Mourir peut attendre », my name was Bond, James Bond Ă Daniel Craig endosse pour la derniĂšre fois le costard de lâagent 007 dans « Mourir nâattend pas ».
Enavril prochain, Daniel Craig tiendra le rÎle de James Bond pour la cinquiÚme et derniÚre fois, soit dans Mourir peut attendre ( No Time to Die ), dont la bande-annonce officielle a été
En achevant le visionnage de No Time To Die, une critique lapidaire dâAu Service secret de sa MajestĂ© (rĂ©alisĂ© par Peter Hunt en 1969) mâest revenue en mĂ©moire : « aurait pu ĂȘtre le meilleur des Bond. Pas un classique ». En assumant la paraphrase, Mourir peut attendre aurait dĂ» ĂȘtre le meilleur des Bond mais ne sera pas le classique quâil aurait pu devenir.
VingtcinquiĂšme film de la saga, Mourir peut attendre est le cinquiĂšme et dernier James Bond avec Daniel Craig. AmorcĂ©es avec Casino Royale (2006), qui suivait lâinitiation de James Bond Ă la vie dâagent double-0, ses aventures ont continuĂ© avec Quantum of Solace (2008), Skyfall (2012) et 007 Spectre (2015).Mourir peut attendre commence dans la foulĂ©e et poursuit la trajectoire du
Carne lâappelez plus James Bond. Dans « Mourir peut attendre » qui sort le 31 mars, Daniel Craig restera Bond mais sera remplacĂ© en tant quâagent 007 par une femme noire -
PrĂšsde trois minutes, câest la durĂ©e de la seconde bande-annonce du trĂšs attendu 25Ăšme film de la sĂ©rie des James Bond, baptisĂ© Mourir peut attendre (No time to die en anglais). La bande-annonce ne laisse que trĂšs peu de temps pour souffler avec son aspect explosif assumĂ©. A moto, en avion ou au volant de sa lĂ©gendaire Aston Martin, 007 aura manifestement
. Jâattendais ce jour avec impatience lâavant-premiĂšre du nouveau James Bond, en projection mondiale simultanĂ©e. Londres, Paris, Bruxelles, dans cette catĂ©gorie, ça fait cheap comme sortie en fanfare. Câest pas encore Podgorica, VĂ©nissieux ou Lamotte-Beuvron, mais sans New-York ni Tokyo dans la liste, ça craint. Est-ce la crise, la crainte des conspirationnistes ? Ceux-lĂ , depuis le COVID, ils nâen ratent pas une ! La derniĂšre ? Et bin le virus serait sorti dâun laboratoire secret cachĂ© quelque part en Asie⊠Sâils avaient su que priver lâhumanitĂ© toute entiĂšre de cinĂ©ma pendant deux ans aurait pour consĂ©quence de faire se prĂ©cipiter la foule vers le nouveau James Bond⊠Comme si 007 avait du temps Ă perdre⊠Ca fait presque 70 ans quâil se consacre Ă anĂ©antir le SPECTRE⊠Pour cette soirĂ©e au grand Rex, je mâĂ©tais fendu dâun complet veston cravate. Ainsi jâĂ©tais comme tĂ©lĂ©portĂ© Ă Cannes lâancien palais des festivals, les grandes annĂ©es. Je me laissais porter quand tout dâun coup dâun seul, lĂ , hop, un grand black en smoking me braque avec son Iphone. Moi, illico, je dĂ©gaine le mien, et on reste lĂ , face Ă face, un terrifiant duel de volontĂ© et de courage. Le temps se fige⊠JusquâĂ ce que rĂ©sonne un bip. Câest bon, passez », quâil mâdit⊠Et sâadressant aux suivants prĂ©parez vos pass-sanitaires, sâil vous plait »⊠Brutal, le dĂ©grisement⊠Sur mon siĂšge, jâai rĂ©ajustĂ© mon masque. La lumiĂšre baissa, la projection commençait. La consigne Ă©tait impĂ©rative ne rien spoiler ». Heureusement, ce soir lĂ , mon voisin nâa pas respectĂ© la consigne, et mâa racontĂ© ce que je nâavais pas vu, puisque je mâĂ©tais endormi⊠MalgrĂ© de spectaculaires trucages, jâai trompĂ© mon ennui en faisant le dĂ©compte des mĂ©chants Ă©liminĂ©s⊠Mieux que les moutons pour rejoindre les bras de MorphĂ©e⊠Et il ne lĂ©sine pas, le bougre ça tombe comme des mouches ! A se demander comment un tel meurtrier arrive encore Ă passer pour un hĂ©ros ? Imaginez-le, coiffĂ© dâun turban⊠LĂ , Bond meurt Ă la fin, mais pas 007. VoilĂ quâest dit⊠Ca fait du bien ! MĂȘme sâil est vain dâaller contrer lâobjectif des promoteurs accumuler des entrĂ©es avant que lâindigence du scĂ©nario ne soit connu. Pourtant lâoption Ă©tait sĂ©duisante. Dissocier Bond de 007 et conjuguer genre fĂ©minin et minoritĂ© visible⊠En fait, rien que de lâesbroufe. Chose Ă©tonnante, la combine James Bond » aura servi pour le dĂ©cĂšs de Bernard Tapie. Ce grand hĂ©ros de la lutte contre le front national !⊠Un engagement politique, de 1987 Ă 1996, qui a rĂ©duit le score de Jean-Marie Le Pen aux prĂ©sidentielles, de 14% en 1988, Ă 15% en 1995âŠ. Comme le SPECTRE, je vous dis, Ă chaque Ă©pisode le mĂȘme en pire. Et pendant ce temps, Tapie sauvait lâĂ©conomie française, en faisant tout pĂ©ter ses entreprises, achetĂ©es un franc symbolique, et envoyer valser le personnel Ă lâANPE. Rien que des mĂ©chants chĂŽmeurs⊠Et pour couronner tout ça, un seul et mĂȘme slogan que Tapie nous rabĂąchait de sa voix de Dark Vador mourir peut attendre. Pathros Narration MĂ©laka
Action Espionnage James Bond Mourir peut attendre est ce soir Ă 21h06 sur Canal+. Daniel Craig tire sa rĂ©vĂ©rence en James Bond dans Mourir peut attendre, 25e Ă©pisode de la saga. Critique avec spoilers du film. James Bond est de retour, enfin. AprĂšs mille ans d'attente, Mourir peut attendre est arrivĂ© dans les salles de cinĂ©ma, pour marquer le cinquiĂšme et ultime Ă©pisode de Daniel Craig dans le costume du hĂ©ros créé par Ian Fleming en 1952. AprĂšs Casino Royale, Quantum of Solace, Skyfall et Spectre, Mourir peut attendre avait donc pour mission de conclure cet arc de James Bond, et a dĂ©cidĂ© de ne pas y aller de main morte. AprĂšs notre critique de James Bond dans Mourir peut attendre, place au dĂ©cryptage dĂ©taillĂ© et plein de spoilers. ATTENTION SPOILERS LE MEILLEUR LE ROC DANIEL CRAIG Câest en 2006 que Daniel Craig sâest emparĂ© dâun des rĂŽles les plus convoitĂ©s de lâindustrie hollywoodienne. En presque 15 ans, son Bond aura plus Ă©voluĂ© quâaucun autre avant lui, et ce grĂące Ă une ambition inĂ©dite offrir pour la premiĂšre fois au personnage et Ă son interprĂšte un arc continu, un fil rouge dramatique qui le porte, sous-tende son Ă©volution et renforce lâempathie du public Ă son endroit. Câest tout dâabord ce qui fait la rĂ©ussite de ces cinq longs-mĂ©trages, qui demeurent Ă ce jour rĂ©solument Ă part au sein de la saga, du fait de leur cohĂ©rence. Et si cette derniĂšre avec ses hauts et ses bas sâest avĂ©rĂ©e possible, câest essentiellement grĂące Ă lâinvestissement de Daniel Craig. Les scĂ©narios sâĂ©tant montrĂ©s pour le moins inĂ©gaux tout du long de cet arc, câest sur les Ă©paules de lâacteur que revenait la tĂąche de faire exister cet homme tour Ă tour sĂ©ducteur, puissant, brisĂ© et inarrĂȘtable. Casino Royale Deluxe Et câest probablement dans Mourir peut attendre que lâartiste pousse le plus loin les traits de son personnage. Toujours aussi impressionnant physiquement, il incarne avec une intensitĂ© remarquable un vieux fauve se dĂ©battant avec le destin pour retrouver sa libertĂ©. La lutte est herculĂ©enne, le mettant Ă lâĂ©preuve dans sa chair et son Ăąme. On apprĂ©cie dâautant plus cet ultime tour de piste de Daniel Craig quâil prend certes un plaisir Ă©vident Ă aligner les punchlines Ă la papa que lui rĂ©serve le scĂ©nario, mais explose dans tous les sens Ă la fin. Son interprĂ©tation s'avĂšre ravageuse dans le dernier tiers du film, lorsque lâacteur tire toutes ses cartouches de rĂ©serve. Quand tu attends le calendrier des pompiers L'INTRO en mode halloween L'habit ne fait pas le monstre, mais ce Lyutsifer Safin s'impose dĂšs la scĂšne d'intro avec son masque de fantĂŽme sans opĂ©ra. Maison isolĂ©e dans la nature, paysage enneigĂ©, tueur fantomatique et increvable, victime pleine de ressources Mourir peut attendre commence comme un petit slasher, avec le futur grand vilain du film dans le rĂŽle du boogeyman. Le rĂ©alisateur Cary Fukunaga Ă©tait attachĂ© Ă l'adaptation de Ăa, de Stephen King, mais avait quittĂ© le projet suite Ă des diffĂ©rends artistiques. Il a de toute Ă©vidence retrouvĂ© un petit appĂ©tit de cinĂ©ma de genre avec cette intro oĂč il mobilise quelques ficelles classiques apparition du croque-mitaine derriĂšre la fenĂȘtre, cachette menacĂ©e par une sonnerie gĂȘnante, tueur qui se relĂšve contre tout bon sens, fuite dĂ©sespĂ©rĂ©e. Une scĂšne de prĂ©intro visuellement trĂšs belle, et qui dĂ©note dans la galaxie James Bond puisque le hĂ©ros n'est pas lĂ . Et dans une franchise si carrĂ©e, qui rĂ©pĂšte peu ou prou la mĂȘme formule Ă chaque opus depuis des dĂ©cennies, ce n'est pas rien. Halloween on Ice l'intro dolce vita & furious Peu de structures sont aussi risquĂ©es qu'une double introduction un certain Wonder Woman 1984 en a rĂ©cemment fait les frais. Trop Ă©tirĂ©es ou fades, elles prennent le risque d'alourdir considĂ©rablement l'entrĂ©e en matiĂšre ; et trop pĂ©taradantes, elles peuvent donner l'illusion que le rĂ©cit pĂ©dale dans la semoule une fois passĂ© le tour de force. Ni bĂ©gaiement, ni feu d'artifice dispensable, la seconde ouverture de Mourir peut attendre est une belle rĂ©ussite, qui parvient Ă mĂȘler les deux ambitions contraires du projet - l'intime et le grand spectacle. Nous retrouvons donc James et Madeleine, feignant de couler des jours heureux en Italie, pour ce qui a des airs de lune de miel, quand il est en rĂ©alitĂ© question pour James d'honorer une derniĂšre fois la tombe de Vesper. Non-dits, secrets et silence explosent alors logiquement, incarnĂ©s par une nuĂ©e d'assassins motorisĂ©s. DĂšs lors, 007 se lance dans une course-poursuite Ă©perdue contre ses assaillants, mais aussi contre le soupçon qui pĂšse Ă ses yeux sur Madeleine, qui pourrait bien ĂȘtre l'ultime cache-nez de Spectre. La course Ă la mort de l'an 2021 ThĂ©oriquement et Ă©motionnellement forte, cette longue sĂ©quence jouit aussi du talent phĂ©nomĂ©nal de Cary Fukunaga. Il dĂ©bute ainsi par une sĂ©rie de plans amples, pour ne pas dire luxueux, qui tirent pleinement parti de la chaleureuse photographie de Linus Sandgren, comme de la partition emphatique de Hans Zimmer. Des qualitĂ©s dĂ©cuplĂ©es sitĂŽt que l'action s'Ă©nerve. DĂšs lors, on a un droit Ă un enchaĂźnement de cascades qui demeureront les plus spectaculaires du film, jusqu'Ă un dĂ©luge de balles qui dĂ©truira simultanĂ©ment les mĂ©chants et la confiance de l'espion en la femme qu'il aime. Et le spectateur de rester transi de bonheur, devant ce raz-de-marĂ©e qui sent bon la poudre et la maestria. IdĂ©al pour lancer l'intrigue sur les rails d'une ambition totale. Un crash test un peu extrĂȘme les dĂ©cors mi-neufs mi-old school Non pas que l'Ăšre Craig ait omis de nous rĂ©galer en tableaux grandiloquents, particuliĂšrement dans Skyfall grĂące Ă une photographie de toute beautĂ©. Mais c'est peut-ĂȘtre dans ce Mourir peut attendre que les dĂ©cors sont les plus variĂ©s et travaillĂ©s, durĂ©e aidant. Les deux introductions se chargent de le prouver trĂšs vite, farfouillant les recoins de leurs environnements, pourtant aux antipodes, sans pour autant renouer avec l'exotisme de pacotille de certains vieux Bond. Le chalet norvĂ©gien perdu au milieu d'un ocĂ©an de glace cristallise vous l'avez ? parfaitement l'Ă©tat mental de la jeune Madeleine, tandis que la si cinĂ©matographique Matera, dĂ©jĂ immortalisĂ©e dans L'Ăvangile selon Saint-Matthieu et La Passion du christ, charpente Ă elle seule un immense morceau de bravoure. L'arrivĂ©e sur la franchise du production designer Mark Tildesley et de la dĂ©coratrice VĂ©ronique Melery, synonymes d'Ă©lĂ©gance depuis leur passage par la production de Phantom Thread, autorise cet opus Ă revenir Ă une lĂ©gĂšre extravagance, sans pour autant complĂštement jurer avec le semi-rĂ©alisme et la dimension tragique du rĂ©cit. MĂȘme les extĂ©rieurs se jouent plus que d'ordinaire des conventions spatiales pour dĂ©cupler les soucis de l'espion, Ă l'instar d'une sĂ©quence de poursuite brumeuse qui se dĂ©porte, au grĂ© du dĂ©coupage, d'une plaine dĂ©gagĂ©e Ă un labyrinthe sylvestre. ScĂšne d'action dĂ©cevante dans un dĂ©cor inspirĂ© Mais la plus grosse concession aux dĂ©cors cultes d'antan reste bien sĂ»r le repaire du mĂ©chant, si capital qu'il accueille l'intĂ©gralitĂ© du dernier acte. Jusqu'ici, les aventures de Craig soit Ă©ludaient complĂštement ce poncif jugĂ© ringard en dĂ©plaçant leur bad guy dans un lieu commun une salle de poker, un hĂŽtel, soit l'effleuraient doucement la ville fantĂŽme, la salle de rĂ©union du Spectre. Mourir peut attendre met en scĂšne un repaire Ă l'ancienne, qui reflĂšte la mĂ©galomanie toxique de l'antagoniste. Tout y est lĂ©gion de sous-fifres dĂ©ssoudables par paquets de 12, trĂ©fonds dangereux dĂ©pourvus de piranhas, mais injectĂ©s de poisons mortels, et architecture menaçante. Et encore une fois, miraculeusement, les partis pris artistiques le sauvent du kitsch. Au contraire, ils participent Ă la tragĂ©die de la mort de 007. L'agent explose en mĂȘme temps que les derniers vestiges de la vilĂ©nie Ă la Bond, qu'on se faisait pourtant une joie de redĂ©couvrir. L'ombre et la lumiĂšre AIMER PEUT ATTENDRE L'Ă©motion Ă©tait dĂ©jĂ lĂ , belle et terrible, dans Casino Royale. Mais elle venait par surprise, et tombait sur le public et sur le hĂ©ros comme un coup de massue au cours d'un faux Ă©pilogue servant de vrai climax. Comme en miroir, Mourir peut attendre commence presque immĂ©diatement dans les sentiments, avec une longue introduction oĂč le passĂ© le tombeau de Vesper et le prĂ©sent la confiance de James en Madeleine explosent en mille morceaux. Le gĂ©nĂ©rique arrive non pas sur un moment d'hĂ©roĂŻsme ou une cascade folle, mais sur les larmes d'une sĂ©paration brutale. C'est la note d'intention de Mourir peut attendre, qui s'accrochera Ă ce couple jusqu'Ă la toute derniĂšre image, et fera de leur amour le fil rouge de l'intrigue. Le scĂ©nario co-signĂ© Cary Joji Fukunaga, Neal Purvis, Robert Wade et Phoebe Waller-Bridge s'attache plus que jamais Ă l'homme derriĂšre le bloc de bĂ©ton Bond, explorant sa facette de pĂšre de famille pour donner une nouvelle dimension inĂ©dite au hĂ©ros - puisque l'amour, le vrai, a dĂ©jĂ Ă©tĂ© plusieurs fois explorĂ©, notamment dans Au service secret de Sa MajestĂ©. Love Actually Le sacrifice final de James Bond est bien sĂ»r le point d'orgue du film, et le moment oĂč l'espion est dĂ©finitivement et fatalement ramenĂ© Ă son statut d'ĂȘtre humain. C'est tout le sujet de Mourir peut attendre ramener James Bond Ă sa mortalitĂ©, Ă son corps abĂźmĂ© et pĂ©rissable, pour le meilleur avoir un enfant et pour le pire la contamination perverse de Safin, qui le condamne. La camĂ©ra de Cary Joji Fukunaga s'attarde alors longuement sur les visages, les chuchotements de dĂ©tresse, et le vide de l'absence. Mourir peut attendre s'ouvre et se referme ainsi sur l'antithĂšse du clichĂ© James Bond, avec la douceur et la violence de l'amour sous diverses formes. De quoi le placer parmi les Ă©pisodes les plus doux et amers. Et boucler Ă merveille le cycle trĂšs sentimental et noir de Daniel Craig en James Bond, entamĂ© avec Casino Royale. Du bleu Ă l'Ăąme la musique Inutile de le rappeler le cas Zimmer divise profondĂ©ment les bĂ©ophiles, et sa partition pour Dune, largement commentĂ©e et dĂ©battue au sein de la rĂ©daction, n'a pas manquĂ© de le rappeler il y a de ça quelques semaines. Son arrivĂ©e sur une franchise Ă l'identitĂ© musicale aussi marquĂ©e a donc fait grand bruit, presque autant que ses crescendos cacophoniques. Mais force est de constater que son style s'accorde particuliĂšrement bien Ă la tonalitĂ© de cette ultime aventure, volontiers aussi grandiloquente, autant dans l'action que dans l'Ă©motion. AccompagnĂ© par Johnny Mar, lĂ©gendaire guitariste des Smith, il insĂšre ses grosses nappes bourrin dans les accords les plus cĂ©lĂšbres de la saga, renforçant Ă la fois la gĂ©nĂ©rositĂ© des sĂ©quences spectaculaires et la gravitĂ© de la situation, sans pour autant dĂ©laisser les quelques encarts exotiques caractĂ©ristiques - lors des sĂ©quences Ă Cuba, par exemple. MĂȘme les nouveaux thĂšmes embrassent la brutalitĂ© de ces nouvelles pĂ©ripĂ©ties, bien que ce n'est pas lĂ que le compositeur surprend le plus. Lorsqu'il rĂ©cupĂšre la mĂ©lodie d'un morceau de Billie Eillish, dont les airs de requiem annoncent le final, il en vient presque Ă insĂ©rer une subtilitĂ© romantique entre deux crescendo graves, que le disque met bien en valeur dans des morceaux comme Home. Une prĂ©cision qu'on n'aurait pas soupçonnĂ©e sur cette partition, quand bien mĂȘme l'artiste a toujours recours Ă quelques facilitĂ©s pour y parvenir I'll Be Right Back. C'est Ă la fin que le choix de Zimmer semble le plus Ă©vident. Les derniĂšres minutes du film, rĂ©duisant en cendres l'un des plus grands mythes du 7e art d'une pluie de missiles, exigeaient de lĂącher les chiens. Le compositeur Ă©tait l'homme de la situation il fait pĂ©ter les violons et les notes de piano mĂ©lancoliques pour offrir au hĂ©ros le sacrifice emphatique qu'il mĂ©rite. Sachez que mĂȘme le plus virulent des dĂ©tracteurs de Zimmer d'Ecran Large, anonyme, quoique barbu, a reconnu l'efficacitĂ© de son score. Et si son coeur corrompu a succombĂ© Ă son charme, ils seront peu Ă rester insensibles. la mort de bond, enfin Comme nous lâindique le gĂ©nĂ©rique de fin, nulle inquiĂ©tude personne nâa dĂ©cidĂ© dâen finir avec le lĂ©gendaire espion au service secret de Sa MajestĂ©. Pour autant, conclusion de lâarc narratif oblige, il fallait bien offrir un dĂ©part en grande pompe Ă Daniel Craig et son incarnation du hĂ©ros. Et quoi de mieux quâune conclusion aussi dĂ©lirante visuellement que tragique, en parfait miroir de Casino Royale, sa premiĂšre aventure ? Dans le premier chapitre de son Ă©popĂ©e, 007 Ă©tait sauvĂ© par le sacrifice de son premier grand amour, qui se prĂ©cipitait dans un piĂšge sans issue sous ses yeux, en espĂ©rant le protĂ©ger. Cette fois, câest James qui choisira de se sacrifier, plutĂŽt que de faire courir un risque mortel Ă celles quâil aime. Cette construction en miroir fonctionne dâautant mieux quâexactement comme dans Casino Royale, le film assume frontalement ce parti pris audacieux, jamais vu dans la franchise. Non, 007 nâaura pas droit Ă un dĂ©part loin des yeux, Ă une mort dissimulĂ©e en hors-champ, qui faciliterait lâintroduction de son successeur, au contraire. Le rĂ©alisateur Cary Fukunaga et ses coscĂ©naristes et les producteurs, bien sĂ»r ont choisi de lâĂ©parpiller plein cadre façon puzzle, Ă lâoccasion dâune scĂšne qui va jusquâau bout de sa portĂ©e mythologique musique emphatique, plans soignĂ©s Ă lâextrĂȘme et dĂ©luge de feu aux accents dâĂ©lĂ©gie sublime. "Je viens signer ma convention obsĂšques" LE MOYEN l'alĂ©a lĂ©a seydoux Au-delĂ de toutes les habituelles questions sur l'Ă©cole de la vie Seydoux et son arbre gĂ©nĂ©alogique, l'actrice a eu droit Ă un Ă©trange sortilĂšge dans la saga 007 elle a dĂ©crochĂ© le rĂŽle d'une James Bond girl majeure, qui a le privilĂšge d'ĂȘtre centrale dans deux films, mais avait eu droit Ă une entrĂ©e en matiĂšre plutĂŽt mĂ©diocre. Ăcrite Ă la truelle dans Spectre, elle passait de femme sur ses gardes Ă amoureuse Ă©perdue en 24 minutes chrono, sans aucune autre raison que l'obligation narrative. Elle n'avait Ă peu prĂšs rien Ă jouer, malgrĂ© le deuil d'un pĂšre Ă gĂ©rer, un pseudo ultimatum posĂ© Ă James Bond, et un sauvetage final particuliĂšrement paresseux. La comparaison avec Vesper Lynd, dont la relation avec James Bond Ă©tait construite en Ă©tapes, Ă©tait terrible. "Je te jure, cette fois t'as quelque chose Ă jouer dans le film" Dans Mourir peut attendre, du temps a passĂ©, et Madeleine Swann existe rĂ©ellement. Entre l'intro qui lui est dĂ©diĂ©e, son vrai trauma enfoui et son enfant cachĂ©, elle gagne une dimension vĂ©ritable face Ă James Bond. Elle n'existe pas que pour servir le scĂ©nario et arranger la dramaturgie, et la scĂšne oĂč elle retrouve James Bond dans la prison de Blofeld en est un bon exemple. Madeleine semble enfin exister, avec sa propre petite galaxie de secrets et conflits. Le scĂ©nario est largement construit sur elle, et LĂ©a Seydoux est utilisĂ©e avec intelligence - non pas comme une actrice parmi les autres, comme dans Spectre, mais comme LĂ©a Seydoux, avec tout ce qu'elle dĂ©gage et impose, quoi qu'on en pense. Cary Fukunaga la filme ainsi comme une figure presque fantomatique, et exploite son cĂŽtĂ© poupĂ©e de porcelaine, avec notamment sa voix fragile. Mourir peut attendre ne calmera pas les anti-LĂ©a Seydoux, qui seront certainement exaspĂ©rĂ©s par ses yeux embuĂ©s, sa voix tremblotante qui chuchote, et son visage opaque. Qu'elle ait Ă©tĂ© choisie pour marquer Ă ce point l'histoire de la saga 007 devrait mĂȘme donner quelques crises de rage Ă©mouvantes. Mais l'actrice assure le service avec talent, en contrepoint des autres visages fĂ©minins du film. Et sa confrontation avec Safin dans le bureau, ses retrouvailles avec James dans le chalet isolĂ©, ou encore le dernier appel avec lui, en sont quelques preuves. Caster LĂ©a Seydoux = ouvrir la boĂźte de Pandore le cas lashana lynch Depuis maintenant plusieurs annĂ©es, les responsables de la franchise sâĂ©chinent Ă rĂ©pĂ©ter que non, James Bond ne changera pas de sexe, et que le matricule 007 attribuĂ© au personnage incarnĂ© par Lashana Lynch nâaura pas plus dâimpact sur le cĆur de la franchise que les nombreuses autres espionnes croisĂ©es par Bond au cours de ses pĂ©rĂ©grinations. QuâĂ cela ne tienne, les angoissĂ©s de tous bords professent depuis au moins aussi longtemps que lâaffreux monde de demain est vilain, et tente de castrer leur mĂąle prĂ©fĂ©rĂ©. Ils en seront pour leurs frais, puisque la dĂ©tentrice du matricule de James Bond est un personnage totalement satellite au rĂ©cit, dans lequel elle nâa pas la plus petite utilitĂ©. Câest bien simple non seulement on lâenvoie faire du porte-Ă -porte quand Bond part casser des bouches, mais son action la plus dĂ©cisive se limitera Ă dĂ©barquer aprĂšs une scĂšne dâaction pour jouer les taxis Ă la ramasse. Et câest dâautant plus regrettable que Lashana Lynch sâen tire admirablement, en dĂ©pit dâune Ă©criture boiteuse et dâun scĂ©nario qui lâabandonne en cours de route. Charismatique en diable, elle trouve lâexact Ă©quilibre entre malice, prĂ©sence magnĂ©tique et puissance physique. Ne mimant jamais le prĂ©cĂ©dent 007, mais jouant intelligemment dâune dĂ©clinaison de sa persona, les quelques joutes qui lâopposent Ă lui sont aussi brĂšves que rĂ©jouissantes. Un matricule, mais pas encore d'Aston Martin ? LA parenthĂšse ana de armas Personne ici n'osera dire qu'il y a un problĂšme avec Ana de Armas. L'actrice vue dans Blade Runner 2049, Knock Knock et Ă couteaux tirĂ©s est talentueuse, c'est indĂ©niable. Elle passe en coup de vent dans Mourir peut attendre, mais quel coup de vent dans la peau de Paloma, une jeune agent de la CIA qui assure ici sa premiĂšre mission sur le terrain, elle fait office de petite tornade d'humour. Le rĂ©alisateur et coscĂ©nariste Cary Fukunaga a imaginĂ© ce rĂŽle spĂ©cialement pour elle, et nul doute que Phoebe Waller-Bridge a largement Ă©crit ses scĂšnes, vu les dialogues rĂ©guliĂšrement malins. IngĂ©nue en robe de soirĂ©e dĂ©colletĂ©e, qui semble dĂ©couvrir le mĂ©tier comme une gamine dans un corps de poupĂ©e Barbie, Paloma a tout d'un clichĂ© de James Bond girl de la grande Ă©poque kitsch. Sauf qu'elle se rĂ©vĂšle bien plus intĂ©ressante et amusante que ça. "Vous voulez un whisky ?" Entre la grande enfant insensible aux charmes du hĂ©ros voire repoussĂ©e par l'idĂ©e de coucher avec lui, et l'agent secret qui manie avec dextĂ©ritĂ© les armes Ă feu, elle s'impose comme une variation moderne et amusante du stĂ©rĂ©otype de James Bond girl. Voire comme un miroir parfait du hĂ©ros elle doit se retourner pour laisser Bond se changer, boit cul sec son verre, fonce dans la mission, s'en sort avec quelques pirouettes inattendues, et a mĂȘme un cĂŽtĂ© kamikaze comme le Bond de la grande heure. Le fait qu'elle ne couche pas avec lui, et ne soit pas tuĂ©e et abandonnĂ©e derriĂšre comme un vieux torchon usĂ©, va dans ce sens. Le problĂšme ? Paloma est une parenthĂšse qui n'a pas grande utilitĂ© dans un film dĂ©jĂ bien long. Son humour dĂ©note dans Mourir peut attendre, si bien qu'elle semble appartenir Ă autre film, ou obĂ©ir Ă des obligations superflues avoir une James Bond girl plus traditionnelle, avoir un quota de de robe sexy. Les scĂ©naristes et l'actrice ont beau s'amuser avec ce cahier des charges, la parenthĂšse Santiago de Cuba y Paloma n'est pas trĂšs harmonieuse. Ana dĂ©s-armas la plupart des scĂšnes d'action Certes, les dizaines de gimmicks de la saga lui garantissent sa longĂ©vitĂ©, mais si le grand public se rue en salles Ă presque chaque itĂ©ration, c'est dans l'espoir d'en prendre plein les mirettes. Ce 25e opus Ă©tait allĂ©chant, puisque le matĂ©riel promotionnel laissait entrevoir une plĂ©thore de sĂ©quences d'action diverses et variĂ©es, investissant le gigantesque budget 250 millions de dollars en tĂŽle froissĂ©e, dĂ©cors Ă dĂ©figurer et salaires de cascadeurs. GĂ©nĂ©reux, No Time to Die l'est indĂ©niablement. Chaque nouvel environnement, chaque nouvelle rencontre donne lieu Ă un affrontement, assorti d'effets spĂ©ciaux convaincants un vĂ©ritable soulagement Ă l'heure oĂč certaines franchises bĂąclent cette Ă©tape pour mieux rentrer dans un calendrier. NĂ©anmoins, on aura fait baroud d'honneur plus divertissant, car jamais - Ă quelques exceptions prĂšs - les empoignades et autres poursuites ne dĂ©crochent la mĂąchoire. Les fausses bonnes idĂ©es la fusillade dans les bois s'enchaĂźnent et la plupart des bastons tombent Ă plat, faute de grain de folie chorĂ©graphique et cinĂ©tique. Le long-mĂ©trage se tire vite une balle dans le pied en commettant la mĂȘme erreur que ses prĂ©dĂ©cesseurs rĂ©cents rĂ©server la meilleure scĂšne d'action pour l'introduction. Largement spoilĂ©e par les bandes-annonces, la sĂ©quence ne fait finalement que laisser prĂ©sager du potentiel du film, potentiel qu'il n'atteint malheureusement pas. Reste le plan-sĂ©quence signature de Cary Fukunaga, prenant habilement la saga et ses grands espaces Ă contrepied en s'enfermant dans une cage d'escalier. Maigre pitance aux vues du nombre de scĂšnes d'action dispersĂ©es dans ces presque 3 heures, rarement mĂ©morables. Tellement de possibilitĂ©s... pour ça baby bond Une des apprĂ©ciables qualitĂ©s de ce nouvel Ă©pisode, câest la quantitĂ© dâexpĂ©rimentations quâon y trouve, lesquelles vont bien au-delĂ de petites tentatives, prĂ©fĂ©rant au contraire confronter le hĂ©ros Bond Ă des situations inĂ©dites, et jamais osĂ©es prĂ©cĂ©demment. Une des plus importantes, symboliquement parlant, est sans doute lâapparition dâun enfant. Le sien. Il sâagit dâune petite fille conçue avec Madeleine, dont notre hĂ©ros dĂ©couvre tardivement lâexistence. LâidĂ©e est terriblement casse-gueule, lâimage dâun 007 pouponnant et changeant des couches Ă©tant un tantinet Ă lâopposĂ© de celle du mĂąle roublard, alcoolique et ultraviolent qui constitue le canon du personnage ; mais elle est extrĂȘmement intĂ©ressante, en cela quâelle met plusieurs traits de caractĂšre du protagoniste Ă lâĂ©preuve. Baby shooter Tout dâabord, son statut sâen retrouve forcĂ©ment altĂ©rĂ©, tout comme son sens de prioritĂ©. LâĂ©ventuel mort ou sacrifice de chaque personnage devient un enjeu autrement plus important, tout comme la portĂ©e des actes de lâespion. Une orientation qui sied parfaitement Ă lâinterprĂ©tation de Daniel Craig, dĂ©sireux dâinvestir chaque aspect du rĂŽle. Malheureusement, Mourir peut attendre, sâil utilise souvent cette nouveautĂ© Ă bon escient, se gamelle Ă au moins deux reprises. Lorsque 007 rencontre sa descendance, Swann lui signifie, sobrement, quâil ne devra jamais espĂ©rer avoir de droit sur cet enfant de cette situation pourrait naĂźtre une tension ou Ă tout le moins une situation, que le scĂ©nario nâexploite jamais vĂ©ritablement. Et enfin, difficile de ne pas lever les yeux au ciel quand, lors du climax, aprĂšs avoir gĂ©rĂ© les Ă©motions conflictuelles de Bond, le film nous gratifie dâun plan passablement ridicule. AprĂšs avoir transformĂ© en passoire lâĂ©quivalent de la population luxembourgeoise, notre hĂ©ros tombe sur le doudou de sa fillette, abandonnĂ© au milieu de la fusillade, et, souriant tel un papa gĂąteau, sâen saisit prestement. Grotesque et indigne dâune comĂ©die de NoĂ«l, ce geste sabote hĂ©las un peu une belle idĂ©e. Mon film, ma bataille l'humoore RĂ©pliques cinglantes, clins dâoeil et gags ont accompagnĂ© les aventures de lâespion depuis des dĂ©cennies. Et si un certain esprit de sĂ©rieux aura rĂ©gnĂ© sur lâarc Daniel Craig, on pouvait dĂ©jĂ trouver dans Spectre lâĂ©cho de blagounettes typiques de lâĂšre Roger Moore, basĂ©e sur les nombreux commentaires du personnage face aux situations quâil rencontre. Une Ă©quation ici largement amplifiĂ©e. 007 ne manque jamais une occasion de rire dâune balle bien placĂ©e, ou dâune exĂ©cution rocambolesque. Le procĂ©dĂ© a Ă©tĂ© Ă©limĂ© par Roger Moore, mais force est de constater que Daniel Craig sâempare de cette figure de style avec un panache apprĂ©ciable, qui nuance idĂ©alement la dimension sĂ©vĂšre de son interprĂ©tation. Plus inattendue, cette forme de cynisme comme lorsquâil plaisante de la boĂźte crĂąnienne Ă©lectrisĂ©e dâun homme de main avec Q, mĂ©dusĂ© participe finalement du fatalisme et de la noirceur du personnage. En revanche, quand les blagounettes ou la lĂ©gĂšretĂ© sont gĂ©rĂ©s par dâautres, le rĂ©sultat est parfois catastrophique. On pense Ă ce scientifique russe, veule, traĂźtre et abominable en tout, quâon voudrait nous vendre comme une caricature de savant fou ricanant⊠mais dont aucune apparition ne fonctionne. Il aurait dĂ» ĂȘtre une source de lĂ©gĂšretĂ© et de dĂ©rision, mais jusquâau dernier acte du rĂ©cit, il pĂ©nalise lâensemble Ă la maniĂšre dâun bubon inĂ©lĂ©gant. "Et elle lui dit Ă ce prix-lĂ , tu voulais quand mĂȘme pas des gambas ?" LE PIRE le mĂ©chant ratage C'est certainement la grosse dĂ©ception de Mourir peut attendre Lyutsifer Safin, le grand mĂ©chant incarnĂ© par Rami Malek. Les Ă©toiles semblaient pourtant alignĂ©es, avec d'un cĂŽtĂ© un excellent acteur qui a dĂ©montrĂ© son talent dans la sĂ©rie Mr. Robot oui, on oubliera de mentionner son Oscar pour Bohemian Rhapsody. Et de l'autre, un antagoniste qui a le privilĂšge de vaincre James Bond, et de la maniĂšre la plus perverse qui soit non par la force des poings, mais par celle d'un esprit tordu qui a trouvĂ© la plus intime des failles chez l'increvable espion. Safin ne va pas tuer le hĂ©ros, il va le piĂ©ger, et l'amener Ă se sacrifier dans une explosion de dĂ©sespoir. De quoi propulser immĂ©diatement ce Safin parmi les grands mĂ©chants majeurs de la franchise. Le peeling ne suffit pas Sauf qu'Ă l'Ă©cran, ce Lyutsifer Safin reste follement sous-exploitĂ©, et n'a quasiment aucune raison d'ĂȘtre, bouger et parler. Il a beau ĂȘtre au cĆur de l'intro du film, et ĂȘtre intimement liĂ© Ă Madeleine et donc Ă James Bond, il se promĂšne comme une poupĂ©e dĂ©guisĂ©e le masque, les cicatrices, mais tristement creuse. MĂȘme son plan se venger, contrĂŽler le monde est largement laissĂ© en marge, au point oĂč tout ça n'a plus aucun sens si on prend la peine d'y rĂ©flĂ©chir une minute - ce que personne n'aura sincĂšrement envie de faire. C'est d'autant plus fou que ce Safin aurait pu ĂȘtre diablement inquiĂ©tant vu son rapport Ă Madeleine, qui flirte avec une attirance monstrueuse et tordue. Mais jamais le film ne s'en empare, prĂ©fĂ©rant garder ce monsieur dĂ©figurĂ© au rang des stoĂŻques flippants par pur principe. Ainsi, hormis son intro Ă la Michael Myers et sa confrontation trĂšs rĂ©ussie dans le cabinet de psy de Madeleine, le grand mĂ©chant passe inaperçu. MĂȘme son moment final avec 007 tombe Ă l'eau, la faute Ă des dialogues trop faciles et un manque cruel de tension. Safin n'est donc rien de plus qu'un pantin James Bondesque de plus, qui glisse mĂȘme vers la comĂ©die accidentelle lorsqu'il laisse la fille des hĂ©ros s'Ă©chapper dans un Ă©lan de fatigue. Un mĂ©chant qu'on s'en Malek couilles le troisiĂšme dĂ©marrage du film Mourir peut attendre tarde tellement Ă dĂ©marrer qu'il y a quasiment trois intros la petite Madeleine confrontĂ©e Ă Safin, la grande Madeleine dĂ©gagĂ©e par James Bond sur le quai d'une gare, puis l'attaque d'un labo secret Ă Londres. AprĂšs le gĂ©nĂ©rique, l'intrigue s'installe donc rĂ©ellement avec une interminable scĂšne oĂč des sbires inintĂ©ressants attaquent un immeuble high-tech, pour dĂ©rober un machin digne du virus ChimĂšre de Mission Impossible 2. Hormis la descente sur la façade en ombres chinoises, tout ça est gentiment insipide, et particuliĂšrement douloureux puisque le dĂ©marrage s'Ă©tale, notamment dans la prĂ©sentation d'un second rĂŽle parfaitement sans intĂ©rĂȘt - le scientifique Valdo Obruchev, babiole narrative encombrante, mi-comique mi-lourdingue. Ce qui aurait pu ĂȘtre rĂ©duit Ă une simple scĂšne d'exposition nerveuse et froide des scientifiques abattus sans hĂ©sitation se transforme alors en longue introduction, qui n'a aucune autre raison d'ĂȘtre que poser les briques du scĂ©nario. Ce qui ne mĂ©ritait pas tant de minutes, prĂ©cieuses dans un film dĂ©jĂ trĂšs long et rempli de personnages. Entre chien et loupĂ© mourir peut attendre 3 heures GrĂące Ă un premier acte puissant et une conclusion Ă la hauteur de ses enjeux, ce nouveau film ne manque pas dâatouts⊠à condition de survivre Ă lâheure interminable qui lui sert de tronçon central. Câest bien simple Ă peu prĂšs rien ne va pendant une bonne soixantaine de minutes, Ă tel point que lâintrigue se traĂźne interminablement, sans pour autant parvenir Ă traiter ses points essentiels ni Ă remplir ses plus Ă©lĂ©mentaires promesses. Quid du fameux secret de Madeleine, censĂ© Ă©parpiller la psychĂ© de James ? Bien malin qui y comprendra quoi que ce soit. DâoĂč vient Safin, quel est son plan, et quelles en sont les motivations au-delĂ de la vengeance d'hier ? Impossible dây rĂ©pondre sereinement. Pourquoi ne pas utiliser plus longuement Arna de Armas, et ce nouveau personnage au charisme instantanĂ©ment ravageur ? Ă quoi sert la nouvelle 007 puisque sa bataille d'ego avec Bond est vite ravalĂ©e ? On ne le saura pas. Et pourtant, tout se traĂźne, presque sans justification valable. Il a mĂȘme eu le temps d'aller Ă la pĂȘche entre deux tunnels de dialogues Les scĂ©naristes Neal Purvis et Robert Wade ici Ă©paulĂ©s par Cary Joji Fukunaga et Phoebe Waller-Bridge rĂšgnent en maĂźtres sur la narration de la saga depuis Le Monde ne suffit pas, et câest peu dire quâils ne seront jamais parvenus Ă concilier son ambition feuilletonnante avec les attendus dâun film dâaction Ă©pique. Le constat est dâautant plus cruel que le rĂ©alisateur cherche pour sa part Ă proposer une mise en scĂšne spĂ©cifique des sĂ©quences dâaction, pendant quâon sent le duo contraint de dĂ©cliner quantitĂ© dâhommages et de rĂ©vĂ©rences Ă lâensemble de la saga. Cette alliance de talents peut-ĂȘtre pas toujours compatibles, et dâobjectifs inatteignables, aboutit donc Ă un improbable gloubi-boulga narratif, qui se perd en circonvolutions, et semble distrait par ses propres Ă©lĂ©ments, peinant le plus souvent Ă les hiĂ©rarchiser. Un budget un peu limite niveau moyens de locomotion les seconds rĂŽles ConsĂ©quences de la tonalitĂ© trĂšs romantique d'un rĂ©cit qui ne s'occupe finalement que de Bond et de Madeleine les personnages secondaires sont quasiment tous accessoires, alors mĂȘme qu'ils Ă©taient trĂšs attendus. 007 les croise le temps de quelques scĂšnes avant de les abandonner Ă leur sort, les utilisant au mieux pour faire progresser le scĂ©nario, au pire pour multiplier les rĂ©fĂ©rences aux prĂ©cĂ©dents opus. On a dĂ©jĂ Ă©voquĂ© Ana de Armas, Ă©tincelante... dans sa seule scĂšne, et la 007 incarnĂ©e par Lashana Lynch, qui fait honneur Ă la stĂ©rilitĂ© des dĂ©bats qui ont accompagnĂ© son annonce. Elles ne sont pas les seules Ă traverser le film sans Ă©clat. Q a toujours Ă©tĂ© un personnage-fonction, malgrĂ© la trogne sympathique de Ben Whishaw, mais il est ici trĂšs vite intĂ©grĂ©, Ă©jectĂ© puis ramenĂ© dans l'intrigue, sans que l'Ă©criture n'approfondisse plus que ça son rapport Ă la hiĂ©rarchie et Ă la vie privĂ©e, pourtant intĂ©ressant. Plus largement, le MI6 sert surtout de passe-plat, entre une Moneypenny tout juste bonne Ă timidement soutenir l'agent et un Bill Tanner encore occupĂ© Ă remplacer le papier peint des locaux anglais. "Bon, on se fait chier quand mĂȘme" Passe encore cette bande de sous-fifres inutiles. Certains personnages sont purement et simplement gĂąchĂ©s, Ă l'instar de M, jusqu'ici le liant des aventures de 007. Bien qu'il soit Ă l'origine des soucis de la couronne, et malgrĂ© sa compĂ©tition avec la CIA, son rĂŽle n'est presque pas remis en question, si ce n'est lors du final, dans lequel il se contente de booster les enjeux de l'extĂ©rieur. Moins Ă©corchĂ© que dans Skyfall, loin de lĂ , il se mue rapidement en prĂ©texte. On peut en dire autant de la rencontre avec Felix et Logan. Ces deux-lĂ concentrent tous les problĂšmes de l'Ă©criture des rĂŽles secondaires dans Mourir peut attendre. Le premier porte la double casquette de renvoi aux Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents et de moteur Ă©motionnel rouillĂ©. ExploitĂ© pendant quelques scĂšnes, vecteur d'un homo-Ă©rotisme que la production n'assume mĂȘme pas, histoire de ne pas contrarier la distribution chinoise pas de doute, James Bond vit avec son temps, il n'est jamais assez intĂ©grĂ© Ă l'intrigue pour qu'on se prĂ©occupe de son sort. Il est lĂ , quoi Quant au deuxiĂšme, il a tout du traitre postiche, placĂ© lĂ par pure nĂ©cessitĂ© narrative. Encore une fois, son passage est trop fugace pour vĂ©ritablement faire passer sa trahison pour un retournement de situation. De mĂȘme que sa mort tient plus de l'exĂ©cution obligatoire que de la vengeance froide. Peut-ĂȘtre est-ce ce manque d'intĂ©rĂȘt portĂ© aux personnages secondaires qui donne aux aventures de l'espion un goĂ»t de rĂ©chauffĂ©. Le spectateur attend donc leur mort avec perplexitĂ©. D'oĂč le titre. Tout savoir sur Mourir peut attendre James Bond l'agent 007 va revenir dans une version complĂštement diffĂ©rente Cary Fukunaga, le rĂ©alisateur du dernier James Bond, accusĂ© d'abus de pouvoir par plusieurs femmes James Bond Mourir peut attendre Ă©tait "nĂ©cessaire" et les producteurs expliquent pourquoi Newsletter Ecranlarge Recevez chaque jour les news, critiques et dossiers essentiels d'Ăcran Large. Vous aimerez aussi
Le 25e Ă©pisode de la trĂšs longue histoire de James Bond, le super espion de Ian Fleming rĂ©serve beaucoup de surprises Le nouveau James Bond, oĂč Daniel Craig incarne pour la derniĂšre fois le haut hĂ©rault des services secrets britanniques est une vĂ©ritable fable Ă©pique. LâĂ©ternelle lutte contre le bien et le mal, les poursuites, les cascades, les dĂ©cors, les James Bond Girls, dont la belle Paloma. En somme, le rĂ©alisateur Cary Fukunaga coche toutes les cases dâun bon Ă©pisode et sert Ă merveille la saga lancĂ©e il y a presque soixante ans. Tout est lĂ , rĂ©ellement lĂ , y compris les clins dâĆil aux anciens Ă©pisodes â des Aston Martin Ă lâĂźle du Dr No â et mĂȘme la BO signĂ©e Hans Zimmer qui rappelle par certains accents les prĂ©cĂ©dents Ă©pisodes. Et tout cela est livrĂ© avec un panache extraordinaire, virtuose mĂȘme, malgrĂ© quelques passages un peu collants et inhabituels. Reste quâĂ un moment [alerte spoiler !] Craig sourit. Si, si. Lâexploit est là ⊠Entre autres, bien entendu, car sans chercher Ă dĂ©voiler quoi que ce soit, des exploits ici, il y en a un paquet, et pas seulement avec un aĂ©roplane digne de lâEspadon de Blake et Mortimer, ou encore un James Bond inhabituellement romantique â proche du Bond incarnĂ© par George Lazenby, dans Au service secret de sa MajestĂ© en 1969, un Bond sensible et mĂȘme un peu vieilli â limite aurait-il pu jouer dans Pauline Ă la plage â qui nâapporte rien Ă lâintrigue, pourtant extrĂȘmement bien ficelĂ©e. Comme Ă son habitude, le prĂ©-gĂ©nĂ©rique vaut Ă lui seul lâintĂ©gralitĂ© des films dâespionnage sortis cette annĂ©e et permet de mieux saisir lâhistoire de la personnalitĂ© trouble jouĂ©e par LĂ©a Seydoux, diaphane Ă son habitude, transparente diront certains. Les deux heures et quarante-cinq minutes du film passent Ă la vitesse de la lumiĂšre. © MGM Un James Bond pur jus Lâaxe de ce 25e Ă©pisode ? Un systĂšme de dĂ©fense biologique » appelĂ© HĂ©raclĂšs », financĂ© par M lâexcellent Ralph Fiennes est volĂ© par le scientifique vĂ©nal et peu scrupuleux qui lâa mis au point. Evidemment, il va disparaitre dans lâexplosion du laboratoire secret situĂ© en plein cĆur de Londres. Evidemment le MI6, les services secrets britanniques, refuse de rappeler Bond, qui coule une retraite paisible en JamaĂŻque. Il faut donc appeler le nouvel agent 007 fraĂźchement nommĂ©, ou plutĂŽt nouvelle agente, Nomi, jouĂ© par lâactrice britannique Lashana Lynch. Et de lĂ , passĂ© lâeffet de surprise, on les retrouve Ă Cuba sur les traces du fameux truc hyper dangereux qui va tuer toute la planĂšte ». LâĂ©tape cubaine nous fera rencontrer la trĂšs charmante Paloma â incarnĂ©e par lâactrice cubaine Ana de Armas. Evidemment, ça dĂ©gĂ©nĂšre en baston, Bond et ses amis sâen sortent de justesse⊠mais sâen sortent, ouf, mais on aura pris soin dâidentifier lâhomme de main Ă lâĆil zarbi quâon a entre-aperçu dans le prĂ©-gĂ©nĂ©rique. Et lâon en est mĂȘme pas Ă lâheure de jeu ! Plus simplement, le systĂšme Heracles » est interceptĂ© par les sbires du super-mĂ©ga mĂ©chant, lâeffrayant Blofeld fantastique Christoph Waltz pourtant enfermĂ© dans une prison pour super mĂ©chants, mais qui a rĂ©ussi Ă diriger ce nouveau plan diabolique depuis sa cellule dâultra haute sĂ©curitĂ©, limite elle flotte dans le vide, câest dire sâil est vraiment mauvais comme une teigne. Mais le nouveau mĂ©chant, le fort peu amĂšne Safin, jouĂ© par lâhallucinant Rami Malek, vient Ă point nommĂ©. Et lui en plus, il a vraiment une sale tĂȘte, mĂȘme Requin Ă cĂŽtĂ© fait plutĂŽt sympa. Vous lâavez compris, câest du James Bond pur jus, moins fin que Skyfall, le meilleur des Ă©pisodes avec Daniel Craig, mais Mourir peut attendre dĂ©pote, vous en mettra plein les yeux et vous assourdira dans sa version Dolby Atmos. Bref, Jason Bourne et Tom Cruise ont Ă nouveau du pain sur la planche. A un dĂ©tail prĂšs car mĂȘme si tout cela est irrĂ©aliste au plus haut degrĂ© ; lâintrigue est tellement bien ficelĂ©e et les rebondissements amenĂ©s avec gĂ©nie que les deux heures et quarante-cinq minutes du film passent Ă la vitesse de la lumiĂšre. Mourir peut attendre, de Cary Joji Fukunaga, Ă voir en salles dĂšs le mercredi 06 octobre 2021. Retrouvez toutes les sĂ©ances par ici. Belkacem Bahlouli
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