1962 bombardement au mortier par l'OAS d'un quartier musulman Ă Oran, provoquant une quarantaine de morts. Attaque de la banque d'AlgĂ©rie par l'OAS rapportant vingt millions de nouveaux francs. 26 mars 1962 une manifestation organisĂ©e par l'OAS afin de lever le blocus de Bab El Oued par l'armĂ©e, mobilise des Français d'AlgĂ©rie et mĂȘme des musulmans. Ă la suite d'un coup de feu de provenance incertaine43, les tirailleurs ouvrent le feu rue d'Isly, occasionnant la mort de 62 manifestants. fin mars 1962 aprĂšs l'Ă©chec du soulĂšvement de Bab-el-Oued, 3 000 civils sont arrĂȘtĂ©s et 7 000 appartements sont perquisitionnĂ©s avec brutalitĂ©. 700 armes sont saisies. CrĂ©ation du maquis OAS de l'Ouarsenis par le colonel Jean Gardes, fief du Bachaga Boualam et de ses mille harkis soutenant l'AlgĂ©rie française depuis le dĂ©but de la guerre. Environ 105 hommes y participent, dont le commando Albert. 29 mars 1962 le Bachaga Boualam proclame lors d'une Ă©mission pirate de radio que l'Ouarsenis est terre française. 30 mars 1962 arrestation d'Yves Gignac et d'Armand Belvisi. 3 avril 1962 attaque par l'OAS de la clinique du Beau-Fraisier Ă Alger, dĂ©signĂ©e comme un repaire du FLN. Une trentaine de malades sont tuĂ©s ou blessĂ©s, 4 prisonniers sont dĂ©livrĂ©s. 7 avril 1962 arrestation de Roger Degueldre chef des commandos Delta. Le capitaine Raymond Mura lui succĂšde. Mise en place de l'ExĂ©cutif provisoire en AlgĂ©rie. 8 avril 1962 rĂ©fĂ©rendum sur les accords d'Ăvian, s'adressant uniquement aux Ă©lecteurs de mĂ©tropole. 91 % de oui parmi les suffrages exprimĂ©s. 9 avril 1962 Georges Bidault fait une dĂ©claration au nom du CNR. 10 avril 1962 fin de la tentative de maquis dans l'Ouarsenis. Le maquis a Ă©tĂ© bombardĂ© par l'aviation française. Un dernier groupe du maquis de l'Ouarsenis, intĂ©grant le commando Albert, affronte des membres de l'ALN, qui y ont Ă©tĂ© convoyĂ©s et ravitaillĂ©s par l'armĂ©e française. Les membres du maquis sont finalement arrĂȘtĂ©s les uns aprĂšs les autres ou finissent par se rendre colonne du capitaine Pierre Montagnon, certains s'Ă©chappent mais sont repris, comme le lieutenant Pierre Delhomme. Beaucoup sont tuĂ©s, dont le commandant Paul Bazin. Le lieutenant Ferrer et le sous-lieutenant Moutardier sont assassinĂ©s Ă Oran par l'OAS en avril 1962 G. Fleury, Histoire secrĂšte de L'OAS, 2002, Grasset, p. 1020 et 1032.. Le Bachaga Boualem nĂ©gocie l'envoi en mĂ©tropole par avion militaire de 200 personnes de ses proches Ă Mas-Thibert en Camargue, contre l'abandon du maquis. 12 avril 1962 dĂ©but des enlĂšvements d'europĂ©ens par des groupes FLN, leur nombre ne faisant que croĂźtre au cours des mois qui suivent. 13 avril 1962 le gĂ©nĂ©ral Jouhaud est condamnĂ© Ă mort. 15 avril 1962 l'exode des Français d'AlgĂ©rie commence, malgrĂ© les consignes de l'OAS qui interdit les dĂ©parts. 19 avril 1962 le gĂ©nĂ©ral Katz, Ă Oran, interdit Ă toute personne de se trouver sur les balcons et les terrasses sous peine d'ouverture du feu sans sommation. Ă Paris, le conseil des ministres refuse la proposition de rapatriement des Harkis. 20 avril 1962 arrestation du gĂ©nĂ©ral Salan et du capitaine Ferrandi. 22 avril 1962 libĂ©ration Ă Fresnes de 200 prisonniers FLN, dont Yacef SaĂądi qui retournent en AlgĂ©rie. 23 avril 1962 le conseil de l'ordre des avocats d'Oran dĂ©nonce les attaques de l'OAS. 24 avril 1962 l'OAS attaque une clinique Ă Oran. 28 avril 1962 des attentats attribuĂ©s Ă lâOAS sont perpĂ©trĂ©s Ă Ătampes contre les locaux du journal communiste La Marseillaise de Seine-et-Oise et contre le commissariat de police. 2 mai 1962 Attentat du port d'Alger attentat OAS Ă la voiture piĂ©gĂ©e sur le port d'Alger occasionnant une soixantaine de morts et une centaine de blessĂ©s. Le FLN, en rĂ©plique, se livre Ă des enlĂšvements de pieds-noirs dont beaucoup ne reparaĂźtront pas. L'absence de sanction des autoritĂ©s françaises qui semblent minimiser ces enlĂšvements, favorise leur poursuite. En mai, Ă Oran, entre 10 et 50 musulmans sont abattus chaque jour. Ce double terrorisme crĂ©e une sĂ©paration complĂšte entre quartiers europĂ©ens et musulmans Ă Alger et Oran. 4 mai 1962 arrestation d'AndrĂ© Canal dit le Monocle responsable d'OAS MĂ©tropole. 6 mai 1962 la politique de la terre brĂ»lĂ©e est instituĂ©e par l'OAS. Durant le mois de mai, des campagnes ciblĂ©es d'assassinats visant les musulmans par catĂ©gories professionnelles femmes de mĂ©nage, facteurs... contribue Ă sĂ©parer les deux communautĂ©s. 8 mai 1962 les quelques barbouzes survivants sont ramenĂ©s en France. 9 mai 1962 41 cadavres Ă©gorgĂ©s par le FLN trouvĂ©s Ă Oran. 11 mai 1962 Six mesures anti-OAS sont adoptĂ©es par le haut-commissaire Christian Fouchet dont l'incorporation anticipĂ©e de 6 000 jeunes pieds-noirs dans l'armĂ©e avec mutation immĂ©diate en mĂ©tropole plan Simoun. 12 mai 1962 Pierre Messmer et Louis Joxe prĂ©cisent dans une note ministĂ©rielle que les militaires français organisant personnellement le rapatriement de leurs Harkis sont en infraction caractĂ©risĂ©e, ces Harkis doivent immĂ©diatement ĂȘtre renvoyĂ©s en AlgĂ©rie. 13 mai 1962 Proclamation de "l'opĂ©ration Fouchet" - par le haut-commissaire Christian Fouchet - qui s'attaque aux catĂ©gories susceptibles de soutenir l'OAS les notables, la police et la jeunesse. 14 mai 1962 mitraillage de cafĂ©s par le FLN 17 morts. Dans la mĂȘme pĂ©riode, des boutiques ou des logements appartenant Ă des EuropĂ©ens sont saisis. 17 mai 1962 Le ministre des ArmĂ©es Pierre Messmer impose l'appel anticipĂ© des jeunes conscrits EuropĂ©ens plan Simoun par l'ordonnance n°62-574. 18 mai 1962 le Bachaga Boualem quitte l'AlgĂ©rie avec ses Harkis. PremiĂšre entrevue FarĂšs-Susini pour un projet d'accord FLN-OAS. 19 mai 1962 assassinat sur ordre de Marc PAYRAS, chef de lâOAS-Mostaganem du capitaine Auguste COMMES, commandant du port de Mostaganem, qui ne voulait pas empĂȘcher le transport de lâaide humanitaire amĂ©ricaine semoule de blĂ© et lait du port vers le quartier musulman de Tigditt. 20 mai 1962 crĂ©ation Ă Rome par Georges Bidault, Jacques Soustelle, Antoine Argoud et Pierre Sergent d'un Conseil national de la RĂ©sistance, nommĂ© ainsi par rĂ©fĂ©rence au CNR de 1943. Le FLN remet aux autoritĂ©s une liste nominative de 112 policiers et militaires dont la mutation en mĂ©tropole est demandĂ©e et sera immĂ©diatement obtenue. 23 mai 1962 le gĂ©nĂ©ral Salan est condamnĂ© Ă la dĂ©tention criminelle Ă perpĂ©tuitĂ©. 26 mai 1962 le Haut Tribunal militaire est dissous par De Gaulle car il ne condamne pas Ă mort le gĂ©nĂ©ral Salan. Une nouvelle Cour militaire de justice est créée par ordonnance le 1er juin. 27 mai 1962 le gouvernement annonce que 14 000 prisonniers FLN ont Ă©tĂ© libĂ©rĂ©s depuis les accords d'Ăvian. 29 mai 1962 dĂ©couverte d'un nouveau charnier de 35 cadavres d'europĂ©ens Ă la BouzarĂ©ah, abattus par le FLN, aprĂšs ceux d'Hussein Dey. Ă partir de la fin mai, 8 000 Ă 10 000 Pieds-Noirs quittent quotidiennement l'AlgĂ©rie. 7 juin 1962 Albert Dovecar et Claude Piegts, membres de l'OAS, meurtriers du commissaire Gavoury, sont fusillĂ©s. L'OAS incendie la bibliothĂšque universitaire d'Alger. Ă Oran, elle dĂ©truit la mairie, la bibliothĂšque municipale et quatre Ă©coles Ă l'explosif. 12 juin 1962 dĂ©mantĂšlement du rĂ©seau Est de l'OAS mĂ©tropole, qui prĂ©parait l'assassinat de De Gaulle Ă Vesoul. 14 juin 1962 tentative d'assassinat du gĂ©nĂ©ral Katz Ă Oran. Son supĂ©rieur, le gĂ©nĂ©ral Ginestet, est tuĂ© Ă sa place ainsi que le mĂ©decin-colonel Mabille, alors qu'ils venaient se recueillir devant le corps du lieutenant-colonel Mariot, assassinĂ© la veille 17 juin 1962 accord de cessez-le-feu entre Jean-Jacques Susini pour l'OAS Alger et le docteur MostefaĂŻ pour le FLN. Cet accord sera dĂ©savouĂ© des deux cĂŽtĂ©s. 24 juin 1962 assassinat Ă Aix-en-Provence par un commando Delta, du Commandant Joseph Kubiziak qui avait refusĂ© de livrer la base aĂ©rienne de Blida lors du putsch du 21 avril 1961 25 juin 1962 l'OAS fait sauter les citernes d'essence du port d'Oran. L'incendie durera 3 jours. 27 juin 1962 Accords secrets entre Ă©missaires du Gouvernement et responsables OAS d'Oran promesse de libĂ©rer tous les emprisonnĂ©s OAS Ă condition de cesser la terre brĂ»lĂ©e commencĂ©e avec l'incendie de la BP du port d'Oran; tous les membres de l'OAS libĂ©rĂ©s devront quitter l'AlgĂ©rie au plus tard le ModĂšleDate -. 28 juin 1962 le lieutenant Degueldre est condamnĂ© Ă mort. Fin juin 1962 328 000 personnes ont quittĂ© l'AlgĂ©rie en juin, ce qui porte Ă 690 000 le nombre total de dĂ©parts. 30 juin 1962 suicide du gĂ©nĂ©ral de Larminat qui devait prĂ©sider la nouvelle Cour de Justice. 1er juillet 1962 rĂ©fĂ©rendum d'autodĂ©termination en AlgĂ©rie. Seuls les Ă©lecteurs d'AlgĂ©rie sont appelĂ©s Ă voter. Le rĂ©fĂ©rendum est approuvĂ© par 99,72 % des votants, mais 600 000 Pieds-Noirs sur un million ont quittĂ© le pays. 2 juillet 1962 les derniers commandos OAS quittent Alger. 3 juillet 1962 l'AlgĂ©rie accĂšde Ă l'indĂ©pendance, aprĂšs le rĂ©fĂ©rendum du 1er juillet. Premiers accrochages entre le GPRA et les diffĂ©rentes mouvances du FLN pour l'accĂšs au pouvoir. AprĂšs l'indĂ©pendance 5 juillet 1962 massacre Ă Oran, plusieurs centaines d'europĂ©ens sont tuĂ©s par l'ALN ; c'est la population musulmane poussĂ©e effectivement par l'ALN qui commet les pires exactions. L'armĂ©e française, commandĂ©e par le gĂ©nĂ©ral Joseph Katz n'intervient que trĂšs tardivement. Une exception, le lieutenant de l'armĂ©e française au sein d'unitĂ© de la force locale, Rabah Kheliff, dĂ©sobĂ©issant aux ordres du gĂ©nĂ©ral Katz, sauve avec ses hommes environ 400 EuropĂ©ens enlevĂ©s. Dans l'ensemble de l'AlgĂ©rie, environ 3 000 europĂ©ens sont signalĂ©s disparus depuis le 19 mars. 6 juillet 1962 le lieutenant Roger Degueldre, chef des commandos Delta, est fusillĂ©. Les capitaines Jean de Balby de Vernon, Michel Cabanes et Michel Martet, du 501e rĂ©giment de cavalerie de Rambouillet, ayant refusĂ© l'ordre de former le peloton d'exĂ©cution, sont sanctionnĂ©s et mis aux arrĂȘts. 8 juillet 1962 en AlgĂ©rie, dĂ©but des massacres organisĂ©s de Harkis, qui feront entre 60 000 et 150 000 morts selon les sources. 18 juillet 1962 Susini quitte l'AlgĂ©rie pour l'Italie. 10 aoĂ»t 1962 mandat d'arrĂȘt international contre Georges Bidault. 22 aoĂ»t 1962 attentat du Petit-Clamart visant Ă tuer le gĂ©nĂ©ral De Gaulle. 17 septembre 1962 arrestation du colonel Jean-Marie Bastien-Thiry. 19 octobre 1962 Ă la suite d'un recours dĂ©posĂ© par les avocats d'AndrĂ© Canal, le Conseil d'Ătat annule l'ordonnance prĂ©sidentielle instituant la Cour militaire de justice pour violation d'un principe gĂ©nĂ©ral du droit58. 28 novembre 1962 le gĂ©nĂ©ral de Gaulle gracie le gĂ©nĂ©ral Jouhaud. 14 fĂ©vrier 1963 arrestation du commando projetant de tuer de Gaulle Ă l'Ă©cole militaire. 20 fĂ©vrier 1963 arrestation de 20 personnes du commando OAS de Gilles Buscia. Celui-ci s'Ă©vadera de la prison de Fresnes. 25 fĂ©vrier 1963 enlĂšvement Ă Munich d'Antoine Argoud par les services spĂ©ciaux français. 11 mars 1963 le lieutenant-colonel l est fusillĂ©. 18 avril 1963 Jean de Brem est tuĂ© par la police Ă Paris. avril 1963 exil de Georges Bidault. juillet 1963 dĂ©mantĂšlement de l'imprimerie de l'OAS. 30 novembre 1963 arrestation de Jean-Marie Curutchet Ă Dakar. 20 janvier 1964 arrestation d'une partie du commando du colonel Pierre ChĂąteau Jobert Ă OrlĂ©ans. fĂ©vrier 1964 dĂ©mantĂšlement d'un rĂ©seau du capitaine Pierre Sergent. 15 aoĂ»t 1964 attentat du mont Faron visant Ă faire exploser une jarre au passage du gĂ©nĂ©ral De Gaulle. dĂ©cembre 1964 plusieurs prisonniers de l'OAS sont libĂ©rĂ©s. 8 avril 1965 arrestation de Gilles Buscia c'est la fin des opĂ©rations OAS. 18 juin 1966 une loi permet la libĂ©ration d'environ 80 prisonniers politiques. 3 novembre 1967 Claude Tenne s'Ă©vade de la prison de l'ile de RĂ©. Il ne sera pas repris. juin 1968 amnistie et libĂ©ration des prisonniers OAS par de Gaulle, Ă la suite des Ă©vĂ©nements de mai 1968 et de son entretien Ă Baden Baden avec Massu. Il s'agit de faire barrage aux idĂ©es rĂ©volutionnaires auxquelles n'adhĂšrent pas les anciens de l'OAS. Les membres de l'OAS vivant dans la clandestinitĂ© depuis 1961 rĂ©apparaissent, comme le colonel Pierre Chateau-Jobert Ă Morlaix. L'amnistie complĂšte est accordĂ©e par la loi du 24 juillet 1968. Ă©tĂ© 1968 autodissolution du CNR. dĂ©cembre 1968 un disque Messages de NoĂ«l 1968 est enregistrĂ© par Jean Pax MĂ©fret, regroupant les messages Ă l'occasion de l'amnistie des gĂ©nĂ©raux Raoul Salan et Edmond Jouhaud, du colonel Antoine Argoud, de Georges Bidault, Jacques Soustelle, Joseph Ortiz et du capitaine Pierre Sergent. L'assassinat le 20 dĂ©cembre du colonel Raymond Jean Gorel alias Cimeterre, ancien trĂ©sorier de l'OAS graciĂ© et libĂ©rĂ© en 1966, relance le mystĂšre du trĂ©sor de l'OAS. Bilans Effectifs de l'OAS Seule une partie des membres de l'OAS est connue, car arrĂȘtĂ©s ou identifiĂ©s, mais leur nombre est supĂ©rieur Ă ces seules listes. On estime que l'OAS a comptĂ© environ 1 000 Ă 1 500 membres actifs, dont 500 dans l'Ouest algĂ©rien, 200 en mĂ©tropole et une vingtaine en Espagne. Les civils auraient reprĂ©sentĂ© environ les deux tiers des effectifs, le dernier tiers Ă©tant constituĂ© de militaires, pour la plupart engagĂ©s, sous-officiers et officiers. Parmi les militaires, on trouve surtout des soldats d'Ă©lite comme des lĂ©gionnaires ou des parachutistes, fort peu de marins. L'Ă©tat d'esprit des militaires ayant rejoint le mouvement est rĂ©sumĂ© dans la dĂ©claration du commandant HĂ©lie Denoix de Saint Marc Ă son procĂšs maintien de la souverainetĂ© de la France, lutte contre le communisme, volontĂ© que tous les morts ne l'aient pas Ă©tĂ© pour rien, respect de la promesse donnĂ©e aux populations indigĂšnes ralliĂ©es Ă la France. Parmi les civils, on dĂ©nombre surtout des employĂ©s, cadres moyens, commerçants, artisans, peu de cadres supĂ©rieurs ou professions libĂ©rales. L'organisation compte une minoritĂ© de femmes, surtout affectĂ©es au transport de courrier et de fonds. En ce qui concerne la sensibilitĂ© politique de ses membres, Guy PervillĂ© y distingue trois courants principaux un courant nĂ©o-fasciste inspirĂ© par Jeune Nation, un courant traditionaliste proche du mouvement poujadiste ou de l'hebdomadaire Rivarol, mais parfois aussi du traditionalisme catholique, et enfin un courant nationaliste. Il serait cependant rĂ©ducteur de considĂ©rer l'OAS simplement comme une organisation d'extrĂȘme droite. Parmi ses membres d'un certain Ăąge, on comptait de nombreux anciens rĂ©sistants parmi les plus connus, on peut citer Georges Bidault, Jacques Soustelle, Raoul Salan, Pierre Chateau-Jobert, Yves Godard, Pierre Sergent, Jacques Achard. L'OAS recrute dans des milieux sociaux trĂšs divers, notamment dans le faubourg populaire de Bab-el-Oued rĂ©putĂ© voter communiste avant la guerre. Mais la provenance diverse de ses membres limitait l'action de l'OAS au seul maintien de l'AlgĂ©rie française et au rejet de la politique du gĂ©nĂ©ral de Gaulle, sans qu'un programme politique puisse dĂ©finir l'avenir de l'AlgĂ©rie. Positionnement politique L'OAS est une nĂ©buleuse de rĂ©seaux qui agissent indĂ©pendamment. Politiquement l'OAS est un fourre-tout mĂȘme s'il est cataloguĂ© comme Ă©tant proche de l'extrĂȘme droite du fait qu'il Ă©tait colonialiste et nationaliste[rĂ©f. nĂ©cessaire]. Parmi ces membres, on trouve des mĂ©daillĂ©s de la rĂ©sistance, des ex-pĂ©tainistes, des royalistes et des fils de rĂ©publicains espagnols, des Juifs et des antisĂ©mites, des partisans d'une AlgĂ©rie franco-musulmane fraternelle et d'autres d'une AlgĂ©rie sĂ©grĂ©gationniste. Leur point commun est la volontĂ© de garder l'AlgĂ©rie française et leur haine du gĂ©nĂ©ral de Gaulle. Les militaires sont, pour leur part, motivĂ©s par la volontĂ© d'ĂȘtre fidĂšles au combat engagĂ© depuis 1955 et dâempĂȘcher que leurs camarades soient morts pour rien. Nombre de victimes Parmi les travaux rĂ©cents, l'historien français RĂ©mi Kauffer estime que l'OAS a assassinĂ© entre 1 700 et 2 000 personnes. Le journaliste amĂ©ricain Paul HĂ©nissart cite lui une source officieuse selon laquelle le nombre de victimes assassinĂ©es en AlgĂ©rie s'Ă©lĂšve Ă 2 200. L'historien français Guy PervillĂ©, s'appuyant sur deux rapports des forces de l'ordre l'un de la SĂ»retĂ© nationale, l'autre du gĂ©nĂ©ral Fourquet, commandant supĂ©rieur des troupes françaises, et considĂ©rant l' escalade de la violence » entre le printemps et l'Ă©tĂ© 1962, estime que ce chiffre est peut-ĂȘtre infĂ©rieur Ă la rĂ©alitĂ©. Jean-Louis Planche donne le nombre de 1 622 morts dont 239 EuropĂ©ens. En mars 1993, un trio d'anciens de l'OAS assassine Jacques Roseau, lui-mĂȘme ancien membre de l'OAS et prĂ©sident de l'association de rapatriĂ©s Recours », faisant de lui la derniĂšre victime de l'organisation. Condamnations L'OAS a elle aussi subi des pertes et officiellement 119 membres ont Ă©tĂ© tuĂ©s. En 1962, 635 membres de l'OAS sont arrĂȘtĂ©s. 224 sont ensuite jugĂ©s, dont 117 acquittĂ©s, cinquante-trois condamnĂ©s Ă une peine de prison avec sursis, trente-huit Ă une peine de prison ferme, trois sont condamnĂ©s Ă mort et fusillĂ©s Roger Degueldre, Claude Piegts et Albert Dovecar ; le lieutenant-colonel Bastien-Thiry est Ă©galement passĂ© par les armes. Son appartenance Ă l'OAS est sujette Ă discussion, mais, selon les membres du commando, il appartenait bien, comme eux, Ă la derniĂšre formation de l'OAS-MĂ©tropole, Ă©galement appelĂ©e OAS-CNR. Jusqu'en 1965, les arrestations s'Ă©lĂšveront Ă dix mille personnes, et le nombre de condamnĂ©s Ă 3 680 dĂ©compte de RĂ©mi Kauffer, qui estime par ailleurs que les policiers, gendarmes, militaires et barbouzes ont tuĂ© plusieurs centaines de Français d'AlgĂ©rie durant la guerre. Plusieurs membres de l'OAS se sont rĂ©fugiĂ©s Ă l'Ă©tranger, notamment en Espagne, au Portugal et en AmĂ©rique du Sud. Plusieurs sont condamnĂ©s Ă mort par contumace Joseph Ortiz, le colonel ChĂąteau-Jobert, AndrĂ© Rossfelder, le colonel Arnaud de Seze, le colonel Yves Godard, les capitaines Pierre Sergent et Jean Biraud. La peine de mort pour motif politique, abolie depuis 1848, ayant Ă©tĂ© rĂ©tablie par ordonnance du 4 juin 1960. En ce qui concerne les seuls officiers de l'armĂ©e française membres ou sympathisants OAS, environ 490 ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă de la prison, 530 rayĂ©s des cadres, 1300 dĂ©missionnent. Amnistie La premiĂšre amnistie date du 17 dĂ©cembre 1964 et concerne les Ă©vĂ©nements » d'AlgĂ©rie. Le 21 dĂ©cembre 1964, les prisonniers condamnĂ©s Ă des peines infĂ©rieures Ă quinze ans de dĂ©tention soit 173 anciens membres de l'OAS sont libĂ©rĂ©s par grĂące prĂ©sidentielle, car il s'agit de prisonniers politiques. D'autres mesures de grĂące sont prises Ă NoĂ«l 1965. En mars 1966, une centaine de condamnĂ©s sont graciĂ©s et, le 17 juin 1966, une seconde loi d'amnistie efface les condamnations des condamnĂ©s libĂ©rĂ©s. Le gĂ©nĂ©ral Jouhaud, condamnĂ© Ă mort le 13 avril 1962, passe 235 jours dans une cellule de condamnĂ© Ă mort, sa peine est commuĂ©e en perpĂ©tuitĂ©, il est libĂ©rĂ© en dĂ©cembre 1967. En 1968, des anciens de l'OAS rencontrent Jacques Foccart pour lui proposer leur ralliement au rĂ©gime gaulliste contre la chienlit », et demander l'amnistie intĂ©grale des membres de l'organisation encore incarcĂ©rĂ©s, ce qu'ils obtiendront le 7 juin 68 aprĂšs les Ă©vĂ©nements de mai 68 le gouvernement, craignant un coup de force des communistes, efface toutes les sanctions disciplinaires et professionnelles et rĂ©intĂšgre les amnistiĂ©s dans leurs droits, pensions et dĂ©corations. Cette amnistie est promise par de Gaulle Ă Massu, lors de sa visite Ă Baden Baden. En juillet 1974, une amnistie complĂ©mentaire efface d'autres condamnations pĂ©nales, autorisant ainsi la rĂ©intĂ©gration de cadres de l'OAS dans la vie politique française notamment par l'intermĂ©diaire des RĂ©publicains indĂ©pendants de ValĂ©ry Giscard d'Estaing, ce qui permet Ă certains comme Pierre Sergent de devenir dĂ©putĂ©s. Dans le cadre de l'Ă©lection prĂ©sidentielle française de 1981, des nĂ©gociations sont menĂ©es par des proches du candidat François Mitterrand avec les pieds-noirs. SollicitĂ© discrĂštement par les dirigeants de l'association de rapatriĂ©s le RECOURS, le gĂ©nĂ©ral Salan accepte d'appeler Ă voter Mitterrand. Le 3 dĂ©cembre 1982, les officiers survivants sont rĂ©intĂ©grĂ©s dans les cadres de l'armĂ©e par une nouvelle amnistie loi du 24 novembre 1982, Ă l'exclusion des officiers gĂ©nĂ©raux. En 1987, une loi sur les rapatriĂ©s amnistie les derniĂšres condamnations encore effectives. Organigramme Chefs principaux GĂ©nĂ©ral Raoul Salan GĂ©nĂ©ral Edmond Jouhaud Colonel Yves Godard Jean-Jacques Susini Docteur Jean-Claude Perez Organisation pour l'AlgĂ©rie Ătat-Major GĂ©nĂ©ral Raoul Salan GĂ©nĂ©ral Edmond Jouhaud Colonel Yves Godard Jean-Jacques Susini Docteur Jean-Claude Perez AlgĂ©rois GĂ©nĂ©ral Paul Gardy Adjoint Colonel Yves Godard OM Organisation des Masses Colonel Jean Gardes, Adjoint Michel Leroy, chargĂ©e du recrutement. BF Bureau des Finances Charles, Rambaud Commandos Z zonaux Jean Sarradet, lieutenant Pierre Delhomme Grand-Alger Colonel Roland Vaudrey APP Action Psychologique et Propagande Jean-Jacques Susini, Adjoint Georges Ras, chargĂ©e de conquĂ©rir les faveurs de la population. DL Diffusion-Liaison AP Agitation-Propagande ORO Organisation Renseignement OpĂ©ration Jean-Claude Perez, SecrĂ©taire gĂ©nĂ©ral-Adjoint Capitaine GĂ©rard Dufour, chargĂ© de prĂ©parer les opĂ©rations Ă une Ă©ventuelle prise de pouvoir. BCR Bureau Central de Renseignement Jean Lalanne, chargĂ© de la collecte de l'ensemble des informations. Commandos Alpha Jacques Achard BAO Bureau d'Action OpĂ©rationnelle Lieutenant Roger Degueldre, Adjoint Lieutenant Pierre Delhomme78, chargĂ© de l'exĂ©cution des opĂ©rations. Commandos Delta Lieutenant Roger Degueldre Delta 1 Sergent Albert Dovecar Delta 2 Sergent Wilfried Schliederman Delta 3 Jean-Pierre Ramos Delta 4 Lieutenant Jean-Loup Blanchy Delta 5 JosuĂ© Giner, dit JĂ©sus de Bab-el-Oued » Delta 6 Gabriel Anglade, dit Gaby l'argentĂ© » Delta 7 Jacques Sintes, dit Jackie » Delta 9 Joseph Rizza, dit Nani » Delta 10 Joseph-Edouard Slamadeski, dit Doux-doux » Delta 11 Paul Mancilla, dit Paulo longs cheveux » Delta 12 AndrĂ© Michel Delta 14 Delta 15 Claude Peintre Delta 20 Maurice Stimbre Delta 21 Edgard Vincent Delta 23 Delta 24 Adjudant-chef Georges Coumes Marcel Ligier, dit Marcel bazooka » Delta 30 Delta 33 Jacques Bixio Secteurs Soviet des capitaines » Alger-Centre Capitaine Guy Branca El Biar Lieutenant Olivier Picot d'Assignies Hussein-Dey Capitaine Pierre Montagnon Maison-CarrĂ©e Capitaine Philippe Le Pivain79 OrlĂ©ans-Marine Jacques Achard Guyotville Nicolas » Oranie GĂ©nĂ©ral Edmond Jouhaud Adjoints Commandant Julien Camelin, Lieutenant de vaisseau Pierre Guillaume OM Organisation des Masses 1er Bureau RomĂ©o APP Action Psychologique et Propagande 5e Bureau Charles Micheletti ORO Organisation Renseignement OpĂ©ration 2e Bureau Claude Micheletti Action 3e Bureau Georges GonzalĂšs, dit Pancho » Finances 4e Bureau Daniel Brun Contacts politiques Robert Tabarot Collines secteurs gĂ©ographiques d'Oran Colline 1 Bugeaud » Colline 2 La Fayette » Colline 3 Bayard » Colline 4 CicĂ©ron » Colline 5 Hoche » Gilberte Blay Colline 6 Socrate » Colline 7 Surcouf » Colline 8 Colbert » Mers-el-KĂ©bir RĂ©seaux Oran Bonaparte Marcel Carreno France-AlgĂ©rie Marc Friess GAD Garde au Drapeau Jegou Commandos KlĂ©ber Olivier Parviller Commandos Robespierre Christian Choiral Commandos Vercors Lucien Tournier Groupe Surcouf Diego AlbĂ©racin Mostaganem Marc Payras, Favarel Branches Action Finances Action Psychologique Intervention auprĂšs des autoritĂ©s militaires ou civiles en faveur des activistes apprĂ©hendĂ©s MatĂ©riel et fabrication d'explosifs BoĂźtes aux lettres Militaire Secteurs Secteur Ville et hauts quartiers de Mostaganem Secteur Bas quartiers de Mostaganem et port Secteur Campagne ouest rĂ©gion d'Aboukir Secteur Campagne ouest rĂ©gion Georges Clemenceau Secteur Campagne est du Dahra Commandos Dahra Dominique Dufois Ghislain de la Mouette Sidi-bel-AbbĂšs Perrin OM Organisation des Masses 1er Bureau APP Action Psychologique et Propagande 5e Bureau Renseignement 2e Bureau OpĂ©rations 3e Bureau Finances 4e Bureau Relations avec les musulmans 6e Bureau SaĂŻda Bayle Tiaret Lieutenant Robert Planchot Constantinois Colonel Pierre ChĂąteau-Jobert Adjoint Lieutenant Michel Alibert Robert Martel alias le chouan de la Mitidja ». Organisation hors frontiĂšre OAS-MĂ©tropole Mission I Colonel HervĂ© Le Barbier de BligniĂšres, Chef d'Ătat-Major AndrĂ© Regard Yves Gignac Capitaine de vaisseau Jean Joba Mission II GĂ©nĂ©ral Paul Vanuxem DĂ©lĂ©guĂ© gĂ©nĂ©ral Capitaine Pierre Sergent Chef d'Ă©tat-major OM Organisation des Masses Lieutenant Daniel Godot, Adjoint Adjutant Chef Marc Robin APP Action Psychologique et Propagande Lieutenant Jacques Chadeyron ORO Organisation Renseignement OpĂ©ration Capitaine Jean-Marie Curutchet BCR Bureau Central de Renseignement Alfred Amiot BAO Bureau d'Action OpĂ©rationnelle Henri d'Armagnac GCM Groupement de Commandos Militaires Commandant Georges Robin80 Bureau des Plans Claude Capeau OMJ OAS MĂ©tro-Jeunes Lieutenant Nicolas Kayanakis, Adjoint Jean Caunes RĂ©seaux Bretagne Comte Horace Savelli, compagnon de la libĂ©ration Sud-Ouest Capitaine Bertrand de Gorostarzu Lorraine Commandant Robert Vitasse Lyonnais Bourguignon Colonel Arnaud de Seze81 Provence Jean Reimbold, Adjoint Pierre Castellan Corse ZAP Zone Autonome Paris Bertrand de Seze Zone Autonome Saint-Maixent Allemagne Colonel Parizot Mission III AndrĂ© Canal dit le monocle » Action Philippe Castille, Adjoint lieutenant Jean-Marie Vincent Propagande Nicolas d'AndrĂ©a Logistique Ferdinand Ferrand Finances Camille Vignau OAR Organisation AlgĂ©rie RĂ©volution Capitaine Jean-Marie Curutchet Capitaine Denis Baille Pierre ChariĂ©-Marsaines Jacques Balland Ăquipes Action de l'OAS-AlgĂ©rie Maquis-RĂ©surrection-Patrie Marcel Bouyer Bernard LefĂšvre Capitaine de corvette Jacques Roy RĂ©seaux AngoulĂȘme Bayonne Bordeaux Dax Limoges Mont-de-Marsan Poitiers Jeune Nation Pierre Sidos OAS-Madrid Groupe dissident revendiquant la direction centrale de l'OAS. Certains membres du groupe Madrid sont rapidement arrĂȘtĂ©s par la police espagnole Guardia civil. Pierre Lagaillarde Joseph Ortiz Colonel Antoine Argoud Colonel Charles Lacheroy Autres membres Morts en prison Commandant Robert Casati, Commandant Niaux, Charles Daudet, Jean Luc Biberson, Albert Garcin Membres divers GĂ©nĂ©raux Pierre Marie Bigot, Jacques Faure, Gouraud, Jean Louis Nicot Colonels Joseph Broizat, Ceccaldi, de La Chapelle, Coustaux, Henri Dufour, Emery, Raymond Gorel alias cimeterre, Pierre Lecomte, Georges Masselot, Jean Paoli, Serge-Henri Parisot , Bertrand de Seze ancien du bataillon de CorĂ©e Lieutenant colonels Armand BĂ©nĂ©sis de Rotrou, Hubert Puga Commandants Bertuit, AndrĂ© Botella, Jean Brechignac, Marcel Forhan, Houette, Jaupart, Jaybert, Georges Marchal, Robin, PĂ©riĂ©. Capitaine de corvette Jacques Woringer Capitaines Arfeux, Assemat, Michel BĂ©sineau, Michel Boisson, Jean Borius, Michel Brandon, comte AndrĂ© Brousse de Montpeyroux rĂ©serve, Marcel ClĂ©dic, Jean-Claude Denys, Jean Ferrandi, Filippi, Gaston, Jean Graziani[rĂ©f. nĂ©cessaire] 83, François Le Berre, Paul-Alain LĂ©ger, NoĂ«lle Lucchetti, Montagnon, Messud, Mosconi, Raymond Mura, Ponsolle, Pouilloux, de Saint Remy, Jean RenĂ© SouĂštre, AndrĂ© Troise, Vallauri Lieutenant de vaisseau Cucherat Lieutenants Hourtoule, Claude Goulette, Georges Reynald, Bernard, Madoui, Porte, LĂ©onardi, Mertz, Garceau, Pauc, Panzani, Henry Lobel, de la Bigne, Labriffe, RenĂ© Coatalem, Christian LefĂšvre Sous Lieutenants Claude Dupont, Guy Montero, RĂ©my Madoui, Jean François Collin, Charles Bourde Adjudant Chef Georgio Adamo Muzzati maquis Albert Adjudants Rebatel, Faye, Michel Sergent Chef Baude, LĂ©onardi Sergent ClĂ©ment, Carado, Robin Caporal Chef Bernard soi-disant Gabriel, dĂ©serteur du 6e son nom est Ă©voquĂ© Ă la radio dans Inter actualitĂ©s » Caporal De la Chapelle d'Apcher LĂ©gionnaire Claude Tenne, alias Marco ou Marc Tenard Delta, qui s'Ă©vadera de la prison de l'ile de RĂ© en 1967, lĂ©gionnaire Large Sympathisants et soutiens Le commandant Raymond Muelle, campagne de Corse et d'Elbe en 1943, campagne de France en 1944, campagne d'Allemagne et d'Autriche en 1945, ancien chef du 1er bataillon de choc, lieutenant au 2e BEP en Indochine, capitaine au 11e Choc en 1954 en AlgĂ©rie, commandant au SDECE en 1957. En octobre 1962, bien que nâayant pas rejoint ceux quâon appela les soldats perdus » il fut arrĂȘtĂ© et inculpĂ© de complot contre la sĂ»retĂ© de lâĂtat et de dĂ©tention illĂ©gale dâarmes. Il semble quâon lui ait reprochĂ© dâavoir conservĂ© des liens dâamitiĂ© avec certains soldats rebelles. Quant Ă la dĂ©tention dâarmes il Ă©tait dit-il collectionneur, mais il ajoute avec humour Bon, dâaccord, je nâaurais peut-ĂȘtre pas dĂ» garder les munitions » La guerre dâAlgĂ©rie 54-62, TrĂ©sor du Patrimoine, volume 11. En fĂ©vrier 1964, il est condamnĂ© avec sursis mais il est mis Ă la retraite d'office et doit quitter lâarmĂ©e. Le colonel Bernard Moinet dĂ©missionne de l'armĂ©e dĂšs qu'il apprend le massacre des Harkis. Il donna de nombreuses confĂ©rences et publia un livre L'X en croix en hommage au colonel Bastien-Thiry. Les juifs pieds-noirs et l'OAS Les attentats du FLN touchent Ă©galement les synagogues et les rabbins en janvier 1962, le FLN commet des attentats dans le quartier juif de Mostaganem ; une grenade est lancĂ©e sur un marchĂ© du quartier juif de Constantine en mai ; etc. Durant cette pĂ©riode, la communautĂ© juive s'oriente d'une maniĂšre gĂ©nĂ©rale vers une position de neutralitĂ©. Les organisations communautaires font preuve d'une extrĂȘme modĂ©ration et refusent de prendre politiquement position ; pourtant certains de leurs membres s'engagent au sein de l'OAS, de maniĂšre individuelle comme Jean Ghenassia qui deviendra le lieutenant de Joseph Ortiz selon Emmanuel Ratier, ou collectivement comme Ă Alger, Ă Oran et Ă Constantine oĂč ils seront particuliĂšrement actifs. RegroupĂ©s au sein des Commandos Colline », ces groupes sont liĂ©s aux rĂ©seaux France RĂ©surrection conduits par Elie Azoulai et Ben Attar. Ils assassineront certains Ă©lus musulmans, essaieront de mettre le feu Ă la prison oĂč sont dĂ©tenus des hommes du FLN, et abattront des officiers français, comme le lieutenant-colonel Pierre Rançon, chef du 2e Bureau d'Oran, chargĂ© de la lutte anti-OAS. Les musulmans et l'OAS L'OAS avait lancĂ© un appel aux français-musulmans pour combattre auprĂšs d'eux, contre le FLN. En 1962, on dĂ©nombre au moins deux musulmans parmi les jeunes dirigeants de l'OAS. En 1963, Bachaga Boualam explique ainsi l'engagement de nombreux musulmans au sein de l'OAS MĂȘme au moment oĂč tout Ă©tait perdu, il y avait dans le cĆur de certains Musulmans l'immense espoir que les chefs militaires prestigieux qui avaient Ă©tĂ© Ă la tĂȘte de l'ArmĂ©e française et qui avaient pris la tĂȘte de l'armĂ©e secrĂšte parviennent Ă la victoire. J'ai le devoir d'Ă©crire que si de nombreux Musulmans, beaucoup plus nombreux qu'on ne le dit, se sont embarquĂ©s sur cette galĂšre qu'ils soient du MNA ou de l'AlgĂ©rie française, c'est qu'ils voyaient dans l'OAS une planche de salut, leur derniĂšre avant de s'avouer vaincus, avant de dire dĂ©finitivement, nous avons Ă©tĂ© trahis ». Groupuscules se rĂ©clamant hĂ©ritiers de l'OAS en 2017 et 2018 L'OAS a cessĂ© ses activitĂ©s en 1965. Bien que le groupe ait disparu au cours des annĂ©es 1960, deux groupuscules se rĂ©clamant hĂ©ritiers de l'OAS sont apparus briĂšvement en 2017. L'un d'eux comportait une dizaine d'individus, l'autre Ă©tait constituĂ© d'un unique adolescent. Ils ne sont donc aucunement comparables Ă une renaissance de leur modĂšle. En octobre 2017, le premier groupuscule qui se faisait appeler OAS, constituĂ© de huit personnes dont trois mineurs, projetait des attentats sans prĂ©paration concrĂšte contre des hommes politiques pendant la campagne prĂ©sidentielle ». Le second groupuscule Ă©tait constituĂ© d'un unique mineur isolĂ© se faisant passer pour un commando nommĂ© CDPPF » ou OAS 26 septembre ». Il s'est rendu Ă la police le 29 janvier 2018 aprĂšs plusieurs agressions racistes au marteau et deux tentatives d'incendie contre l'universitĂ© de Bourgogne entre-autres.
barbie et la porte secrĂšte en entier